Ces acquisitions, fruits d’une diplomatie du chéquier qui va des Émirats arabes unis au Caire en passant par Ankara, s’inscrivent dans une hausse vertigineuse de 105 % en un an, des dépenses militaires congolaises, validée par le président Tshisekedi pour 2022 2025.
Or l’État congolais semble raisonner à rebours : il concentre ses deniers sur la coque d’acier, quand la menace, protéiforme, ronge les jointures mêmes de la société.
Dans le Haut Katanga, l’assassinat de journalistes et la criminalité de quartiers ont poussé le gouverneur Kyabula à instaurer un couvre feu nocturne et des “patrouilles mixtes” PNC FARDC.
A Kinshasa, la réponse au fléau des Kuluna se limite à de spectaculaires transferts de prisonniers vers Luzumu ou à des condamnations exemplaires qui ne tarissent ni le chômage ni l’exclusion qui alimentent ces gangs urbains.
Plus à l’ouest, la plaie ethno foncière de Kwamouth continue de suppurer : le conflit Teke Yaka, né en 2022 d’une querelle sur les redevances coutumières, n’est qu’en apparence maîtrisé par les commissions ad hoc et les embrassades de chefs traditionnels.
Les ministres de l’Intérieur se succèdent, implorant la paix, sans que l’on neutralise durablement la milice Mobondo qui menace désormais les faubourgs de la capitale.
Pendant ce temps, à l’Est, l’hydre lève de multiples têtes. Les rebelles ADF, affiliés à l’État islamique, massacrent à Makoko et dans le Nord Kivu au gré des retraits précipités de l’armée congolaise. En Ituri, plus de 70 % des territoires de Djugu et Irumu sont passés sous coupe réglée de milices rivales, profitant du vide laissé par les FARDC redéployées contre le M23. De surcroît, la stratégie gouvernementale d’« externalisation de la violence » Wazalendo, FDLR, sociétés militaires privées sème aujourd’hui la confusion ; le haut-commissariat des nations unies pour les droits de l’homme détaille exécutions sommaires, extorsions et rackets commis par ces « patriotes » d’opérette dans le Nord et le Sud Kivu.
Que pèsent alors des blindés flambant neufs ? À Katanga comme au Kivu, la criminalité se nourrit de la porosité des frontières, de la corruption endémique et de la captation des rentes minières ; nul véhicule 4×4, fût il bardé de plaques balistiques STANAG, ne remplace la réforme de la justice militaire, le désarmement communautaire, ni la reconversion socio économique des jeunes enrôlés.
En s’entêtant à militariser la réponse, Kinshasa risque de multiplier les Potemkine de fer : façades d’acier qui masquent, l’espace d’une parade, l’inanité des politiques publiques.
Il est temps, pour le pouvoir, de déplacer le curseur de l’acquisition vers l’institution ; de la flamboyance du matériel vers la crédibilité de la chaîne de commandement et la reconstruction du contrat social.
Faute de quoi, les MCAV 20, les drones CH 4 ou les Mbombe sud africains n’auront été qu’une parenthèse clinquante dans la chronique, autrement consternante, d’une insécurité généralisée.

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