Joseph Kabila signe son grand retour par l’Est de la RDC

Redigé par Tite Gatabazi
Le 9 avril 2025 à 12:22

Un véritable séisme politique secoue la République Démocratique du Congo depuis l’annonce, aussi sobre que fracassante, du retour imminent de Joseph Kabila sur la scène nationale.

Après une longue traversée du silence et une année d’exil consenti, l’ancien président et sénateur à vie renoue avec la terre natale par sa façade orientale, dans un geste à la fois symbolique et hautement stratégique.

Cette réapparition, que d’aucuns qualifient déjà de résurgence, réveille des équilibres politiques précaires et suscite une onde de choc jusqu’aux plus hauts sommets du pouvoir en place. Dans un contexte d’implosion démocratique, où l’autoritarisme se dissimule derrière les oripeaux de la légalité institutionnelle, ce retour cristallise à la fois l’espoir d’un rééquilibrage et la crainte d’une reconfiguration des rapports de force.

Plus qu’un simple come-back, il s’agit d’un acte politique mûrement réfléchi, porteur d’une volonté manifeste de peser de nouveau sur le destin d’un pays en quête de stabilité, de justice et de souveraineté retrouvée.

Après six années d’un silence quasi monacal et une année d’exil volontaire, l’ancien président de la République démocratique du Congo, aujourd’hui sénateur à vie, Joseph Kabila Kabange, brise enfin le mutisme qui lui était devenu presque légendaire.

Dans une rare prise de parole accordée à Jeune Afrique, il déclare sobrement : « J’ai pris la résolution de rentrer sans délai au pays afin de contribuer à la recherche de la solution ». Une formule concise, certes, mais lourde de sens, révélant la volonté ferme d’un homme dont le silence avait fini par nourrir les spéculations les plus diverses.

Le retour du « Raïs », comme l’appellent ses partisans, s’opère par l’Est du pays « sa partie orientale », selon ses propres termes, une allusion géopolitique d’autant plus significative qu’elle n’est pas précisée.

C’est là, à Goma, ville emblématique et stratégique, que l’ancien chef de l’État aurait choisi de poser ses valises, selon les confidences d’Olivier Kamitatu, proche collaborateur de Moïse Katumbi, avec qui Kabila se serait récemment entretenu à Addis-Abeba.

Ce choix géographique ne relève en rien du hasard. Il constitue un acte politique majeur, une déclaration silencieuse mais retentissante : la résolution des crises qui gangrènent la RDC ne saurait dépendre exclusivement de l’influence des puissances étrangères ou d’un pouvoir central déliquescent. La solution, selon Kamitatu, doit émerger du terreau même de la nation, dans un sursaut de souveraineté et de responsabilité collective.

Cette réapparition de Joseph Kabila sur la scène politique nationale survient dans un contexte particulièrement tendu, marqué par une recrudescence des atteintes aux libertés fondamentales, une instrumentalisation préoccupante de l’appareil judiciaire et un climat d’intimidation à l’encontre des opposants au régime en place.

Il convient de rappeler que l’ancien président a, durant son retrait, subi nombre de provocations et de persécutions : sa propre épouse a été agressée à deux reprises à son domicile par des membres de la « Force du Progrès » affiliée à l’UDPS, tandis que le musée dédié à la mémoire de son père, Mzee Laurent-Désiré Kabila, a été vandalisé dans l’indifférence des autorités.

Ses proches ont, eux aussi, payé un lourd tribut à cette hostilité rampante. Pourtant, malgré ces attaques répétées et une campagne de diabolisation orchestrée par les cercles proches de l’actuel président Félix Tshisekedi, Joseph Kabila n’a jamais répondu publiquement aux accusations souvent proférées à son encontre, et dont la vacuité n’a cessé de se confirmer par l’absence manifeste de preuves.

Son retour, dans ce contexte de tensions politiques exacerbées, risque fort de provoquer des sueurs froides au sein du pouvoir en place, tant il symbolise un possible rééquilibrage des forces. Il pourrait également ouvrir la voie à d’autres figures de l’opposition, contraintes à l’exil ou muselées par une justice aux ordres.

A ce jour, les autorités de Kinshasa s’entêtent à refuser le renouvellement des passeports de Moïse Katumbi et d’autres personnalités politiques, une violation manifeste du droit fondamental à la libre circulation.

La situation dans la capitale, quant à elle, se dégrade de manière inquiétante : les arrestations arbitraires se multiplient, les intimidations deviennent monnaie courante, et la démocratie congolaise, déjà vacillante, chancelle davantage sous le poids d’une gouvernance autoritaire et d’un pouvoir de plus en plus contesté.

Le choix de Joseph Kabila de s’établir dans l’Est une région à la fois symbole de souffrance et bastion de résistance ne constitue pas seulement un retour géographique. C’est une posture stratégique, une manière de proclamer que l’avenir du Congo ne se joue plus uniquement dans les salons feutrés de Kinshasa ou sous les ors des palais présidentiels, mais bien dans les régions oubliées, meurtries et pourtant résolument debout.

Par cet acte, l’ancien président invite, sans un mot de trop, à une profonde introspection nationale. Il incarne la possibilité d’une recomposition politique fondée non sur la revanche, mais sur la restauration de l’équilibre démocratique.

Et peut-être, à travers cette démarche, ouvre-t-il une brèche dans laquelle d’autres voix, aujourd’hui réduites au silence, pourront s’engouffrer pour bâtir, ensemble, une RDC réconciliée avec elle-même.

Un véritable séisme politique secoue la République Démocratique du Congo depuis l’annonce, aussi sobre que fracassante, du retour imminent de Joseph Kabila sur la scène nationale

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