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La famille Bemba recouvre ses droits au Rwanda

Redigé par Tite Gatabazi
Le 18 juillet 2021 à 09:33

Quand on cite le nom de Bemba, toute personne ayant connu le Zaïre de Mobutu des années 1980 connait ce nom.

Il résonne comme celui d’un homme qui a bâti un empire financier dans le sillage du Marechal Président Mobutu. Ils sont même alliés car la fille de Bemba a épousé Nzanga Mobutu, l’un des fils de Mobutu.

Jeannot Bemba Saolona, un métis portugais, natif de l’Equateur comme Mobutu, était l’un des hommes les plus riches du Zaïre. A la tête de SCIBE « Société Commerciale et Industrielle Bemba » présente dans les mines, le café, l’import-export et l’aviation.

Bemba Saolona est aussi le puissant Président de l’Association Nationale des Entreprises du Zaïre « ANEZA » et on l’appelait « Le Patron des patrons ».

Son fils, Jean Pierre Bemba s’est fait connaitre à la tête d’une rébellion contre le régime Kabila, le Mouvement de Libération du Congo « MLC ».

En 2003, il est parmi les signataires de l’Accord de paix de Sun City en Afrique du Sud et devient Vice-Président de la République en charge de l’économie.

En 2006, il se porte candidat à la Présidence de la République, arrive au deuxième tour et perd face à Joseph Kabila avec un score honorable de 42%.

Mais la Cour Pénale Internationale « CPI » l’inculpe pour « crimes de guerre et crimes contre l’humanité ». Il sera jugé et condamné, passera dix ans en prison à la Haye avant d’être acquitté. Il retourne en RDC aout 2018.

Pendant qu’il est Président de l’Association Nationale des Entreprises du Zaïre » Bemba Saolona s’associe avec Majyambere Silas, l’autre magnat Rwandais.

Ils créent la société d’exploitation agricole du Rwanda « EAR LTD » dans la filière café et acquièrent deux parcelles à Kigali, sise Rukiri, dans le secteur de Remera, district de Gasabo face à l’ancien hôtel Alpha Palace.

La société est détenue par Bemba à 59%, Majyambere Silas 20%, Ezéchiel Ngendahimana 20% et Jean Pierre Bemba à 1%.

Pour accélérer le processus d’acquisition et d’opérationnalité, Bemba avance les fonds et paye pour tous les actionnaires. Il est convenu qu’ils rembourseront petit à petit. Ils commandent les machines de torréfaction du café. Mais cela coïncide avec le début de la guerre de libération au Rwanda. Bemba lève le pied.

Cela fait quatorze ans qu’une procédure judiciaire oppose ceux qui revendiquent être les ayants droits de la société.

Apres le génocide, Bemba avait écrit une mise ne demeure à ses coassociés pour qu’ils remboursent les prêts en déans trente jours, au-delà duquel il sera seul propriétaire de la société.

Majyambere lui aurait répondu qu’il faisait face à d’autres problèmes d’ordre financiers et lui céda ses parts. Ngendahimana décédé entre temps, ses héritiers avaient été saisis de la question. N’ayant pas payé, Bemba devint actionnaire à quatre-vingt-dix-neuf pour cent et son fils Jean Pierre à un pour cent.

En 1997, Kayitana Imanzi Emmanuel est nommé Ambassadeur du Rwanda en République Democratique du Congo. Bemba lui demande de suivre sa société « EAR Ltd » au Rwanda et lui aurait même signé un document faisant de lui son « mandataire ». Kayitana met en location le bâtiment et le matériel et rend compte à Bemba.

Faute de rentabilité, en 2005, Bemba vend la société à Dunia Bakarani Faustin, un député Congolais pour la somme de cent soixante mille dollars.

Mais lors du transfert de propriété entre Kayitana, le mandataire de Bemba et Dunia, les choses ne se sont pas passées comme prévues.

Arrivés chez le Maire de la ville de Kigali, Kayitana et Dunia sont prié d’aller voir le Maire de Gasabo. Kayitana s’oppose au transfert en disant que Bemba lui doit de l’argent lié à la société en question.

Bemba avait obtenu une décision de justice qui ordonnait le transfert. Rien n’y fut, Kayitana s’y opposa à la mairie de Gasabo.

A l’instar de Kayitana qui s’opposait à la vente, Majyambere introduisit également une opposition à la vente au tribunal alléguant qu’il représentait son frère Ngendahimana décédé. Ils avaient été déboutés.

Mais en 2009, Bemba décède et son fils Jean Pierre s’occupe du dossier depuis sa prison de la Haye.

Entre temps, Majyambere avait saisi la Cour Suprême et Kayitana apporta en justice un document attestant que Bemba lui avait attribué quarante pour cent des parts dans la société. Et à ce titre s’opposa à la vente conclue avec Dunia.

Majyambere débouté mais Kayitana eut gain de cause. La cour affirma qu’il était détenteur des quarante pour cent de la société et qu’il en était le représentant légal. Mais Dunia argua que le document de Kayitana était un faux. Le tribunal condamna ce dernier à sept ans de prison. En appel, il fut relaxé.

Devant la cour suprême, la défense de Jean Pierre Bemba soutient que Kayitana ne dispose d’aucune part dans la société.

En 2019, une action conjointe de Dunia et Bemba demanda à la cour suprême la révision de l’arrêt reconnaissant Kayitana comme actionnaire.

L’affaire était encore pendante à la cour suprême.

Mais le journal IGIHE a accédé à l’information selon laquelle Bemba a séjourné récemment à Kigali et aurait obtenu un accord à l’amiable qui lui restituait la propriété de ladite société.

Me Buhuru Celestin, Avocat de Dunia confirme l’information de l’accord amiable sans en donner les détails. Mais il prévient que si les parcelles ne sont pas remis à son client ou alors la somme de l’achat ils retourneront en justice.

Coté Bemba, même son de cloche. Son avocate, Me Jacqueline Wibabara confirme le règlement amiable sans plus.

Quant à Kayitana, qui se refuse à toute déclaration pour l’instant, il n’exclut pas de se prononcer un jour pour mettre la vérité sur la place publique.

Les parcelles se trouvent en face de l’ancien hôtel Alpha Palace
Une vue de la parcelle
La façade de la parcelle de la famille Bemba à Remera
La porte d’entrée de la parcelle

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