Ce n’est point dans le tumulte des voix dissidentes que réside le véritable péril, mais dans la chape opaque d’une omerta institutionnalisée, où l’on préfère l’étouffement des vérités à leur confrontation. Le mutisme volontaire de certains, érigé en stratégie de conservation du pouvoir, témoigne d’un malaise profond : celui d’une gouvernance déconnectée de ses principes régulateurs, incapable de se remettre en question, et tentée par la dérive autoritaire.
Ainsi, dans les couloirs feutrés du CSAC, la parole libre devient suspecte, la critique est assimilée à la sédition, et l’exigence d’éthique se heurte à l’armure d’un corporatisme crispé. Cette atmosphère viciée, où le silence est synonyme de loyauté, trahit la crise d’un organe qui, au lieu de réguler, vacille, emporté par ses propres contradictions.
En République Démocratique du Congo, les crises institutionnelles semblent se succéder à un rythme alarmant, chacune dissimulant dans ses replis les prémices d’un malaise plus profond, plus structurel.
Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), censé incarner une instance de régulation impartiale et un rempart républicain au service de la démocratie, se trouve aujourd’hui enlisé dans une tourmente inédite, à la fois politique, éthique et fonctionnelle.
La récente lettre ouverte du Haut Conseiller Jean-Pierre Eale Ikabe, soutenue par plusieurs de ses pairs, loin d’être une banale interpellation administrative, constitue un acte de rupture avec une certaine forme de gouvernance autocratique qui gangrène l’institution.
En guise de réponse, non point un dialogue constructif, mais une convocation disciplinaire teintée de règlements de comptes personnels : Jean-Pierre Eale, Serge Kabongo et Arthur Mayala sont désormais appelés à comparaître devant le Conseil national de discipline, sur dénonciation de Christian Bosembe, figure centrale d’un pouvoir interne de plus en plus contesté.
Sous la présidence de Jean-Claude Bukasa, ce tribunal interne s’apparente, non pas à une instance d’arbitrage équitable, mais à l’antichambre d’une chasse aux sorcières orchestrée avec une fébrilité inquiétante.
Plutôt que de s’atteler à une analyse lucide et sereine des causes objectives de la crise délitement de la collégialité, centralisation abusive, absence de vision stratégique, népotisme rampant l’on préfère déployer un arsenal répressif à l’encontre des voix dissidentes, dans l’espoir illusoire de museler la contestation par la menace.
Le président Bosembe, dont la gouvernance est de plus en plus perçue comme empreinte d’autoritarisme, de clientélisme maladroit et d’un amateurisme déconcertant, semble vaciller, non sous les coups d’un complot intérieur, mais sous le poids de ses propres errements.
A force de confondre institution et propriété privée, critique et insubordination, administration et cour de fidèles, il expose l’ensemble du CSAC à une perte de crédibilité irréversible.
Car le vrai danger ne réside pas dans la dissension, mais dans l’étouffement du débat, la dissimulation des failles et l’érosion progressive des principes fondateurs de cette institution d’appui à la démocratie. Ce que l’on tente de masquer sous les oripeaux de l’ordre disciplinaire, c’est une crise de légitimité qui, à défaut d’être reconnue, finira par éclater avec fracas.
Le CSAC mérite mieux que des querelles d’ego et des procès d’intention : il lui faut une refondation morale, une clarification de ses missions et une réhabilitation de sa fonction première garantir, dans l’espace médiatique, la libre circulation des idées dans le respect des droits fondamentaux. A défaut, il risque de s’enfoncer dans une opacité institutionnelle qui ne profitera qu’à ceux qui craignent la lumière.

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