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Le Rwanda et les candidats à la Présidentielle en France

Redigé par Tite Gatabazi
Le 24 mars 2022 à 12:47

La 10 avril 2022 aura lieu le premier tour des élections présidentielles en France et le 24 avril le second tour pour départager les deux candidats qualifiés.

Les élections présidentielles en France sont toujours l’occasion de jauger la connaissance des enjeux mondiaux des leaders politiques. Et tous les candidats ne sont pas logés à la même enseigne.

Douze candidats sont en lice pour le prochain mandat.

Ces candidats sont ainsi appelé à clarifier leur positions sur les grands dossiers internationaux du moment, parfois avec beaucoup d’approximations si pas de confusion.

Quelle est la position des candidats retenus sur le Rwanda ?

La question n’est pas du tout anecdotique compte tenu de l’histoire et du contentieux franco-rwandais et du poids du Rwanda sur la scène Africaine et internationale.

L’Afrique n’ayant jamais été autant courtisée que ces derniers temps.

Les observateurs de la scène politique française savent que traditionnellement, les affaires étrangères ne sont pas un sujet au cœur des priorités des électeurs lors du vote à la présidentielle.

Macron au Mémorial de Gisozi/Kigali

Macron est le candidat qui mène la course en tête. Difficile de ne pas le voir sortir au premier tour et même au second tour. Sauf retournement de situation imprévue dont les dynamiques politiques conservent le secret.

La Présidence tournante de l’union européenne et la guerre en Ukraine lui permettent d’occuper le devant de la scène internationale au point d’écraser ses rivaux.

Ceci le place au-dessus de la mêlée, lui donne un élément supplémentaire de crédibilité et de légitimité.

En effet, il apparait comme celui qui incarne le capitaine dans la tempête et il peut toujours espérer en tirer des bénéfices électoraux.

Sur le Rwanda, Macron est le président qui est allé le plus loin qu’on pouvait. Il a porté la candidature de la ministre rwandaise des affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, à la tête de l’organisation internationale de la francophonie.

Le rapport de la commission des historiens présidée par Vincent Duclert qui a démontré l’aveuglement idéologique de Mitterrand et son entourage.

Sur le plan judiciaire, la retentissante arrestation de Kabuga Félicien, le financier du génocide et l’accélération des dossiers judicaires.

Et le 27 mai 2021, la visite doublée d’un discours historique au mémorial du génocide de Gisozi à Kigali, où il a reconnu « la responsabilité de la France ».

Je ne sais et ne vois qui aurait fait mieux.

Macron a le mérite, et c’est tout à son honneur, d’avoir affronté les pesanteurs du passé. Convenons que ce n’était pas une partie de plaisir.

Tout ceci s’inscrit dans une vision et se décline par une méthode de refonte de la « politique Africaine ». En Afrique, on lui sait gré d’être un éveilleur de conscience et lanceur d’initiatives.

Il a entamé la restitution du patrimoine artistique africain, la reforme douloureuse de la gouvernance du FCFA.

Mais aussi pris et/ou accompagné des initiatives telles que « Choose africa » ou « Digital Africa » sans oublier le sommet de Montpellier avec la société civile africaine.

Une grande première.

Macron a entamé courageusement le processus de « sortie d’une logique qui était un peu dans la continuation de nos habitudes, d’une relation qui était structurée par des représentations passées ». Allusion sans équivoque à la « francafrique ».

Il veut « retrouver la force du projet, le sens de l’action qui est construite, bâtie ensemble ».

Macron est sur la même longueur d’onde que les chefs d’Etats qui comptent en Afrique, à commencer par les Présidents Kagame, Macky Sall et Ramaphosa pour ne citer que ceux-là.

Eric Zemmour est ce qu’on nomme en France “polémiste”. Il est journaliste et écrivain. Maintenant homme politique et Président du parti d’extrême droite « Reconquête ».

En pleine campagne présidentielle, six associations anti-homophobie portent plainte contre la négation « de la déportation en France d’homosexuels en raison de leur « orientation sexuelle » pendant la deuxième guerre mondiale. Car Eric Zemmour la qualifie de « légende ».

Mais la justice française l’a condamné à trois reprises pour « provocation à la haine et à la violence » et « injures publiques envers un groupe de personnes en raison de leur origine ». C’est donc un récidiviste.

Avec sa rhétorique à rebours de l’histoire, il n’a de cesse de répéter que « le régime du Marechal Pétain avait « sauvé » les juifs français pendant la déportation de la deuxième guerre mondiale. Et souhaite faire repartir un million d’étrangers de France.

Dans son dernier livre « la langue de Zemmour », la spécialiste en sémiologie politique Cécile Alduy détricote les propos du polémiste d’extrême droite et souligne la façon dont son discours déforme le langage pour brider le débat, travestir la réalité et imposer une vision du monde racialiste et violente.

Marine Le Pen ne connait rien et ne comprend rien au Rwanda

La candidate du « Rassemblement National », héritière du Front National de son père fait entendre la musique habituelle de l’extrême droite qui signifie à la terre entière que la France voudrait se refermer et qu’ils voudraient s’en sortir par « eux-mêmes ».

Depuis son père jusqu’à elle, des tentatives infructueuses ont toujours eu lieu pour rencontrer des Chefs d’Etats Africains.

Elle résume la relation de la France à l’Afrique de manière caricaturale à « l’immigration » et remet constamment en cause « le droit du sol ». Elle souhaite réduire de manière drastique les naturalisations !

On ne sait toujours pas si ceux qui votent pour elle le font par conviction ou par déception.

Il faut dire que son discours est rodé : le « on est chez nous » ou « chacun chez soi », l’obsession identitaire et la nostalgie du système colonial dont on préfère tout de même escamoter la brutalité et les injustices.

Quant à la dénonciation de la francafrique, dans la bouche de Marine le Pen, cela semble bien convenu, plutôt incantatoire et même superficielle.

L’extrême droite effraie jusqu’aux français de souche. Ses idées nationalistes, un discours anti musulman et cette volonté affichée de fermer la France au reste du monde font craindre jusque dans les chaumières.

Valérie Pécresse une novice en diplomatie

On n’est pas prêt d’oublier sa bourde sur son « je ne sais pas ce que fait encore en France l’ambassadeur du Mali ».Cela faisait deux ans qu’il n’y avait qu’un chargé d’affaires à Paris.

A la tête de la région Ile de France depuis 205, elle a divisé par deux le budget des « aides internationales ».

Elle souhaite que l’accès à la nationalité française des enfants nés en France de parents étrangers soit subordonné à la « vérification de leur assimilation ». Le mot est lâché.

Elle recycle « l’immigration choisie » chère à Sarkozy en indiquant que « le parlement devra voter des quotas annuels d’immigration ».

A l’international, le programme est maigre. En retard sur l’actualité et le nouveau paradygme de la relation France Afrique, elle suggère de « concentrer l’aide au développement en Afrique et en Méditerranée pour permettre à la jeunesse africaine de trouver un emploi sur le continent »

Trop peu trop tard. Cette même jeunesse l’a signifié à Montpellier : « l’aide au développement ça ne marche pas et on n’en veut plus ».

Jean-Luc Mélenchon a soutenu publiquement que la France s’excuse pour sa responsabilité au Rwanda

Mélenchon bénéficie d’une sympathie assez large dans les milieux de la diaspora africaine en France pour ses prises de position « alter mondialiste ».

Dans son programme de candidat, il propose d’initier un audit sur la dette africaine.
Il n’hésite pas à dénoncer les accords de partenariat Afrique Caraïbes Pacifique – Union Européenne les accords « ACP-UE ». Estimant qu’ils ont pour conséquences de ruiner la petite paysannerie et mettre en danger l’autosuffisance alimentaire des pays concernés.

Anne Hidalgo, Maire de Paris, candidate du parti socialiste a des liens assez particuliers avec Le Rwanda.

En octobre 2014, accompagnée de plusieurs personnalités et d’Ibuka-France, elle a inauguré la stele à la mémoire des victimes du génocide contre le génocide des tutsis au cimetière Père Lachaise de Paris.

La ville de Paris a érigé aussi une stele et une plaque commémorative du génocide contre les tutsis dans le parc de Choisy dans le 13è arrondissement de Paris.

Arrivée à Kigali le 19 juillet 2021 pour le congrès des maires francophones, elle avait consacré sa journée du 20 juillet à un parcours de mémoire et de recueillement.

Visite et dépôt de fleurs au mémorial de Gisozi, visite du projet éco-touristique de Nyandungu et le jardin de la mémoire Kicukiro-Nyanza.

Elle a impulsé une coopération entre Paris et Kigali dans les domaines de la culture, des nouvelles technologies et de l’innovation.

Mais le lourd héritage de Mitterrand encombre encore et toujours le parti socialiste.

Dans un courrier pour décliner une invitation dudit parti, Vincent Duclert écrivait au premier secrétaire : « le génocide contre les tutsis est un sujet trop grave pour être soldé par les manouvres d’appareil qui font fi des évidences » .

Douze candidats sont en lice pour la présidence de la France aux élections d'avril 2022

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