Cet accord, conclu avec l’implication majeure des États-Unis, prévoit que les opérations de neutralisation seront supervisées par un mécanisme conjoint de sécurité, connu sous le nom de ’JSCM’, qui devraient s’étendre sur une durée de 90 jours.
Les FDLR, mouvement armé créé il y a 25 ans par des responsables du génocide perpétré contre les Tutsi en 1994 au Rwanda, compte entre 7 000 et 10 000 combattants, selon le général de Brigade Ronald Rwivanga, porte-parole des Forces de défense du Rwanda (RDF).
Des doutes sur la volonté de Kinshasa
Malgré cet accord, certains observateurs doutent de la réelle volonté du gouvernement congolais de démanteler ce groupe, celui-ci ayant longtemps collaboré avec les FARDC, les forces burundaises et les milices Wazalendo contre la coalition AFC/M23.
Teddy Mazina, journaliste burundais et spécialiste des dynamiques régionales, souligne que les FDLR ne se limitent pas à l’est congolais. Selon lui, leurs combattants mènent également des activités à Bujumbura, notamment dans le commerce.
« D’après des informations recueillies, les FDLR seraient venues au secours du régime de Nkurunziza lors de la tentative de coup d’État avortée. Cette collaboration n’a jamais cessé. À Bujumbura, certains se présentent comme des civils mais appartiennent en réalité aux FDLR et vivent au Burundi depuis 2010. Ils possèdent de nombreux magasins, et l’argent qu’ils tirent du Congo se déverse au Burundi », a-t-il déclaré.
Des entraînements militaires signalés à Bujumbura
Le mois dernier, le groupe armé Twirwaneho a révélé que des milliers de combattants FDLR suivaient des entraînements militaire à Bujumbura avant d’être envoyés combattre aux côtés des FARDC et des Wazalendo. Leur objectif : exterminer les Banyamulenge dans la province du Sud-Kivu.
Le militant burundais Pacifique Nininahazwe, président de l’organisation FOCODE, a rappelé que les liens entre le gouvernement burundais et les FDLR remontent à plusieurs années. Il affirme avoir découvert pour la première fois cette collaboration en 2009, alors qu’il enquêtait sur l’assassinat d’Ernest Manirumva, assassiné alors qu’il menait des investigations sur des armes importées de Malaisie et non déposées dans les arsenaux officiels.
« Par la suite, des experts des Nations unies ont publié un rapport indiquant que ces armes avaient été achetées par le Burundi pour les FDLR. Le document mettait en évidence la relation existant entre le défunt général Adolphe Nshimirimana, le général Agricole Ntirampeba (actuellement ambassadeur à Kinshasa) et un autre militaire, avec les FDLR. Le rapport révélait que le Burundi fournissait ces armes aux FDLR, lesquelles, en retour, leur remettaient des minerais. », a-t-il expliqué.
Selon Nininahazwe, si le démantèlement devait aboutir dans l’est de la RDC, il est fort probable que ce groupe armé trouve refuge au Burundi, compte tenu des liens de longue date déjà établis.
« L’accord stipule clairement qu’il faut éradiquer les FDLR en RDC. Mais une fois qu’elles seront traquées et chassées de la RDC, où iront-elles ? Le Burundi collabore déjà avec les FDLR. Alors, puisqu’ils mènent ensemble des combats, qu’ils partagent des stratégies, est-ce que le Burundi acceptera de les combattre, ou bien choisira-t-il de les héberger, d’autant plus que leurs relations datent de longtemps ? », s’est-il interrogé.
Un constat partagé par Emmanuel Ndereyimana, porte-parole de la coalition Cfor-Arusha, qui milite pour le respect des Accords d’Arusha. Selon lui, le Burundi ne manquera pas d’accueillir les FDLR, au regard de l’ancienne coopération.
« « La décision qu’ils ont prise est de se replier vers le Burundi. De nombreuses informations selon lesquelles des Congolais ont acheté massivement des terrains au Burundi émergent. En réalité, ce sont des membres des FDLR arrivés avec des cartes d’électeur et des passeports congolais, ce qui leur ont permis de se faire passer pour des Congolais. », a-t-il affirmé.
Pour Teddy Mazina, la situation à Uvira, dans le Sud-Kivu, illustre parfaitement ce risque. Des combattants des FDLR y ont récemment mené des attaques contre les Banyamulenge, avant d’être défaits.
« Il n’y a rien d’étonnant à ce que, lorsque la guerre éclate à Uvira, les FDLR vaincus se replient tous au Burundi. Voilà le problème urgent auquel nous sommes confrontés… Uvira est encerclée, ils n’ont pas d’autre issue de fuite », a-t-il expliqué.
De son côté, Ndereyimana a averti que tant que le gouvernement burundais ne sera pas soumis à des pressions pour mettre fin à sa collaboration avec les FDLR, comme c’est désormais le cas du côté congolais, la sécurité régionale sera toujours menacée.
« Cette collaboration continuera d’alimenter des projets d’attaques contre le Rwanda », a-t-il conclu.

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