Ce qui se profile est d’une gravité autrement supérieure : l’adhésion progressive à une idéologie explicitement anti-Tutsi par certaines composantes de l’UDPS, à travers des alliances sciemment nouées avec des mouvements notoirement engagés dans la diffusion d’un discours de haine et d’exclusion.
C’est dans ce cadre qu’il convient de rappeler que, dans l’entourage immédiat du président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, se sont trouvées des figures dont l’extrémisme ne prête guère à discussion.
Sur la photo dans son bureau, a sa gauche, sur un cliché désormais célèbre, apparaît Mbitsemunda Habyarimana Jean-Claude, devenu Jules Mulumba, secrétaire général et porte-parole du groupe armé CMC Nyatura, intégré à la coalition dite Wazalendo.
Cette formation, composée en grande partie de jeunes extrémistes hutu congolais, est issue de l’initiative du lieutenant-général Sylvestre Mudacumura, ancien commandant des FDLR : congolaise dans sa forme, elle partage néanmoins l’idéologie fondatrice de ces dernières. Le CMC Nyatura s’impose ainsi comme l’aile juvénile d’un courant idéologique déjà ancien et solidement structuré.
Jules Mulumba s’est d’ailleurs illustré par des prises de parole répétées visant directement les Tutsi congolais et, plus largement, ceux qu’il désigne sous l’appellation de « Hima » dans la région.
Dans une interpellation adressée au président burundais Évariste Ndayishimiye, il est allé jusqu’à soutenir que le Rwanda aurait, selon lui, « tué » quatre chefs d’État : Juvénal Habyarimana, Cyprien Ntaryamira, Laurent-Désiré Kabila et Melchior Ndadaye, assassiné en 1993. Ce type de rhétorique, qui amalgame les peuples et les dirigeants, révèle que lorsque ces acteurs invoquent le « Rwanda », c’est en réalité la personne du Président Kagame qu’ils visent.
A sa droite figure Ndangendange, porte-parole de l’APCLS de Janvier Karahiri, dont l’hostilité aux Tutsi n’est nullement dissimulée. Son nom apparaît dans des rapports des Nations unies comme ayant participé à la réunion de Pinga aux côtés des FDLR.
Les violences dirigées contre des populations tutsi notamment l’incendie de plus de trois cents habitations à Nturo sont attribuées à l’APCLS, au CMC Nyatura et au NDC-Rénové, en collaboration avec les FDLR.
De même, les destructions massives de cheptels tutsi à Shangi, Burungu, Kilolirwe et Kitchanga, avant la prise de ces zones par le M23, sont imputées aux mêmes acteurs opérant sous l’étiquette Wazalendo. Ces faits attestent la convergence d’actions à la fois idéologiques et militaires.
Ce climat délétère s’observe également dans l’espace médiatique. Sur le plateau du média, @congobuzz_tv, un cadre de l’UDPS, José Mbenza, invité à l’émission, s’est permis de qualifier les Tutsi de « sanguinaires ».
Par ailleurs, Jules Mulumba intervient régulièrement au nom et pour le compte de l’UDPS ; des communicateurs attitrés du chef de l’État sont reçus ostensiblement au palais ; des émissions sont produites et diffusées à la RTNC, notamment avec Yves Abdallah.
A aucun moment, ces dérives n’ont donné lieu à de véritables poursuites judiciaires, ni même à des démentis officiels. Le ministre de la Communication, Patrick Muyaya, s’est lui-même affiché publiquement aux côtés de personnes connues pour relayer des propos hostiles aux Tutsi, sans que cela ne suscite la désapprobation institutionnelle attendue.
Dans cette perspective, la suspension du major-général Sylvain Ekenge apparaît moins comme une décision de fond que comme une mesure essentiellement cosmétique, destinée à rassurer une communauté internationale manifestement préoccupée. Le mal est plus profond : il s’enracine au sommet de l’État, là où le discours public et certaines fréquentations politiques laissent percevoir une tolérance, sinon une complaisance à l’égard d’idéologies dangereuses.
Cette séquence résonne avec l’histoire des idéologues du génocide contre les tutsi. Elle rappelle l’exfiltration, par le président Juvénal Habyarimana, de Léon Mugesera après son discours incendiaire prononcé à Kabaya en novembre 1992, tandis que le même régime favorisait la création de la milice tristement célèbre des Interahamwe, déjà impliquée dans des massacres visant des Tutsi à Kibilira, Mukingo, Murambi, Bugesera et ailleurs dans le pays.
L’histoire enseigne que les signaux que l’on feint d’ignorer, discours haineux, alliances douteuses, banalisation de la stigmatisation constituent souvent les prodromes de tragédies plus vastes.
Dès lors, l’enjeu central ne réside pas dans une sanction individuelle, fût-elle spectaculaire, mais dans un choix politique décisif : persister dans des alliances et des rhétoriques qui banalisent l’idéologie d’extermination, ou rompre clairement avec ces dérives.
C’est là que se situe la véritable responsabilité et que se joue l’avenir d’un État qui ne saurait durablement se construire sur la désignation d’une partie de ses citoyens comme boucs émissaires.














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