Que le ministre belge des Affaires étrangères ose aujourd’hui prétendre que son pays ambitionne de jouer un rôle stabilisateur dans les crises chroniques de la région des Grands Lacs n’est pas seulement une contre-vérité politique : c’est une insulte à la mémoire, un travestissement de l’Histoire, et une offense manifeste aux peuples meurtris par les déflagrations qu’alimente encore, activement, la Belgique à ce jour.
Point n’est besoin d’analyses spéculatives : les faits suffisent, impérieux, glaçants. La Belgique ne fut pas simplement un acteur historique dans la genèse des fractures ethniques et des logiques d’exploitation en Afrique centrale ; elle en fut l’architecte cynique, le maître d’œuvre impitoyable, et demeure aujourd’hui, dans les coulisses feutrées de la diplomatie européenne, un instigateur sournois des désordres qui ravagent l’Est de la République démocratique du Congo.
Car derrière le voile des intentions humanitaires, derrière le masque compassé du médiateur européen, se dessine l’empreinte ancienne et persistante d’une puissance qui n’a jamais abdiqué son emprise. La gestion coloniale belge, scindée entre brutalité instrumentale et divisions identitaires calculées, a non seulement semé les germes du génocide contre les tutsi de 1994, mais elle continue de distiller ses poisons à travers le soutien implicite ou tacite aux FDLR, ces milices criminelles formées dans les décombres du génocide, et toujours actives, toujours destructrices, sur le sol congolais.
La Belgique, par une hypocrisie diplomatique aussi constante qu’indécente, s’emploie à minimiser la menace existentielle que représentent ces forces, tout en orchestrant, via des relais européens, une campagne de dénigrement systématique contre le Rwanda.
Les génocidaires d’hier deviennent les « rebelles » d’aujourd’hui ; leurs crimes sont effacés par une rhétorique humanitaire creuse, pendant que Kigali est sommé de justifier sa présence là où Bruxelles entretient l’ambiguïté.
Il faut ici dénoncer l’arrogance inamovible d’une Belgique qui considère encore la RDC comme un territoire d’influence stratégique, sinon une chasse gardée économique. A Kinshasa, la souveraineté n’est qu’apparente ; les décisions les plus décisives sont ourdies dans les salons ministériels de Bruxelles.
Lobbying, pressions économiques, nominations téléguidées : autant d’instruments de contrôle postcolonial qui pérennisent la dépendance, brident l’émancipation politique et garantissent l’accès aux ressources pour des intérêts occidentaux soigneusement masqués.
Pire encore, l’Union européenne, abusée par la posture d’« expertise » belge dans les affaires des Grands Lacs, se laisse dicter une ligne politique gravement asymétrique. Loin d’être une instance impartiale, Bruxelles impose à l’Europe une lecture partiale, où les bourreaux deviennent victimes et les voix qui s’élèvent contre les persécutions ethniques sont disqualifiées comme fauteurs de troubles.
L’inversion des responsabilités devient doctrine. Et dans ce renversement cynique, les populations congolaises continuent de payer le prix fort d’un conflit entretenu pour des dividendes miniers et des équilibres géopolitiques dictés depuis le Nord.
L’heure n’est plus à la bienséance diplomatique. Il est temps de nommer les choses : la Belgique, par son héritage non assumé, sa politique étrangère biaisée et son influence délétère au sein de l’Union européenne, constitue un facteur d’instabilité majeur dans la région des Grands Lacs.
Toute prétention à la neutralité ou à la pacification ne saurait masquer la réalité d’un engagement vicié, fondé sur des logiques de domination historique et de manipulation stratégique.
L’Histoire réclame justice, non falsification. La stabilité véritable ne se construira pas sur les ruines d’un passé nié ni sur les artifices d’un présent travesti. Les peuples de la région méritent la vérité, la fin de l’ingérence, et la pleine reconnaissance de la responsabilité belge dans la perpétuation du chaos.

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