Fin de la période de rétractation pour les États de l’AES

Redigé par Tite Gatabazi
Le 29 juillet 2025 à 05:53

Ce 29 juillet marque l’extinction formelle du délai de six mois accordé par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) aux pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) à savoir le Mali, le Niger et le Burkina Faso pour reconsidérer leur décision de retrait, annoncée solennellement en janvier dernier.

Cette période de rétractation, offerte sous l’égide de la « solidarité régionale », n’aura in fine été qu’une clause symbolique : les régimes militaires concernés, fidèles à leur posture de rupture, n’ont manifesté aucune intention de revenir sur leur désengagement, confirmé à maintes reprises tant dans le discours que dans les actes.

Toutefois, si l’intention politique semble arrêtée, les modalités juridiques et institutionnelles de cette séparation demeurent en suspens. Aucune convention de sortie n’a encore été entérinée entre les deux entités, ce qui laisse place à une situation d’entre-deux, juridiquement ambiguë et politiquement incertaine. L’ombre d’un divorce sans liquidation plane ainsi sur la scène régionale.

Un retrait dans douleur : les effets différés de la désaffiliation

En dépit de l’annonce fracassante de leur retrait, les citoyens maliens, nigériens et burkinabè n’ont jusqu’à présent guère perçu les répercussions concrètes de cette sortie. En vertu du statu quo institutionnel maintenu par la Cédéao dans l’attente d’un accord de sortie, les privilèges afférents au statut de membre restent en vigueur : libre circulation des personnes, validité des documents de voyage estampillés Cédéao, exonération des droits de douane sur les biens et services, etc.

Seuls les fonctionnaires originaires des pays dissidents employés au sein des institutions communautaires ont été officiellement révoqués, avec pour date butoir de départ le 30 septembre prochain. Le reste de la population continue, dans les faits, à bénéficier des avantages communautaires, dans une zone d’ombre juridique nourrie par la lenteur des négociations et le caractère inédit de la situation. En somme, la séparation est proclamée, mais non encore consommée.

Entre bras de fer diplomatique et recherche d’un modus vivendi

C’est à Bamako, en mai dernier, que s’est tenue la première session officielle de consultations entre la Cédéao et les représentants de l’AES, consacrant de facto une reconnaissance de l’approche unitaire voulue par les trois États sahéliens. Leurs ministres des Affaires étrangères ont ainsi pu s’entretenir avec le président de la Commission de la Cédéao, Omar Alieu Touray, dans une atmosphère qualifiée de « constructive », malgré l’ampleur du différend.

Les discussions ont abordé un large spectre de thématiques, allant des implications juridiques et institutionnelles du retrait, aux enjeux sécuritaires et de coopération dans la lutte contre le terrorisme, en passant par les aspects diplomatiques et économiques. À l’issue de ces échanges, un relevé de conclusions a été conjointement adopté, jetant les bases d’un futur cadre de négociation. Toutefois, la montagne reste entière, et les incertitudes nombreuses : nul ne saurait dire si ces pourparlers déboucheront sur un accord amiable ou s’ils annonceront une déchirure durable au sein de l’espace ouest-africain.

Ce 29 juillet marque la fin du délai de six mois accordé par la Cédéao au Mali, au Niger et au Burkina Faso pour reconsidérer leur retrait de l’organisation

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