Le Rwanda s’indigne des sanctions des États-Unis à l’encontre du général James Kabarebe

Redigé par Alain Bertrand Tunezerwe
Le 21 février 2025 à 01:00

Le gouvernement du Rwanda a vigoureusement condamné les sanctions imposées par les États-Unis à l’encontre du ministre d’Etat, le général à la retraite James Kabarebe, en raison du conflit actuel en République Démocratique du Congo, les qualifiant d’« injustifiées » et de contre-productives pour les efforts de paix régionaux.

Ce jeudi 20 février 2025, le Département du Trésor des États-Unis a annoncé des sanctions à l’encontre du général à la retraite James Kabarebe, ministre d’État des Affaires étrangères chargé de la Coopération régionale, l’accusant d’avoir joué un rôle dans le soutien présumé du Rwanda au groupe rebelle M23 opérant dans l’est du Congo, une accusation que le gouvernement rwandais a toujours démentie.

Les États-Unis affirment que le M23 est responsable de violations des droits humains dans la région.

Les sanctions ont également touché Lawrence Kanyuka Kingston, porte-parole du M23 et de la Congo River Alliance, ainsi que deux entreprises qu’il contrôle en Grande-Bretagne et en France.

« Toutes les propriétés et intérêts des personnes désignées ci-dessus situées aux États-Unis ou en possession ou sous le contrôle de personnes américaines ont été systématiquement gelés et doivent être signalés à l’OFAC », a déclaré le Département du Trésor des États-Unis dans un communiqué.

« Par ailleurs, toutes les entités détenues, directement ou indirectement, en totalité ou partiellement à hauteur de 50 % ou plus par une ou plusieurs personnes visées par les sanctions seront également bloquées », a ajouté le département.

Réagissant à cette décision, la porte-parole du gouvernement, Yolande Makolo, a qualifié les sanctions d’injustifiées et d’inefficaces, soulignant que de telles mesures punitives ne résoudraient pas la crise dans l’est de la RDC.

« Les sanctions sont injustifiées. La communauté internationale devrait soutenir, et non entraver, les efforts régionaux en cours visant à trouver une solution politique. Si les sanctions pouvaient résoudre le conflit dans l’est de la RDC, la paix régnerait dans la région depuis des décennies », a déclaré Makolo.

Le Rwanda soutient depuis toujours que la crise dans l’est du Congo est enracinée dans des problématiques historiques et de gouvernance profondes, qui nécessitent des solutions politiques durables plutôt que des pressions extérieures.

Le M23, de son côté, rejette les accusations de violations des droits humains, affirmant qu’il lutte contre des décennies de persécution et de marginalisation des Rwandophones congolais dans l’est de la RDC. Ce conflit est, entre autres, attribué au tracé arbitraire des frontières pendant la période coloniale.

« Le Rwanda était une colonie allemande, et en 1910, 1911 et 1912, une conférence s’est tenue à Bruxelles où la Belgique, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont tracé les frontières de manière artificielle entre les trois pays. Une partie du Royaume du Rwanda fut attribuée au Congo, avec ses populations, et une autre partie fut donnée à l’Ouganda. Ainsi, nous retrouvons des personnes de culture et d’héritage rwandais dans ces deux pays, en RDC, qui était le Congo à l’époque, et en Ouganda », a récemment expliqué le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Oliver Nduhungirehe, lors d’une interview.

« Cependant, ceux qui se trouvent en Ouganda n’ont jamais rencontré de problème ; ils ont été intégrés à la société et considérés comme des Ougandais. En revanche, ceux vivant en Congo, où ils résident depuis 1910, n’ont jamais été perçus comme Congolais ; ils ont toujours été accusés d’être rwandais. Cette marginalisation et cette suspicion ont perduré jusqu’à l’indépendance du Congo. Dans les années 1970, le président Mobutu, alors à la tête du Zaire, avait accordé la citoyenneté à cette population, mais la révoqua dix ans plus tard, dans les années 1980. Leur situation est donc restée précaire », a-t-il ajouté.

Le gouvernement du Rwanda a vigoureusement condamné les sanctions imposées par les États-Unis à l’encontre du ministre d’Etat, le général à la retraite James Kabarebe.

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