Le 27 juillet 2025, en direct sur la RTNC, télévision nationale, le porte-parole des FARDC, General Sylvain Ekenge, a publiquement mis en garde les citoyens contre toute union matrimoniale avec des femmes Tutsi. Il ne s’agissait ni d’une rumeur, ni d’une manipulation propre aux réseaux sociaux : c’était un message d’État, diffusé à l’échelle du pays tout entier.
Or, selon des sources historiques abondamment documentées, les tristement célèbres « Dix commandements du Hutu » matrice idéologique ayant contribué au génocide contre les Tutsi en 1994 érigeaient déjà le mariage avec les Tutsi en trahison, et frappaient d’interdits les relations sociales, professionnelles et familiales avec une communauté spécifiquement désignée.
Lorsque le porte parole officiel de l’armée nationale congolaise reprend en substance une telle logique sur une chaîne d’État, l’implication est limpide : la frontière idéologique entre les FARDC et les FDLR s’estompe jusqu’à disparaître.
Peut-être cela ne vous concerne t il pas. Mais accordez une minute de réflexion au sort de milliers de civils banyamulenge tutsi demeurés à Uvira et dans diverses zones du Sud Kivu, laissés derrière eux par l’AFC/M23, désormais exposés à la merci d’une armée qui, publiquement, les stigmatise.
Cela ne commande t il pas, par définition, leur protection à l’instar de ce qui est désormais reconnu au Nord Kivu ?
Leur vie aurait elle moins de valeur ?
Le silence n’est jamais neutre. Les paroles proférées par une armée d’État ne sont pas inoffensives. Elles sont des avertissements. Et l’histoire observe.
« Quand ils vinrent pour les autres… » — l’injonction de la conscience
Un pasteur allemand, méditant sur les dérives totalitaires du XXᵉ siècle, confessa un jour que, lorsque l’on était venu arrêter tour à tour différentes catégories de personnes injustement désignées, les unes après les autres, il s’était tu, parce qu’il ne se sentait pas directement concerné. Mais lorsque, enfin, on vint le chercher lui même, il ne restait plus personne pour élever la voix et protester.
Cette leçon n’appartient pas au passé ; elle nous convoque, aujourd’hui, à une vigilance éthique indéfectible.
Contre le mutisme coupable et les indignations à géométrie variable
Face à l’inacceptable, le mutisme devient complicité morale. Le refus de nommer la stigmatisation, la déshumanisation et l’exclusion systémique prépare les catastrophes qu’ensuite l’on feindra de déplorer.
Nulle conscience véritable ne saurait s’accommoder d’indignations sélectives, promptes lorsqu’elles servent ses intérêts, silencieuses lorsqu’elles dérangent ses certitudes.
Il nous incombe de rappeler que toute vie humaine possède une égale dignité, qu’aucune communauté ne peut être vouée au soupçon permanent, et qu’aucune rhétorique d’État ne saurait légitimer la mise à l’écart ou l’hostilité institutionnalisée.
Parler en ce moment précis ne saurait être réduit à un simple acte d’audace ; il s’agit, bien au contraire, d’un impératif moral et civique, d’une obligation incontournable pour toute conscience humaine soucieuse de justice et de vérité.
Se dérober au devoir de dénonciation, garder le silence face à l’injustice manifeste et à la stigmatisation institutionnalisée, serait commettre une défaillance éthique lourde de conséquences, trahir la dignité de ceux qui sont exposés à l’oppression et renoncer à la responsabilité que chacun porte vis-à-vis de l’histoire et de l’avenir de sa communauté.














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