L’histoire, dans sa rigueur implacable, se plaît à déjouer les certitudes les mieux établies, infligeant aux analystes et aux stratèges une leçon aussi brutale qu’inattendue. Goma, aujourd’hui, en est le théâtre désolant.
Là où les grands esprits prophétisaient la défaite irrévocable de l’AFC/M23, ces derniers apparaissent non pas comme des vaincus soumis, mais comme des acteurs que les aléas de l’histoire semblent momentanément favoriser. Les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et leurs alliés, longtemps auréolés de la légitimité institutionnelle, se trouvent à présent dans une posture de recul, comme si l’ordre des choses avait été impitoyablement inversé.
Ce renversement saisissant témoigne d’une ironie historique aux accents tragiques, où les pronostics des experts se heurtent à une réalité imprévisible, confondant les lectures classiques des rapports de force. Goma devient ainsi le symbole de cette incertitude, un rappel cruel que l’histoire, en démentant les logiques dominantes, n’épargne ni les puissants ni les savants.
Le sol de cette ville, chargé de douleur et de conflits, incarne une fois encore cette dynamique où l’ordre espéré s’efface devant le chaos, où l’espoir d’une paix ordonnée cède la place à une guerre qui redessine ses contours.
Ce processus, mené en collaboration avec la MONUSCO, marque une étape singulière dans la lutte pour la stabilisation de cette région meurtrie par des décennies de conflits et de violences. Ce fait inédit résonne comme un témoignage de la capacité de l’AFC/M23 à imposer ses exigences et à influencer les dynamiques politiques et sécuritaires du pays.
Pour eux, le combat ne s’arrête pas à la prise de contrôle des territoires. Loin des accusations de conquête territoriale, le mouvement affirme agir pour garantir la protection des civils, souvent pris au piège des affrontements entre différentes forces armées. A leurs yeux, les droits fondamentaux de chaque citoyen congolais, droit à la vie, à la sécurité, et à la dignité, sont inaliénables. La libération de Goma, selon leur vision, constitue une victoire non pas pour une faction, mais pour les populations opprimées.
Cependant, il serait réducteur de ne voir dans cette détermination qu’un simple défi militaire. L’AFC/M23 se positionne comme un acteur politique, dénonçant les injustices systémiques et appelant à des réformes profondes. Leurs revendications dépassent les considérations ethniques ou régionales : elles portent sur une refondation de l’État congolais au travers d’un dialogue politique qui analyse les causes profondes des crises, pour qu’il réponde véritablement aux aspirations de ses citoyens.
Dans les méandres obscurs de l’histoire, où l’humanité vacille entre tragédie et espoir, l’AFC/M23 acteur souvent honni et redouté, ose aujourd’hui se présenter comme l’héraut d’une promesse fragile : celle d’un jour nouveau.
Cette posture, qui tranche avec les stigmates d’un passé marqué par les empruntes des armes, interroge autant qu’elle intrigue. En proclamant que l’aube finit toujours par poindre, quelle que soit la longueur de la nuit, le mouvement semble invoquer une philosophie intemporelle, une résilience qui transcende les cycles de violence pour offrir l’idée, presque audacieuse, d’un Congo enfin réconcilié avec lui-même.
Toutefois, l’histoire, arbitre implacable des destins, n’accorde de crédit qu’aux actes qui résistent à l’érosion du temps. Ce jour promis, porteur de paix et de sérénité, doit encore se hisser au-delà des rhétoriques pour imprégner durablement le sol meurtri du Congo. L’aube, aussi éclatante soit-elle, peut-elle dissiper les ténèbres d’une nuit chargée de rancunes, d’injustices et de trahisons ?
A Goma, comme dans l’ensemble de cette région tourmentée, les plaies de l’histoire attendent non seulement des paroles, mais des gestes capables de transcender les conflits. Si le jour doit venir, il ne saurait se limiter à l’apparition timide d’une lueur, mais bien à une transformation profonde et durable, témoin d’un véritable renouveau.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Ne vous eloignez pas du sujet de discussion; Les insultes,difamations,publicité et ségregations de tous genres ne sont pas tolerées Si vous souhaitez suivre le cours des discussions en cours fournissez une addresse email valide.
Votre commentaire apparaitra apre`s moderation par l'équipe d' IGIHE.com En cas de non respect d'une ou plusieurs des regles d'utilisation si dessus, le commentaire sera supprimer. Merci!