Les larmes de crocodile de Judith Suminwa

Redigé par Tite Gatabazi
Le 1er mars 2025 à 02:59

La Première ministre de la RDC, Madame Judith Suminwa qui, d’ordinaire, s’abstient de toute condamnation des atrocités innommables commises par la CODECO et l’ADF en Ituri, qui observe dans un mutisme coupable la persécution incessante des tutsi congolais par les FDLR et les Wazalendo au Nord-Kivu, et qui, par son indifférence, cautionne l’épuration ethnique dont sont victimes les Banyamulenge au Sud-Kivu, peut-elle, avec une soudaine ferveur, se draper de compassion feinte et répandre des larmes de crocodile à l’occasion d’un attentat survenu lors d’un rassemblement de l’AFC/M23 à Bukavu ?

Le pouvoir en place en République démocratique du Congo semble une fois de plus jouer une partition bien rodée : celle du pyromane-pompier, attisant les flammes du chaos pour ensuite venir, le visage grave, feindre de les éteindre à coups de discours larmoyants. Le Sud-Kivu, Katana, Mudaka, Miti, Kabare, meurtri par les exactions de soldats censés protéger les civils, en est le dernier théâtre.

Lorsque les projectiles des Forces Armées de la République Démocratique du Congo, appuyées par les supplétifs Wazalendo et les combattants FDLR, lacèrent l’air de leur sifflement mortifère, les villages, livrés aux affres du chaos, s’embrasent sous la fureur aveugle des conflits.

Les habitations, jadis havres de paix, ne sont plus que cendres et désolation, tandis que les populations errantes, endeuillées et démunies, pleurent leurs morts dans un silence plus déchirant encore que les clameurs du carnage. Et pourtant, face à cette tragédie où l’horreur le dispute à l’indifférence, les autorités, retranchées derrière un mutisme glaçant, opposent au fracas des armes un silence coupable, aussi pesant que l’ombre de l’abandon qui s’abat sur les terres meurtries.

Des communiqués truffés de formules creuses, des promesses d’enquêtes qui ne déboucheront sur rien de concret… Voilà le modus operandi du pouvoir de Tshisekedi qui se nourrit du chaos autant qu’il prétend le combattre.

Les larmes de crocodile coulent alors sur les joues de ceux qui, hier encore, fermaient les yeux sur l’embrasement du Kivu. Les discours de compassion résonnent dans le vide d’une action inefficace, voire complice.

Comment accorder le moindre crédit à la probité d’un gouvernement qui, par son inaction complice ou son aveuglement coupable, permet à ses propres forces de se muer en instruments d’oppression et de terreur ? Lorsqu’au lieu d’incarner la sauvegarde de la nation, elles deviennent les bras armés de la désolation, foulant aux pieds les principes mêmes qu’elles étaient censées défendre.

Comment ne pas voir dans ce silence officiel l’aveu d’une démission morale ? La souveraineté d’un État ne se mesure pas seulement à la force de ses armes, mais à la justice qu’il dispense et à la protection qu’il assure à son peuple. Or, lorsque ce dernier n’est plus qu’un tribut offert à l’appétit vorace de la violence, que reste-t-il d’un pouvoir sinon l’ombre d’une autorité dévoyée, incapable de conjurer sa propre dérive ?

Comment concevoir que la tragédie congolaise s’inscrive dans une éternelle répétition, tel un cycle funeste où chaque lueur d’espoir se voit inéluctablement ensevelie sous les cendres du chaos ? Nourrie par l’impunité érigée en règle et par la duplicité d’élites davantage soucieuses de préserver leurs privilèges que d’arracher la nation à l’abîme, cette fatalité semble se perpétuer avec une implacable constance.

La mémoire des massacres s’efface sous le poids de l’oubli intéressé, les bourreaux se recyclent en maîtres du présent, et la souffrance du peuple, reléguée à une tragédie sans témoin, devient l’éternel tribut d’un pays que l’histoire condamne à renaître sans jamais se relever. Dès lors, comment ne pas s’indigner face à cette répétition du mal, où chaque indignation, vite étouffée, ne fait qu’annoncer la prochaine hécatombe ?

Pendant que la première ministre affiche une émotion de façade, les Congolais, eux, voient clair dans ce jeu macabre. L’indignation feinte ne trompe plus personne. Les victimes méritent justice, non des larmes opportunistes versées devant les caméras. Le peuple congolais, de plus en plus éveillé, sait désormais que ceux qui prétendent panser les plaies sont souvent ceux qui, dans l’ombre, tiennent le tison ardent.

Et si le pouvoir vacille, ce n’est pas parce que le vent tourne, mais parce que le feu qu’il croyait maîtriser menace désormais de le consumer.

Judith Suminwa, première ministre de la RDC

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