Le ministre Bizimana discrédite les fils Habyarimana et Zigiranyirazo

Redigé par Alain Bertrand Tunezerwe
Le 11 juillet 2025 à 10:07

Le ministre de l’Unité nationale et de l’Engagement civique, Jean Damascène Bizimana, a réfuté les propos de Jean-Luc Habyarimana, fils de l’ancien président du Rwanda Juvénal Habyarimana, ainsi que ceux de son cousin Antoine Mukiza Zigiranyirazo, fils de Protais Zigiranyirazo, qui tentent par tous les moyens de dissimuler le rôle de leurs pères dans l’histoire ayant conduit au génocide contre les Tutsi en 1994.

Suite à un message publié le 1er juillet 2025 sur la plateforme X par Jean-Luc Habyarimana, dans lequel il affirmait que, malgré les 63 années d’indépendance du Rwanda, le pays était toujours confronté, selon lui, à des problèmes tels que le non-respect de la justice, la dictature et bien d’autres, le Ministre Bizimana a immédiatement réagi. Il a souligné qu’il serait possible d’établir une longue liste des dommages causés par son père, Juvénal Habyarimana, et sa mère, Agathe Kanziga, sans toutefois pouvoir tous les énumérer tant ils sont nombreux.

« Le fait que le Rwanda existe encore aujourd’hui, depuis juillet 1994, est grâce au rôle déterminant du FPR-Inkotanyi, qui a mis fin au génocide contre les Tutsi et reconstruit un pays dévasté par le régime du MRND et le mouvement Hutu Power instauré par ton père, Juvénal Habyarimana », a-t-il indiqué.

Le Ministre Dr. Bizimana a également mis en avant la manière dont ces atrocités ont été orchestrées par Habyarimana à travers les lois imposées par son épouse, via un réseau familial connu sous le nom de « Le Clan de Madame », en exposant certaines des nombreuses actions menées par ce groupe, qui a asservi le Rwanda depuis les années 1960 jusqu’à la mise en œuvre du génocide contre les Tutsi en 1994.

Suite à la réponse du Ministre Bizimana à Jean-Luc Habyarimana, Antoine Mukiza Zigiranyirazo — fils de Protais Zigiranyirazo et neveu d’Agathe Kanziga — a nié les accusations portées par le Ministre, dans un texte où il faisait l’éloge de son père, de son oncle et de sa tante.

S’appuyant sur des preuves concrètes, le Ministre Bizimana a répondu à Antoine Mukiza Zigiranyirazo, en exposant les crimes et la politique fondée sur l’idéologie génocidaire mis en œuvre par leurs parents.

« Répondre à tes mensonges, qui cherchent à justifier les massacres et la politique génocidaire menés par ton père Protais Zigiranyirazo, ta tante Agathe Kanziga et son époux Juvénal Habyarimana, est une tâche des plus simples. » a-t-il déclaré.

Le Ministre Dr. Bizimana a également évoqué la question des réfugiés tutsi, expulsés de leur pays et dépossédés de leurs biens dès 1959, qui ont pris la décision de rentrer de force en 1990, soulignant qu’ils constituaient les premiers réfugiés du continent africain à avoir vécu aussi longtemps en exil.

Le ministre Bizimana a réfuté les propos de Jean-Luc Habyarimana et d’Antoine Mukiza Zigiranyirazo, qui cherchent à nier le rôle de leurs pères dans le génocide contre les Tutsi de 1994

Dr. Bizimana a rappelé que, depuis le régime de Kayibanda, une loi du 26 février 1966 interdisait aux réfugiés de revenir au pays et de récupérer leurs biens.

« Le PARMEHUTU appelait ça Honga, Hunga, Hora. En français, on disait la politique des 3 H ! » a-t-il fait savoir.

Dans une tentative de diversion, Antoine Mukiza Zigiranyirazo a demandé au Ministre Dr. Bizimana de fournir au moins un document prouvant que Habyarimana avait refusé de délivrer des passeports aux Tutsi qui voulaient partir à l’étranger.

Sans tarder, le Ministre Dr. Bizimana a cité un document signé par le Lt Col Juvénal Habyarimana, qui était alors Ministre de la Défense, sous le numéro 146/1.1.4/1.2.3, en date du 23 mars 1968.

« Ce sont des instructions que le Lt Col Habyarimana avait adressées au service de l’Immigration pour interdire de délivrer un passeport au prêtre tutsi du diocèse de Nyundo, Kayiranga Prudence », a-t-il précisé.

Dans cette lettre, on pouvait lire : « Ce prêtre ne doit pas obtenir de passeport parce que ses parents sont des réfugiés à l’étranger et que, s’il part à Bukavu, les Tutsi instruits auront davantage de moyens pour s’opposer au Rwanda. »

Le Ministre Dr. Bizimana a poursuivi : « Imaginez ! Être simplement un prêtre tutsi qui voulait rendre visite à sa famille à l’étranger était considéré comme un crime ! »

Il a ensuite rappelé à ce fils de Protais Zigiranyirazo ce qui s’est passé en 1975, lorsque Habyarimana a créé une commission appelée Groupe de Réflexion, composée du Lt Col Kanyarengwe, de Nsekalije et du Major Buregeya, chargée de réfléchir à la manière dont l’État devait gérer la question des Tutsi.

À l’époque, un rapport avait été rédigé en ces termes : « Après le coup d’État du 5 juillet 1973, le Tutsi a relevé la tête, pensant que son heure était venue pour se venger du Hutu et qu’ensuite il pourrait le renverser et prendre sa place. »

Le rapport poursuivait : « Voyant que cela était impossible, le Tutsi a commencé à affaiblir le Hutu. Ses proches, réfugiés à l’étranger, sont revenus au Rwanda et ont de nouveau réclamé les biens qu’ils avaient laissés. Ces demandes de restitution de leurs biens ont irrité les Hutu. »

Le Ministre Bizimana a commenté : « Voyez ça ! Ces Tutsi étaient accusés simplement parce qu’ils revenaient dans leur pays pour réclamer leurs biens. Rien que cela était déjà considéré comme un crime ! », rappelant ensuite les événements d’octobre 1982, lorsque l’Ouganda, dirigé à l’époque par Milton Obote, a expulsé les réfugiés rwandais.

En effet, lorsque les réfugiés sont arrivés au Rwanda à cette époque, le régime en place les a brutalement repoussés. Habyarimana avait ordonné aux préfets de les empêcher de regagner leurs foyers, les confinant dans les camps de Kibondo et Nasho, où un grand nombre y ont péri.

« Un mois plus tard, il les a expulsés en les renvoyant en Ouganda. Il affirmait qu’ils étaient 45 000, alors qu’ils étaient en réalité plus de 150 000 ! Parmi ces réfugiés expulsés se trouvait le Général (à la retraite) James Kabarebe. » a-t-il ajouté.

Antoine Mukiza Zigiranyirazo (à gauche) et son père Protais Zigiranyirazo

Le Ministre Bizimana a également rappelé qu’en date du 19 novembre 1982, alors qu’Habyarimana se trouvait en Belgique, il avait tenu une conférence devant des étudiants rwandais expatriés, où il confirmait sa politique d’expulsion des Rwandais, qu’il qualifiait d’« Abanya-Ouganda ».

À cette époque, Habyarimana déclara : « Nous avons constaté qu’à partir du 2 octobre, des personnes arrivaient d’Ouganda en nombre croissant, jusqu’à 5 000 par jour. Aujourd’hui, ils sont environ 45 000. Nous avons dit au gouvernement ougandais : “Vous devez les renvoyer chez eux, car ce sont des Ougandais.” », ajoutant qu’il avait demandé à l’Ouganda, si possible, de trouver ailleurs un lieu pour reloger ces Rwandais qu’il appelait les “Abanya-Ouganda”, car « au Rwanda, il n’y’avait pas de place pour eux. » avait-il affirmé.

« Voilà la politique du gouvernement. Le Rwanda souhaite que les réfugiés à l’étranger prennent des terres, cultivent, cherchent du travail, exercent un autre métier qui puisse les faire vivre là où ils se trouvent, car au Rwanda, nous n’avons pas de place pour les accueillir. C’est la position du gouvernement rwandais [alors dirigé par Habyarimana]. C’est aussi mon point de vue. Ceux qui ont des yeux pour voir l’ont constaté, ceux qui ont des oreilles pour entendre l’ont entendu. » a-t-il poursuivit.

Après avoir présenté les discours de Habyarimana, le Ministre Dr. Bizimana a interpellé les fils Habyarimana et Zigiranyirazo : « Comprenez-vous désormais la cruauté de Habyarimana ? N’a-t-il pas persécuté les réfugiés tutsi ? Cessez vos calomnies. Nous, aujourd’hui, nous rapatrions même les génocidaires des FDLR. Demandez à Straton Musoni, ancien chef issu d’Allemagne. Demandez également au Major Ntuyahaga, revenu de Belgique, ainsi qu’à bien d’autres qui sont au Rwanda. »

Le Ministre Dr. Bizimana ne s’est pas arrêté là. Il a aussi rappelé qu’en date du 26 juillet 1986, le comité directeur du MRND, l’organe suprême du parti de Habyarimana, avait pris une décision catégorique affirmant que le Rwanda n’était pas en mesure d’accueillir ni de prendre en charge ses réfugiés.

Le Ministre a présenté un document de cette commission dans lequel il était écrit : « Le Rwanda ne peut pas se permettre de s’engager à accueillir davantage de Rwandais en raison du retour des réfugiés de Kivunge », illustrant ainsi comment le plan visant à empêcher le retour des Tutsi avait été affiné.

« Voilà, jeunes hommes. Je continuerai à vous instruire », leur a-t-il assuré.

Souvent, les enfants de ceux qui ont participé au génocide contre les Tutsi tentent de dédouaner leurs parents ou proches en tenant des propos qui minimisent ou nient le génocide, mais se heurtent néanmoins à des preuves irréfutables.

Jean-Luc Habyarimana défend régulièrement son père, Juvenal Habyarimana, face aux accusations liées à son rôle central dans la persécution et le génocide contre les Tutsi

Publicité

AJOUTER UN COMMENTAIRE

REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Publicité