La France refuse de demeurer le sanctuaire pour génocidaire

Redigé par Tite Gatabazi
Le 3 mars 2025 à 04:57

Fidèle à son impératif moral et juridique de lutte contre l’impunité, la France, refusant d’être un sanctuaire pour les instigateurs et exécutants de crimes d’une incommensurable abjection, s’emploie avec une rigueur inflexible à poursuivre les individus soupçonnés d’avoir pris part au génocide des Tutsi au Rwanda en 1994.

Mue par une inébranlable exigence de justice et une inextinguible quête de vérité, elle érige en dogme l’irréfragable nécessité de traduire en justice les artisans de l’horreur, affirmant ainsi, avec hauteur et constance, son attachement aux principes fondamentaux du droit et de la dignité humaine face aux ténèbres de l’Histoire.

C’est dans ce cadre que la justice française a procédé, ce vendredi 28 février, à la mise en examen d’un ancien doyen de la faculté de médecine de Butare, au Rwanda, pour génocide, crimes contre l’humanité et entente en vue de la commission de ces infractions.

Agé de 74 ans, Alphonse K., établi en France depuis vingt-cinq ans, a été placé sous contrôle judiciaire. Il lui est reproché d’avoir joué un rôle actif dans l’extermination systématique des tutsi au sein de l’ancienne préfecture de Butare, contribuant ainsi à l’accomplissement du projet criminel qui a endeuillé le Rwanda.

Une mise en cause nourrie par des éléments judiciaires antérieurs

L’ouverture de cette information judiciaire, en date du 13 novembre dernier, résulte d’éléments apparus lors des procès de deux autres médecins rwandais jugés à Paris. Il s’agit d’Eugène Rwamucyo, ancien enseignant à l’université de Butare, condamné en octobre dernier à 27 ans de réclusion criminelle, et de Sosthène Munyemana, également médecin, condamné en 2023 à une peine de 24 ans de réclusion criminelle.

Les éléments recueillis au cours de ces procédures ont mis en lumière le rôle présumé d’Alphonse K. dans la perpétration du génocide. Selon les actes d’instruction, ce dernier aurait, lors d’une réunion tenue le 14 mai 1994 à Butare, en présence de Jean Kambanda, Premier ministre du gouvernement intérimaire de l’époque, prononcé un discours ouvertement incitatif à l’extermination de la minorité tutsie.

La cour d’assises de Paris, dans sa motivation ayant conduit à la condamnation de Sosthène Munyemana en décembre 2023, avait qualifié ces propos de « tout aussi génocidaires » que ceux tenus par Kambanda. L’existence d’une retranscription écrite de ses déclarations, évoquée par l’Agence France-Presse, viendrait corroborer ces accusations.

Outre ces prises de parole publiques, l’ancien doyen de la faculté de médecine de Butare est soupçonné d’avoir, au sein de l’hôpital de cette localité, usé de son autorité pour ordonner des exactions à l’encontre de patients, de réfugiés ainsi que de membres du personnel hospitalier identifiés comme tutsis. Il lui est ainsi reproché d’avoir participé à l’extermination ou à la déportation de ces personnes, contribuant ainsi à la mise en œuvre locale du génocide.

Une contestation vigoureuse des charges retenues

Face à ces accusations d’une extrême gravité, l’intéressé, par l’intermédiaire de son conseil, maître Marcel Ceccaldi, rejette catégoriquement l’ensemble des faits qui lui sont imputés. L’avocat affirme que son client « n’a jamais adopté une telle attitude ni tenu les propos incriminés ». Il souligne, en outre, que celui-ci n’a jamais fait l’objet de poursuites devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda, laissant entendre que l’absence de mise en cause devant cette juridiction pourrait constituer un élément en sa faveur.

Toutefois, en vertu du principe de compétence universelle et du refus de l’impunité, la France demeure déterminée à faire en sorte que son territoire ne puisse être un refuge pour quiconque aurait participé à l’un des crimes les plus abjects que l’humanité ait connus. L’instruction se poursuivra afin de déterminer l’implication exacte d’Alphonse K. et d’établir, au regard des éléments de preuve disponibles, si les charges qui pèsent sur lui justifient son renvoi devant une juridiction pénale.

la France s’emploie avec rigueur à poursuivre les individus soupçonnés d’avoir pris part au génocide des Tutsi au Rwanda en 1994

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