La délinquance du gouvernement congolais

Redigé par Tite Gatabazi
Le 28 janvier 2025 à 05:22

La vague de violence à Kinshasa, en République Démocratique du Congo qui a déferlée sur les ambassades et super marché des étrangers, soulève des questions importantes concernant la responsabilité des autorités et l’impact de la parole publique sur les actions des citoyens.

Le ministre congolais de la communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a exprimé sur son compte X que le gouvernement a salué "la mobilisation spontanée et légitime de nos compatriotes ce matin à Kinshasa pour témoigner leur soutien à nos FARDC et à nos populations de Goma."

Cette déclaration, tout en mettant en avant le soutien aux forces armées et aux populations du Nord-Kivu, semble ignorer la nature violente et destructrice de cette mobilisation.

En effet, cette mobilisation prétendument "spontanée" a pris la forme d’attaques coordonnées contre plusieurs ambassades étrangères, dont celles du Rwanda, de l’Ouganda, de la France, de la Belgique et des États-Unis.

Ces ambassades ont été prises pour cible, avec des scènes de pillages, de destructions et de violences inouïes, notamment la mise en flammes des bâtiments des ambassades du Rwanda, de France, suivie par celle de la Belgique.

Ces attaques ont été simultanées et ont donné lieu à des scènes de chaos devant ces représentations diplomatiques. Cette violence délibérée soulève un point crucial sur la manière dont les autorités congolaises ont traité cet incident et le rôle de la parole officielle dans l’incitation à de tels actes.

L’ambassadeur du Japon en République Démocratique du Congo a réagi fermement à ces événements. Dans un message adressé à l’opinion publique, il a écrit : "Ce matin, plusieurs ambassades à Kinshasa ont été victimes d’incendies criminels sur leurs murs extérieurs et d’intrusions à l’intérieur. J’exprime fermement que de tels actes de vandalisme sont inacceptables et ne font que blesser vos amis, tout en réjouissant vos adversaires !!"

Ces propos, bien que formulés avec clarté et fermeté, s’inscrivent dans un contexte particulier où la violence semble être indirectement encouragée par la rhétorique officielle des autorités congolaises.

En effet, loin de constituer une condamnation sans ambiguïté des actes de violence, cette déclaration apparait plutôt comme une réaction à des événements déjà largement alimentés par des discours politiques incendiaires. Il semble que les autorités, en exaltant une forme de colère populaire et en mettant en avant des menaces extérieures supposées, aient contribué à attiser les tensions internes, créant ainsi un terreau fertile pour les débordements violents.

Cette situation soulève une question d’une portée capitale : dans quelle mesure la parole des responsables politiques, loin d’incarner un appel à la réconciliation, peut-elle être perçue comme un vecteur insidieux des désordres sociaux, agissant en quelque sorte comme une incitation indirecte à la violence collective ?

En effet, lorsque les discours des figures d’autorité s’éloignent de l’aspiration pacificatrice et prennent des accents de division ou de crispation, ils risquent d’alimenter la rancœur et de exacerber les tensions sociales. Par des propos parfois incendiaires, qui suscitent l’adhésion ou la résignation des masses, ces discours peuvent délibérément ou non légitimer des comportements violents, transformant ainsi la discordance en conflits ouverts.

De cette manière, les paroles des dirigeants congolais, loin de jouer un rôle de pacification, se font le terreau de la discorde, fragilisant la cohésion sociale et portant atteinte à l’édifice fragile de la paix. Il devient dès lors impératif de méditer sur l’influence de la parole politique, véritable instrument de construction ou de déconstruction de l’unité nationale.

Le ministre Muyaya, tout en saluant cette soi-disant mobilisation "spontanée", a également mis en garde contre une "stratégie d’infiltration de l’ennemi" qui pousserait les populations à des actes "intolérables" lors de l’expression de leur colère.

Toutefois, en soulignant le caractère "spontané" de la colère, il néglige l’élément fondamental qui relie ces événements : les actes de violence semblent résulter non pas d’une véritable colère populaire, mais bien d’une manipulation soigneusement orchestrée par ceux qui détiennent le pouvoir. Dans ce contexte, les autorités congolaise, en encourageant de tels actes à travers leur discours, ont, sans en avoir l’air, légitimé ces violences.

L’analyse des événements montre clairement qu’il ne s’agit pas d’une simple expression de colère populaire. Les actes de vandalisme et les destructions, loin d’être le fruit d’une colère spontanée, sont des actes de banditisme qui trouvent leur terreau dans les discours haineux et incendiaires des responsables politiques.

En effet, lorsque la parole des autorités favorise le passage à l’acte, il devient difficile de croire en la spontanéité de ces actes de violence. Bien au contraire, ces derniers semblent avoir été nourris et alimentés par une rhétorique politique et médiatique qui a joué sur les peurs et les frustrations du peuple.

Cette manipulation délibérée de la colère populaire par les autorités congolaises est donc loin d’être accidentelle. Elle s’inscrit dans un projet politique plus large, où la violence devient un moyen de détourner l’attention des véritables problèmes du pays et de renforcer le pouvoir.

Les conséquences de ces événements devraient pousser les pays amis du Congo à revoir leur approche diplomatique et à prendre conscience de la réalité de la situation. Les ambassades et leurs diplomates ont été ciblés, mais ce sont aussi les relations internationales de la RDC qui sont mises en danger par de telles actions.

Les attaques violentes ne font qu’aggraver l’isolement du pays sur la scène internationale, et l’attitude des autorités congolaises vis-à-vis de ces violences peut devenir un obstacle majeur à toute avancée diplomatique.

En somme, les événements qui se sont déroulés à Kinshasa ne sont pas simplement le résultat d’une colère populaire légitime. Ils sont le produit d’un discours officiel qui, loin d’encourager la paix et la stabilité, alimente la violence et la destruction.

Les autorités congolaises doivent prendre conscience des conséquences de leurs paroles et de leurs actions, et réagir de manière responsable, en cessant de légitimer les actes de violence. La communauté internationale, quant à elle, doit tirer les leçons de ces événements et réévaluer ses relations avec un gouvernement qui semble de plus en plus éloigné des principes fondamentaux de la diplomatie et du respect des droits humains.

Patrick Muyaya, a exprimé sur son compte X que le gouvernement a salué "la mobilisation spontanée et légitime de nos compatriotes ce matin à Kinshasa pour témoigner leur soutien à nos FARDC et à nos populations de Goma."

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