Le vol inédit de Ndagijimana, ex-diplomate rwandais, qui a fui avec 200 000 dollars

Redigé par IGIHE
Le 13 avril 2025 à 07:33

Révélant la face sombre de Jean Marie Vianney Ndagijimana, ancien diplomate rwandais reconverti en " militant des droits humains ", le ministre de l’Unité nationale et de l’Engagement civique, Dr Jean-Damascène Bizimana, a mis en lumière ses antécédents de détournement de fonds publics et d’exploitation d’autrui, ainsi que son rôle actuel dans la diffusion de fausses informations et de négationnisme du génocide contre les Tutsi de 1994.

Le Dr Jean-Damascène Bizimana s’exprimait ce 13 avril 2025, à l’occasion de la clôture officielle de la Semaine de commémoration du génocide perpétré contre les Tutsi, laquelle coïncide également avec l’hommage rendu aux responsables politiques assassinés pour avoir dénoncé l’idéologie génocidaire et tenté d’en empêcher l’exécution.

Il a rappelé que Jean Marie Vianney Ndagijimana, qui avait brièvement occupé le poste de ministre des Affaires étrangères dans le Gouvernement d’union nationale en 1994, affirme aujourd’hui — à tort — que moins de 350 000 Tutsi ont été tués, alors que les données vérifiées établissent le bilan à plus d’un million de victimes.

Le Dr Bizimana a également mis en lumière des faits peu connus concernant Ndagijimana, soulignant que ce dernier utilise son activisme politique et sa prétendue défense des droits humains comme un paravent pour dissimuler un passé marqué par des malversations graves.

« Dans le Gouvernement d’union nationale mis en place en juillet 1994, Jean Marie Vianney Ndagijimana avait été nommé ministre des Affaires étrangères. Pourtant, à peine deux mois plus tard, il avait fui le pays après avoir détourné près de 200 000 dollars de fonds publics », a déclaré le Dr Jean-Damascène Bizimana.

Il a précisé que le Premier ministre de l’époque, Faustin Twagiramungu — un proche de Ndagijimana, également originaire du district de Rusizi — avait publiquement dénoncé ce détournement dans une déclaration officielle en date du 19 octobre 1994, ainsi que dans plusieurs interviews accordées à des médias internationaux. Malgré les menaces répétées de Ndagijimana de poursuivre en justice ceux qui l’accusaient, Twagiramungu est décédé sans jamais avoir été inquiété judiciairement.

C’est en réalité Ngarukiye Léon, alors directeur de cabinet au ministère des Affaires étrangères — qui avait remis les fonds à Ndagijimana à l’aéroport international de Kigali — qui a été traduit en justice. Toutefois, dans un jugement rendu par un tribunal français le 6 novembre 2023, Ngarukiye a été blanchi, ce qui équivaut à une confirmation implicite de la culpabilité de Ndagijimana.

Le 4 octobre 1994, alors qu’il faisait partie d’une délégation rwandaise en route pour l’Assemblée générale des Nations unies à New York, Ngarukiye Léon avait confié les fonds à Ndagijimana, afin qu’il les remette à la nouvelle ambassade du Rwanda, récemment rouverte en France.

Mais au lieu de s’acquitter de cette mission, Ndagijimana s’est enfui en France avec l’argent. Le Dr Bizimana a souligné que, malgré la décision de justice qui l’a indirectement condamné, il n’a jamais reconnu publiquement les faits, conscient que les procédures judiciaires avaient mis en lumière son implication dans ce détournement.

Le ministre a également indiqué qu’il ne s’agissait pas d’un cas isolé. Un audit mené en 1995 à l’ambassade du Rwanda à Paris a révélé que, durant son mandat d’ambassadeur (1990–1994), Ndagijimana avait profité du climat politique instable à partir de 1992 pour se livrer à d’autres malversations financières.

En septembre 1992, Jean Marie Vianney Ndagijimana a illégalement vendu une propriété de l’État rwandais située à Paris, sans en informer le ministère des Affaires étrangères. Le bien a été cédé pour 1,85 million de francs français, soit moins de la moitié de son prix d’achat initial, estimé à 3,75 millions, laissant présumer une transaction précipitée et guidée par des intérêts personnels.

Le Dr Bizimana a révélé qu’avant cette vente, Ndagijimana avait faussement déclaré que la maison était endommagée, allant jusqu’à incendier intentionnellement une partie du bâtiment. Il a ensuite sollicité, et obtenu, 1,3 million de francs pour des travaux de rénovation, alors qu’il avait initialement estimé les réparations à seulement 700 000 francs.

Le même audit a également mis en lumière un autre abus : le vol de 75 200 francs français (l’équivalent d’environ 20 millions de francs rwandais actuels) au détriment de son employée de maison, d’origine éthiopienne. Selon les explications du Dr Bizimana, Ndagijimana avait ordonné au comptable de l’ambassade, Athanase Nsengiyumva, de verser les salaires du personnel domestique sur son propre compte bancaire personnel. Il s’est ensuite abstenu de reverser les sommes dues à ses employés, en particulier à sa domestique éthiopienne, privant ainsi ces travailleurs leur rémunération légitime.

Le Dr Bizimana a souligné que le comportement de Jean Marie Vianney Ndagijimana avait créé un précédent néfaste, encourageant d’autres diplomates rwandais à adopter des pratiques similaires après le génocide contre les Tutsi. Ces dérives incluaient la dégradation de biens publics, la vente illégale d’actifs appartenant à l’État, ainsi que l’occupation abusive de logements gouvernementaux bien au-delà de la fin de leurs mandats diplomatiques.

Parmi les diplomates impliqués figurent Ukobizaba Martin, Nderebeza Anasthase et Shirampaka Anasthase. Toutefois, le cas le plus grave, selon le ministre, est celui du colonel Sébastien Ntahobari, alors attaché militaire pour la coopération à l’ambassade du Rwanda à Paris, de 1992 à décembre 1994.

Bien qu’il ait été rappelé par le ministère de la Défense, Ntahobari refusa de regagner le Rwanda et choisit de rester en France jusqu’à son décès. Un audit a révélé qu’il exerçait un contrôle total sur les finances de l’ambassade en 1993 — une période marquée par d’importants transferts de fonds destinés à l’achat d’armes — et qu’il avait détourné plus de deux millions de dollars. Il aurait agi avec la complicité du ministre de la Défense de l’époque, Augustin Bizimana, qui avait autorisé les transferts, ainsi qu’avec d’autres membres du personnel diplomatique.

Jean Marie Vianney Ndagijimana, ancien diplomate rwandais, a détourné plus de 200 000 dollars des caisses de l'État
C'est le ministre Bizimana qui a révélé la face sombre de Jean Marie Vianney Ndagijimana

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