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Dr Monique Nsanzabaganwa : « L’Afrique doit avancer tout en préservant ses valeurs et son unité »

Redigé par Alain Bertrand Tunezerwe
Le 14 novembre 2024 à 12:13

Lors d’un entretien exclusif avec le journal IGIHE, le 10 novembre 2024, en marge de la première réunion des ministres africains des Affaires étrangères sur la coopération avec la Russie, Dr Monique Nsanzabaganwa, Vice-présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), a abordé les défis et les progrès de l’Afrique sur la scène internationale. Cette rencontre, tenue le week-end dernier à Sotchi, a réuni plus de 1 500 participants, dont 40 ministres des Affaires étrangères africains. Le Rwanda y était représenté par le ministre Olivier Nduhungirehe.

Dr Monique Nsanzabaganwa a mis en avant l’importance de renforcer les relations entre l’Afrique et la Russie lors de cette rencontre. "C’est comme rendre visite à un frère ou une amie pour examiner ensemble les progrès d’un projet commun", a-t-elle expliqué. Selon elle, la Russie reste un partenaire clé pour l’Afrique, notamment en raison de son soutien historique dans les luttes pour l’indépendance et contre l’apartheid. "Aujourd’hui encore, la Russie soutient les principes fondamentaux de l’Union africaine, tels que le respect de la souveraineté des Etats africains", a-t-elle ajouté.

Dr Nsanzabaganwa a également mis en lumière les nombreux domaines où la Russie joue un rôle crucial, de l’économie à la technologie en passant par les ressources naturelles. « La coopération avec la Russie est bénéfique pour l’Afrique, car elle contribue à diversifier nos partenariats et à renforcer notre position sur la scène internationale », a-t-elle déclaré.

Le sommet de Sotchi a permis aux responsables africains de discuter des défis actuels du continent, tels que l’impact de la pandémie de Covid-19, la sécurité et les tensions géopolitiques liées à la guerre en Ukraine. « Nous avons pris le temps d’analyser ces enjeux majeurs et d’examiner les solutions possibles pour aller de l’avant », a expliqué Dr Nsanzabaganwa.

Elle a également abordé des sujets comme l’espace, l’éducation et la lutte contre l’intolérance. Un accent particulier a été mis sur la nécessité de renforcer les échanges économiques et politiques et d’investir dans l’éducation pour assurer une coopération durable entre l’Afrique et ses partenaires internationaux.

Dans un monde de plus en plus polarisé entre les grandes puissances, Dr Nsanzabaganwa a réaffirmé que l’Afrique n’était pas contrainte de choisir entre l’Europe, les États-Unis, la Chine ou la Russie. « Nous avons fait savoir à ceux qui tentent de nous dicter notre orientation que cela n’est pas acceptable. Chaque pays africain est souverain et capable de définir ses propres intérêts », a-t-elle affirmé.

Elle a insisté sur l’importance pour l’Afrique de maintenir une position unifiée dans ses relations internationales. « Il est crucial que l’Afrique parle d’une seule voix et recherche des partenariats favorables à son développement, peu importe leur origine, tant qu’ils servent les intérêts du continent », a ajouté la Vice-présidente de la Commission de l’UA.

Concernant les relations entre l’Afrique et la Russie, Dr Nsanzabaganwa a affirmé que ces liens ne posaient aucun problème, soulignant que la Russie, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, soutient les positions africaines dans les forums internationaux. « Nous avons tout à fait le droit de dialoguer avec eux. Nos relations sont légitimes et visent à défendre nos intérêts communs », a-t-elle déclaré.

L’Afrique continue de revendiquer une plus grande représentation au sein des institutions internationales, notamment au Conseil de sécurité de l’ONU. Dr Nsanzabaganwa a rappelé que le continent lutte depuis des années pour obtenir deux sièges permanents au Conseil, dont un avec droit de veto. « Bien que cet objectif ne soit pas encore atteint, nous restons déterminés à obtenir un soutien international pour cette cause, car cela bénéficierait à tous », a-t-elle souligné.

En ce qui concerne le lancement de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), des progrès significatifs ont été réalisés. Dr Nsanzabaganwa a précisé que des mesures avaient été mises en place pour faciliter les paiements intra-africains et réduire la dépendance au dollar américain. « En cinq ans, plus de 30 pays ont déjà rejoint ce projet pilote », a-t-elle indiqué, ajoutant que la ZLECAf représente un tournant majeur pour l’intégration économique du continent.

À propos du projet de passeport commun africain, Dr Nsanzabaganwa a reconnu des avancées, tout en soulignant les défis persistants. « Les lois ont été adoptées, mais la mise en œuvre reste en suspens dans certains pays », a-t-elle expliqué. Elle a précisé que le passeport africain sera délivré par les États membres, sur la base d’accords bilatéraux, et non par l’Union africaine elle-même.

Dr Monique Nsanzabaganwa a exprimé sa fierté d’occuper le poste de Vice-présidente de la Commission de l’UA. « C’est un grand honneur, non seulement pour moi, mais aussi pour mon pays, le Rwanda. Cela reflète la reconnaissance des capacités du Rwanda et de son rôle dans les réformes de l’Union africaine », a-t-elle affirmé.

Elle a conclu en réitérant son espoir d’une Afrique unie et prospère, où des valeurs telles que la solidarité, la paix et l’intégrité restent au cœur des priorités. « Nous devons œuvrer ensemble pour bâtir une Afrique plus forte, plus solidaire et fidèle à ses valeurs », a-t-elle conclu.

« Nous avons dit à ceux qui veulent nous dicter notre orientation que cela n’est pas acceptable. Chaque pays africain est souverain et capable de discerner ses propres intérêts », a déclaré Dr Monique Nsanzabaganwa.
Dr Monique Nsanzabaganwa, Vice-présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), a évoqué les défis et les avancées de l’Afrique sur la scène internationale.

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