Entre déni congolais et quête fragile d’un compromis

Redigé par Tite Gatabazi
Le 18 août 2025 à 01:04

Il est éminemment pénible de s’asseoir à la table de négociations avec un gouvernement qui, loin de masquer ses intentions, affiche une mauvaise foi presque institutionnalisée. Kinshasa, retranchée dans un déni obstiné des réalités du terrain, persiste à se draper dans une posture victimaire, alors même que les faits militaires l’ont accablée d’une cuisante défaite.

Le pouvoir congolais, après avoir enrôlé des mercenaires à prix d’or, pactisé avec les milices génocidaires des FDLR et sollicité l’appoint des forces burundaises ainsi que de la SADC, n’a récolté qu’une déroute massive et désordonnée, infligée à la face du monde. À cette débâcle militaire est venue s’ajouter l’absence d’un outil diplomatique crédible, laissant le régime s’enliser dans l’improvisation et l’isolement.

C’est dans ce contexte chaotique que s’inscrit l’initiative qatarie. Doha, patiemment, poursuit ses efforts de médiation et a récemment transmis aux deux protagonistes, le gouvernement congolais et le mouvement rebelle AFC/M23 un projet d’accord de paix censé ouvrir la voie à un nouveau cycle de négociations.

Cette séquence s’inscrit dans le prolongement de la déclaration de principes paraphée le 19 juillet dernier, dans laquelle les deux parties s’engageaient solennellement à conclure un accord définitif au plus tard le 18 août. L’échéance est désormais échue sans qu’un texte n’ait été signé, mais le Qatar affirme avoir recueilli des signaux positifs de part et d’autre, chacun exprimant sa volonté de poursuivre les pourparlers.

Un haut responsable qatari, impliqué dans ce processus délicat, a souligné que les difficultés demeuraient nombreuses sur le terrain mais que la détermination du médiateur restait intacte. L’ambition est claire : arracher aux antagonistes une convergence, non plus de façade mais de fond, afin que cesse une guerre qui a déjà produit un lourd tribut humanitaire.

Depuis la reprise des armes par le M23 à la fin de l’année 2021, le mouvement a conquis de larges pans de territoire dans l’Est congolais.

La tension a franchi un nouveau seuil au début de l’année, lorsque les rebelles se sont emparés des villes stratégiques de Goma et de Bukavu, y installant leurs propres administrations. Cette avancée fulgurante a mis à nu l’impuissance structurelle de l’État congolais et fait planer le spectre d’un basculement durable.

Dans ce climat de fractures béantes et de suspicions réciproques, Doha s’efforce d’imposer l’idée d’un compromis. Mais la question cruciale demeure : face à un pouvoir congolais prisonnier de ses contradictions et à une rébellion qui, par la force des armes, a su créer un rapport de domination inédit, existe-t-il encore un espace de négociation sincère, ou n’assiste-t-on qu’à une mise en scène diplomatique vouée à différer l’inévitable ?

Il est éminemment pénible de s’asseoir à la table de négociations avec un gouvernement qui, loin de masquer ses intentions, affiche une mauvaise foi

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