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L’Algérie, matrice du panafricanisme révolutionnaire

Redigé par Tite Gatabazi
Le 30 août 2025 à 12:38

Le nouvel ambassadeur du Rwanda en Algérie, Vincent Karega, prend ses fonctions dans une terre auréolée d’un héritage panafricaniste singulier, forgé dans le feu des luttes de libération et nourri par une tradition de solidarité agissante envers les peuples opprimés.

L’Algérie indépendante, née dans la douleur des maquis et consacrée par l’héroïsme de son peuple en 1962, s’est immédiatement imposée comme une citadelle du panafricanisme militant et comme un foyer incandescent du soutien aux luttes d’émancipation sur le continent africain.

Ayant arraché son indépendance au prix d’un sacrifice incommensurable, elle se fit le relais des aspirations des nations encore asservies, considérant que sa souveraineté ne trouvait son plein sens que dans l’extension de la liberté aux peuples frères.

Dès les premières années de son existence républicaine, Alger devint la capitale des mouvements de libération africaine, accueillant en son sein les représentants des guérillas, les exilés politiques et les figures emblématiques des combats anticolonialistes.

Ainsi, le Front de libération du Mozambique (FRELIMO), le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) ou encore le Front Polisario du Sahara occidental y trouvèrent non seulement refuge, mais également une plateforme diplomatique et logistique.
Le Congrès national africain (ANC) d’Afrique du Sud, dirigé par Oliver Tambo et soutenu par Nelson Mandela avant son incarcération, y établit un bureau officiel, bénéficiant de la solidarité matérielle et morale de l’État algérien.

Le soutien de l’Algérie ne se limita pas à une simple hospitalité. Il fut multiforme : formations militaires dispensées dans ses académies, assistance financière destinée à l’acquisition d’armes, campagnes diplomatiques inlassables menées auprès de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et des Nations unies. En cela, Alger se fit non seulement la conscience politique du continent, mais également le bras opérationnel de son émancipation.

Le président Houari Boumédiène érigea cette mission en doctrine d’État, affirmant que la liberté de l’Algérie demeurerait inachevée tant que persisteraient les bastions du colonialisme et de l’apartheid.

Cette vocation panafricaniste ne s’éteignit pas avec les indépendances. Elle trouva un prolongement institutionnel dans les initiatives continentales du tournant du millénaire. L’Algérie, aux côtés de l’Afrique du Sud de Thabo Mbeki, du Sénégal et du Rwanda, fut membre fondateur du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD), porté en 2001 comme un instrument de renaissance africaine, conciliant modernisation économique, gouvernance démocratique et solidarité interétatique. Ce geste confirmait qu’Alger, au-delà de son rôle révolutionnaire, demeurait un acteur central dans la construction d’une architecture politique et économique panafricaine.

La portée symbolique de cette solidarité, ancienne et contemporaine, fut immense : en offrant ses tribunes et ses canaux diplomatiques, Alger éleva les causes africaines au rang de questions universelles. L’appui à l’ANC contribua à l’isolement international du régime d’apartheid sud-africain ; le soutien au MPLA et au FRELIMO accéléra l’effondrement des derniers bastions portugais en Afrique australe ; et l’appui constant au peuple sahraoui fit de l’Algérie l’un des plus fervents défenseurs du droit à l’autodétermination.

Ainsi, au-delà de sa propre histoire de résistance, l’Algérie s’érigea en incarnation d’un panafricanisme actif, où le souvenir des martyrs de la Casbah et des djebels trouva un prolongement naturel dans la fraternité armée et diplomatique avec les combattants de Lusaka, de Maputo ou de Luanda.

Aujourd’hui, la mission confiée à Vincent Karega s’inscrit dans ce sillage historique : elle scelle la rencontre de deux nations marquées par la mémoire des luttes et unies dans la volonté de renforcer un panafricanisme moderne, conjuguant héritage révolutionnaire et vision de développement.

Le nouvel ambassadeur du Rwanda en Algérie, Vincent Karega, prend ses fonctions dans une terre auréolée d’un héritage panafricaniste singulier

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