Dans un point de presse où chaque mot semblait frappé au coin du fer, flanqué de Patrick Muyaya, ministre de la communication, il a laissé entendre que la peine capitale pourrait être étendue à ceux qui détournent les richesses publiques.
Cette proclamation, drapée de justice exemplaire, prétend rétablir l’autorité de l’État. Constant Mutamba, homme de phrases tranchantes, a évoqué la naissance imminente d’un parquet financier, un tribunal du fer et du feu, chargé de traquer ces nouveaux Judas. Les états généraux de la justice, tels des oracles modernes, avaient murmuré cette recommandation, et voici qu’elle prend forme sous la houlette de cet homme résolu.
Les rues de Kinshasa, autrefois hantées par les "Kuluna" de l’ombre, portent aujourd’hui le témoignage d’un apaisement. Grâce aux opérations "Ndobo" et "Zéro Kuluna", menées de concert avec le ministère de l’Intérieur, le chaos semble reculer. Mais la justice de Mutamba ne se limite pas aux bandits des faubourgs ; elle s’attaque à ceux qui, sous le lustre des vestes, dérobent l’avenir d’une nation.
Des rumeurs et des réalités
La rumeur, perfide et insistante, a couru comme une rivière souterraine : 120 "Kuluna" auraient été exécutés, le ministre serait le bras armé d’une justice aveugle. Mais Mutamba, imperturbable, dément avec hauteur. Non, dit-il, ce ne sont point des exécutions, mais des transferts, des condamnés éloignés des tentacules de la corruption et des libérations clandestines.
Ces mots, lourds de promesses, portent un parfum de stratégie et de rédemption.
Des prisons comme nouveaux royaumes
Dans l’horizon de ses réformes, Constant Mutamba voit s’élever des citadelles carcérales. A Maluku, une prison centrale de 20 000 places verra le jour, une arche pour contenir les vagues de condamnés. D’autres structures suivront, érigées dans les provinces, comme des bastions de discipline et d’ordre. Déjà, grâce à une opération de désengorgement, les 16 000 âmes entassées à la prison centrale de Kinshasa se sont réduites à 8 000. Pavillons rénovés, repas garantis, voici les premières pierres d’un empire carcéral refaçonné.
Le poids d’une justice mortelle
Mais sous le vernis de ces réformes éclatantes, la peine capitale s’avance, spectre menaçant, glaive suspendu au-dessus de têtes humaines. La mort comme justice ? Que vaut l’autorité d’un État qui s’érige en juge ultime de la vie ? Cette mesure, vantée comme dissuasive, se heurte à la réalité : aucune preuve ne lie l’exécution de criminels à un recul durable de la corruption.
Et si la mort d’un coupable ne rendait pas l’argent volé ? Si elle ne bâtissait pas les écoles, les hôpitaux, les routes que ces fonds auraient dû financer ? L’ombre de l’erreur judiciaire plane, terrifiante. Dans un système gangrené par l’imperfection, combien d’innocents paieraient le prix ultime ?
Le chant trompeur du populisme
Sous l’éclat apparent de ces déclarations se cache un écho de populisme débridé. Les mots de Mutamba, acérés comme des poignards, caressent une opinion publique lassée par l’impunité. Mais ce chant est trompeur. Il évite les véritables questions : pourquoi le système judiciaire reste-t-il perméable à la corruption ? Où sont les réformes structurelles qui rendraient inutile la main lourde de l’État ?
Dans ce théâtre où le glaive se substitue à la plume, la justice se fait spectacle. Et si l’autorité de l’État ne résidait pas dans la peur, mais dans l’équité ? Si la grandeur d’une nation se mesurait non pas à la rigueur de ses punitions, mais à la profondeur de ses réformes ?
Ainsi s’élève la voix d’un peuple en quête de justice véritable, au-delà des ombres projetées par les feux d’artifice du pouvoir.
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