Les récentes déclarations de Jean-Claude Mubenga, communicateur officiel du président Félix Tshisekedi, constituent un exemple saisissant de cette inquiétante réalité. En traitant les Tutsi congolais de « cafards », de « virus » et de « vermine » qu’il conviendrait d’exterminer, M. Mubenga n’a pas seulement franchi les limites de l’acceptable : il a ravivé des relents d’une rhétorique génocidaire dont l’histoire du Rwanda nous enseigne la gravité.
Plus préoccupant encore, cette diatribe ne semble susciter aucune réaction de la plus haute autorité de l’État, bien au contraire : sa rencontre protocolaire, en grande pompe, au palais présidentiel, peut être interprétée comme un signal explicite de soutien, voire d’approbation.
A cette escalade verbale s’ajoute la prise de parole du Général Sylvain Ekenge, porte-parole des FARDC, qui reprend, mot pour mot, la rhétorique jadis employée par la RTLM et le journal Kangura sur les plateaux de la RTNC.
L’inquiétude n’est pas seulement morale : elle est politique et stratégique. L’idéologie génocidaire, ici, ne se limite plus à des murmures ou à des pamphlets ; elle irrigue les repères décisionnels au sommet de l’État, au point, comme sous le régime de Juvénal Habyarimana au Rwanda, d’en faire une politique d’État assumée et de légitimer ses références par le pouvoir en place.
La portée de cette dérive ne saurait être sous-estimée. Elle menace non seulement la cohésion interne de la République démocratique du Congo, mais fragilise également la stabilité régionale et compromet l’intégrité même de l’institution présidentielle.
L’histoire enseigne, avec une constance tragique, que lorsque la haine et la déshumanisation sont endossées par le sommet de l’État, les conséquences se mesurent en vies humaines et en fractures sociales profondes.
Un avertissement aux partenaires et à la communauté internationale
Cette rhétorique et ses animateurs, installés aux plus hauts échelons du pouvoir, s’avèrent profondément incompatibles avec les efforts diplomatiques en cours, notamment les négociations qui se déroulent à Doha.
Les partenaires internationaux, investis dans la recherche de la paix et de la réconciliation, voient leurs démarches systématiquement minées par la permanence d’une idéologie de haine qui instrumentalise l’appareil étatique pour propager la peur et la division.
L’histoire du génocide contre les tutsi au Rwanda demeure une leçon impérieuse : la parole publique, lorsqu’elle est détournée au service de l’exclusion et de l’élimination d’un groupe, précède toujours la violence et prépare le terrain à l’irréparable.
Le parallèle avec cette tragédie régionale n’est pas gratuit : la RDC, en s’exposant à la contamination idéologique de ses plus hauts dirigeants, court le risque de replonger dans des schémas de polarisation ethnique qui compromettent toute perspective de paix durable.
Il appartient dès lors au président de la République et à l’ensemble de ses collaborateurs de rappeler avec force que la parole officielle n’est pas un espace de provocation mais un instrument de cohésion et de responsabilité. La communauté nationale et internationale, quant à elle, doit maintenir sa vigilance et utiliser tous les moyens diplomatiques, politiques et éthiques pour contrer la banalisation de la haine.
Car tant que le discours de l’extermination s’affiche dans les hautes sphères du pouvoir, la paix, même lorsqu’elle est formalisée dans des accords ou des négociations, demeure fragile, et la stabilité de la région reste suspendue à un fil extrêmement précaire.














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