Pourtant, l’orgueil fut bientôt balayé par la rigueur implacable de la réalité militaire. Aujourd’hui, ils quittent ces terres meurtries dans un silence accablant, le regard fuyant, lestés par le poids d’une débâcle inavouable. L’AFC/M23, porté par une détermination inflexible, leur a opposé une résistance qui s’est muée en leçon d’histoire : ce n’est pas le fracas des déclarations qui scelle le destin des batailles, mais la résilience et la maîtrise stratégique sur le terrain.
Désormais vaincus et acculés à une retraite sans gloire, ils abandonnaient le théâtre des opérations non sous l’égide de leur propre état-major, ni même sous la tutelle de la MONUSCO, mais sous la férule implacable de ceux qu’ils avaient naguère défiés. L’AFC/M23, maîtres incontestés du terrain, avaient orchestré chaque détail de leur évacuation, veillant à leur sécurité tout en dictant les termes d’une reddition implicite. Ce départ, loin d’être une simple formalité logistique, s’imposait comme un acte lourd de symbolisme : il consacrait la défaite et scellait l’humiliation d’une force jadis conquérante, désormais réduite à suivre, en silence et la tête basse, l’itinéraire fixé par ses vainqueurs.
Un départ languissant
La frontière, habituellement lieu de passage et d’échanges, s’était muée en un théâtre d’effervescence contenue, où l’impatience le disputait à l’exaspération. Les civils, contraints à une attente interminable, voyaient leurs déplacements entravés par les lenteurs d’un processus scrupuleusement orchestré. Chaque minute écoulée nourrissait davantage l’agacement ambiant, et bientôt, des murmures acerbes s’élevèrent, se propageant tel un feu couvant sous la cendre.
Lorsqu’enfin l’identité des occupants des bus se devina derrière les vitres opaques, le mépris trouva libre cours : regards narquois, soupirs moqueurs, commentaires cinglants. L’instant ne relevait plus seulement de la contrainte administrative, il s’imposait comme une scène de dérision silencieuse, où les vaincus traversaient sous les yeux d’un public trop conscient de leur déconvenue.
La marche de la honte
L’injonction finit par tomber, scellant l’inéluctable. Un à un, les soldats descendirent des bus, traînant derrière eux quelques effets dérisoires, témoins silencieux de leur retraite forcée. Nulle rigueur militaire ne présidait à ce mouvement, nulle discipline martiale ne régissait leur démarche, seulement une procession morne, empreinte de lassitude et de résignation.
Si certains arboraient encore leur équipement de combat, d’autres, dans une vaine tentative d’anonymat, avaient troqué l’uniforme pour des atours civils. Mais c’étaient les soldates qui, malgré elles, captivaient les regards et nourrissaient les murmures. Nombre d’entre elles, revêtues de vêtements de ville, ne purent cependant échapper aux spéculations grandissantes.
Une observation en particulier se propagea, telle une rumeur insidieuse : beaucoup affichaient une jeunesse frappante, une carnation claire, une stature frêle. Plus encore, une dizaine d’entre elles portaient en évidence les stigmates d’une maternité imminente, alimentant ainsi les conjectures sur la véritable nature de leur séjour en République Démocratique du Congo.
Chaque soldat fut ensuite soumis à un contrôle sanitaire des plus rigoureux : ablutions scrupuleuses, désinfection minutieuse, prise de température implacable. La procédure, d’apparence clinique et méthodique, n’en revêtait pas moins une dimension hautement symbolique, comme un dernier rituel d’expiation avant leur départ définitif.
Une fois les formalités achevées, les soldats remontèrent à bord de leurs bus. Destination : l’aéroport international de Kigali, à plus de 200 kilomètres de là.
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