Crise en RDC : Paul Kagame met en lumière l’implication de la Belgique

Redigé par IGIHE
Le 20 février 2025 à 11:09

Le Président Paul Kagame a exprimé son inquiétude face au fait que les pays européens ne disent pas la vérité sur la crise sécuritaire actuelle dans l’est de la République démocratique du Congo, pointant du doigt plus particulièrement le rôle de la Belgique dans l’instabilité régionale.

Dans une récente interview accordée à Jeune Afrique, le Président Kagame a fait remarquer que la Belgique a été un acteur clé dans l’alimentation de l’insécurité dans la région, mais qu’elle continue d’ignorer sa propre implication.

« Il y a un sérieux problème de malhonnêteté parmi ceux qui auraient dû aider à résoudre cette crise. Il y a des pays comme la Belgique qui ont une responsabilité historique et qui font partie de ce problème », a-t-il déclaré.

La Belgique, ancienne puissance coloniale au Rwanda, a joué un rôle important dans la définition des frontières du pays avec ses voisins.

Tout au long des années de conflit entre le groupe rebelle M23 et la coalition de l’armée congolaise, la Belgique s’est rangée du côté de la RDC au lieu de soutenir les négociations de paix. Elle a également ouvertement critiqué le Rwanda, l’accusant de soutenir le M23.

« Ils n’arrêtent pas de répéter la même chose, tout est de la faute du Rwanda. Comment peut-on résoudre un problème aussi complexe en blâmant les victimes ? » s’est interrogé Kagame.

Le Président Kagame a également critiqué d’autres nations européennes qui refusent de reconnaître leur implication, malgré la présence de mercenaires de leurs pays combattant dans l’est de la RDC.

« Vous savez tous qu’il y a des mercenaires venus d’Europe. Ces mercenaires ne viennent pas d’ailleurs, et pourtant aucun pays européen n’a jamais admis que ses ressortissants sont impliqués dans ce conflit. Ils parlent de tout le reste, mais n’abordent jamais ce fait », a-t-il ajouté.

Fin janvier 2025, plus de 280 mercenaires se sont rendus et ont été rapatriés dans leur pays via le Rwanda. Des rapports indiquent que depuis 2022, plus de 1 000 mercenaires étrangers combattent aux côtés de l’armée congolaise contre le M23 dans l’est de la RDC.

En raison de la position de la Belgique sur la question, le Rwanda a annoncé ce 18 février 2025 qu’il mettait fin à un accord de coopération avec la Belgique qui devait durer jusqu’en 2029.

Lors de la Conférence de Berlin, qui s’est tenue du 15 novembre 1884 au 26 février 1885 et qui a divisé l’Afrique entre les puissances européennes, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la Belgique étaient les principaux acteurs coloniaux en Afrique de l’Est. L’Allemagne a créé « l’Afrique orientale allemande », qui comprenait le Rwanda, le Burundi et le Tanganyika. La Belgique, quant à elle, contrôlait les territoires à l’ouest du Rwanda, tandis que la Grande-Bretagne colonisait l’Ouganda et le Kenya au nord.

Le 14 mai 1910, une réunion a eu lieu en Belgique pour résoudre un différend territorial entre les puissances coloniales. Elle comprenait des administrateurs belges au Congo, des dirigeants coloniaux allemands du Rwanda, du Burundi et du Tanganyika, ainsi que des fonctionnaires britanniques supervisant l’Ouganda et le Kenya.

À la suite de cette conférence, entre 1910 et 1912, de nouvelles frontières ont été tracées, utilisant des éléments naturels tels que les montagnes des Virunga, la rivière Akanyaru, la rivière Akagera et le lac Kivu comme démarcations. Cela a considérablement réduit le territoire du Rwanda.

Au total, 124 553 kilomètres carrés de terres rwandaises ont été annexés au Congo, y compris des parties du Sud-Kivu et du Nord-Kivu. 17 715 kilomètres carrés supplémentaires ont été incorporés à l’Ouganda. Cela a laissé au Rwanda une superficie beaucoup plus petite de 26 338 kilomètres carrés.

Contrairement aux Belges, qui cherchaient à étendre leurs colonies, les Allemands étaient moins préoccupés par les réductions territoriales, car leur principal intérêt était le développement économique dans les régions qu’ils contrôlaient.

Cette partition historique explique pourquoi de nombreux Rwandais vivent aujourd’hui dans les pays voisins. Leurs terres ancestrales ayant été prises par les puissances coloniales, ils continuent d’être marginalisés, malgré leurs liens profonds avec ces territoires.

Le Président Paul Kagame a exprimé son inquiétude face au fait que les pays européens ne disent pas la vérité sur la crise sécuritaire actuelle dans l’est de la RDC, notamment la Belgique.

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