Cette classification, loin d’être une simple recommandation de routine, constitue une mise en garde grave, rigoureusement motivée par l’état d’instabilité chronique qui prévaut sur l’ensemble du territoire congolais, ou à tout le moins dans des zones suffisamment vastes pour rendre illusoire toute distinction entre régions sûres et périls localisés. Elle traduit, en filigrane, une réalité que l’on tente trop souvent d’éluder : l’enlisement d’un État dans une forme de faillite sécuritaire, politique et institutionnelle dont les répercussions ne se limitent plus à ses seuls ressortissants.
La mention explicite d’une « capacité d’intervention limitée » dans le texte accompagnant cet avis, devrait interpeller tout esprit éclairé. Elle ne désigne pas uniquement l’incapacité des autorités américaines à assurer la protection de leurs concitoyens en cas de danger, ce qui est en soi gravissime, mais elle sous-entend, plus profondément, l’absence de garanties minimales d’ordre public, de prévisibilité administrative ou de fiabilité judiciaire de la part de l’État congolais lui-même.
Ce constat, froidement technique dans son apparence, révèle en vérité l’étendue d’une déliquescence intérieure qui, bien au-delà des indignations de tribune ou des fuites en avant diplomatiques, consacre l’incapacité durable des autorités congolaises à offrir un socle de sécurité élémentaire sur leur propre territoire.
Dans le concert des nations, rares sont les États souverains placés sous une telle alerte maximale, et cette solitude dans le discrédit n’est pas anodine. Elle traduit une perte abyssale de crédibilité, tant sur le plan intérieur qu’international, et marque une forme d’aveu d’échec qui ne dit pas son nom. Car si les grandes puissances n’osent plus exposer leurs ressortissants à l’épreuve congolaise, comment continuer à prétendre, sans rougir, que le pays est gouverné, protégé, administré ? Ce silence diplomatique, ce classement discret mais implacable, résonne comme un verdict sans appel sur l’état réel de la RDC : un territoire miné par la violence, gangréné par la corruption, et vidé de toute capacité à rassurer, fût-ce symboliquement, ses partenaires.
Il est plus que temps pour les élites congolaises de mesurer l’ampleur du discrédit qui les enveloppe sur la scène internationale. Loin des gesticulations rhétoriques et des appels à l’émotion lancés depuis des forums occidentaux, l’avis américain oppose la force du fait à la vacuité des mots. Il rappelle, avec la froideur du pragmatisme diplomatique, que la sécurité d’un État ne se décrète pas : elle se démontre. Et pour l’heure, la République démocratique du Congo ne démontre rien d’autre que sa propre impuissance.

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