Cette mesure, présentée par le ministère de l’Intérieur comme un instrument de restauration de l’autorité de l’État face aux dérives du système d’immigration, vise à accélérer le renvoi de ressortissants étrangers condamnés, sans attendre qu’ils purgent leur peine dans les geôles britanniques.
Initialement limité à huit États, dont la Tanzanie, l’Estonie ou encore le Belize, ce dispositif inclut désormais quinze nouveaux partenaires : l’Angola, l’Australie, le Botswana, Brunei, la Bulgarie, le Canada, le Guyana, l’Inde, l’Indonésie, le Kenya, la Lettonie, le Liban, la Malaisie, l’Ouganda et la Zambie. Des négociations sont en cours avec d’autres pays afin d’élargir encore ce maillage.
Pour le Premier ministre Keir Starmer, dont l’exécutif travailliste a fait de la réduction de l’immigration légale comme irrégulière une priorité absolue, cette réforme répond à une exaspération croissante de l’opinion publique, alimentée par les succès électoraux de formations d’extrême droite.
« Pendant bien trop longtemps, des criminels étrangers ont exploité notre système en demeurant sur le sol britannique des mois, voire des années, au gré de procédures d’appel interminables. Cela doit cesser », a martelé la ministre de l’Intérieur, Yvette Cooper. L’argument économique n’est pas absent : selon les estimations officielles, une place de prison coûte en moyenne 54.000 livres sterling par an, soit plus de 62.000 euros.
En pratique, le sort des condamnés expulsés dépendra des accords bilatéraux : certains purgeront leur peine à l’étranger, d’autres recouvreront la liberté dès leur retour dans leur pays d’origine. Depuis l’arrivée au pouvoir des travaillistes, en juillet 2024, plus de 5.200 étrangers condamnés ont été renvoyés, soit une hausse de 14 % par rapport à l’année précédente.
Cette politique s’inscrit dans un contexte migratoire européen particulièrement délétère. Les routes maritimes et terrestres vers le Vieux Continent continuent de drainer un flux constant de migrants et de réfugiés, souvent pris en otage par des réseaux de passeurs qui exploitent la misère humaine pour s’enrichir.
Les plages du Pas-de-Calais, transformées en théâtre quotidien de départs clandestins vers les côtes anglaises, symbolisent l’impuissance chronique des dispositifs européens de contrôle. Malgré des opérations conjointes, des budgets considérables et des plans de « solidarité » sans cesse révisés, l’Union européenne peine à conjuguer sécurité des frontières et respect des engagements humanitaires, se heurtant à la fois aux divergences politiques internes et aux capacités limitées d’accueil.
Face à ce que Londres considère comme une faillite systémique de l’approche continentale, le Royaume-Uni a multiplié les initiatives unilatérales. Parmi elles, l’accord avec le Rwanda, destiné à relocaliser sur le sol rwandais certains demandeurs d’asile arrivés illégalement par voie maritime. Présenté par ses partisans comme une réponse innovante et dissuasive, ce partenariat a été critiqué par les ONG et contesté devant les juridictions britanniques et internationales pour ses implications en matière de droits humains.
En accélérant les expulsions de criminels étrangers et en cherchant des solutions « pérennes » hors des schémas traditionnels européens, Londres affiche sa volonté de reprendre la maîtrise de ses frontières et de réaffirmer la primauté de la souveraineté nationale sur les flux migratoires. Mais cette stratégie, si elle flatte une opinion lassée des promesses non tenues, pose aussi la question de la cohérence d’une politique migratoire isolée au sein d’un espace continental interdépendant, où aucun État ne peut durablement se prémunir des effets de crises qui, par nature, dépassent les frontières.

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