Ces hommes, ces femmes et ces enfants ne sont pas victimes d’un conflit conjoncturel, ni d’une rivalité politique passagère : ils sont traqués pour leur seul faciès, voués à l’extermination pour la seule appartenance à une communauté stigmatisée. Leurs villages sont incendiés dans une logique implacable de nettoyage ethnique ; leur bétail, richesse patrimoniale et principale source de subsistance, est razzié ou massacré afin de les réduire à la misère et de leur dénier jusqu’au droit de survivre. C’est là, dans toute sa nudité, la définition même du génocide en cours.
En décembre 2021, le Major Joseph Kamizombe, officier des FARDC comptant vingt-cinq années de service, fut arraché à un convoi militaire, lynché et brûlé vif à Lweba, dans le Sud-Kivu, sous l’œil impassible de ses soi-disant frères d’armes.
Le 14 juin 2022, le lieutenant-colonel Ndayisaba fut attaqué et molesté par des militaires et des policiers à Walikale, dans le Nord-Kivu, simplement parce qu’il avait le tort irréductible d’être Congolais Tutsi.
En novembre 2023, le capitaine Patrick Gisaro Rukatura fut lapidé, lynché puis livré au cannibalisme par des miliciens Wazalendo, appuyés par Kinshasa, devant ses propres camarades d’armes qui, loin de l’assister, se firent complices par leur passivité.
Le 16 décembre 2022, l’organisation Isoko documenta des faits accablants : 55 meurtres, 226 arrestations arbitraires, 32 disparitions forcées et 852 bovins abattus entre le 15 octobre et le 14 décembre 2022, autant d’actes visant à annihiler une communauté dans son être et dans ses moyens de survie.
Le 30 août 2023, le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) consigna le massacre, par les FARDC et des unités de la Garde républicaine, de 102 personnes issues d’un groupe mystico-religieux, exécutées froidement pour le seul fait d’avoir voulu préparer une manifestation pacifique contre la MONUSCO, l’EAC et certaines ONG occidentales. C’est le carnage de Goma qualifié de crime contre l’humanité.
En octobre 2023, les FDLR, les Nyatura et les Wazalendo, tous adossés au pouvoir de Kinshasa, incendièrent plus de 300 maisons appartenant à des Congolais Tutsi dans le village de Nturo, territoire de Masisi, sous le regard complaisant du contingent burundais de l’EACRF, qui facilita ces exactions au lieu de les prévenir.
Le 27 janvier 2025, lorsque la coalition des FARDC, incluant Wazalendo et génocidaires FDLR, délibérément bombarda la ville rwandaise de Rubavu ainsi que les localités de Bigogwe et Mudende, frappant plus de 200 habitations, tuant au moins 16 civils et en blessant 161 autres, comme l’attesta le chef d’état-major de l’armée sud-africaine.
En février 2025, les FARDC se rendirent coupables de crimes sexuels d’une barbarie insoutenable, violant entre le 31 janvier et le 2 février trois jeunes filles âgées de 13 à 17 ans à Goma, comme l’a confirmé la MONUSCO.
Ces événements, aussi fragmentaires soient-ils, ne constituent nullement des occurrences isolées ni des accidents de l’histoire : ils s’inscrivent dans une trame récurrente et cohérente qui dévoile, à quiconque veut bien ouvrir les yeux, la logique glaciale d’une politique concertée.
Leur accumulation, par la fréquence comme par la brutalité, établit avec une éloquence irréfutable qu’il ne s’agit pas de violences aléatoires, mais d’une mécanique implacable de persécution visant une communauté identifiée, marquée dans sa chair et dans son être par la simple appartenance au peuple tutsi. Ces crimes, savamment orchestrés sous le couvert des impératifs sécuritaires, traduisent la volonté d’exclure, d’avilir et de détruire, en prétendant masquer l’horreur par la rhétorique de la défense nationale.
Derrière les paravents du langage officiel, derrière les justifications diplomatiques et militaires savamment construites, se dresse en réalité une entreprise d’épuration ethnique qui ne dit pas son nom mais qui, par ses manifestations répétées, trahit sa finalité ultime : l’anéantissement d’un groupe tout entier.
C’est la marque même du génocide, dissimulée dans la brume des discours mais éclatante dans la matérialité des faits. Nul ne saurait, en conscience, ignorer cette vérité.
L’histoire jugera sévèrement non seulement les bourreaux, mais aussi ceux qui, par leur silence ou leur inertie, auront consenti à ce que se déploie, sous leurs yeux, une tragédie dont les stigmates demeureront gravés dans la mémoire universelle.
Mais il est du devoir de l’humanité, ici et maintenant, d’entendre ces faits et d’y répondre sans équivoque. Car se taire, c’est devenir complice ; détourner le regard, c’est consentir à l’anéantissement d’une communauté.

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