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Les ombres de la prison de Makala

Redigé par Tite Gatabazi
Le 13 septembre 2024 à 12:16

L’ombre pesante de Makala s’étend, bercée par des cris étouffés, des corps amoncelés dans une promiscuité suffocante. Joseph Yusufu Maliki, sentinelle solitaire face à l’inévitable, avait levé l’étendard de l’alerte, son souffle se mêlant aux murs de la prison.

Pendant plus d’une année, il avait jeté des mots comme des bouteilles à la mer, adressant ses prières à Rose Mutombo, ministre de la Justice. Ses appels résonnaient dans le vide, se fracassant contre une indifférence de pierre.

Makala, avec ses 11 000 âmes captives, portait déjà en elle les stigmates de la mort. Les maladies contagieuses erraient librement, ravageant des corps trop fragiles pour supporter ce monde clos.

Et puis, en avril, une voix s’éleva : celle du médecin de la prison, témoin impuissant d’une promiscuité devenue insupportable. Il décrivait des hommes amoncelés, sans espace ni espoir, dormant à même le sol ou dans les recoins les plus sombres. Certains, condamnés à une existence misérable, se relayaient pour dormir, l’immobilité devenant leur unique répit.

En janvier 2024, alors que le nombre de prisonniers atteignait 14 000, le cri de Joseph Yusufu Maliki devint un SOS désespéré. Il implorait la ministre, lui rappelant l’urgence d’une action immédiate, d’une libération conditionnelle salvatrice pour empêcher le pire.

Mais le silence, une fois encore, enveloppa ses suppliques. En juillet, un millier de détenus supplémentaires s’ajoutèrent à ce tableau déjà déchirant.

Et l’histoire de Makala, comme un refrain tragique, continuait de se dérouler sous les yeux impassibles des autorités, tandis que des vies, chaque jour, s’éteignaient dans l’oubli.

La prison de Makala a acquis une sinistre réputation de mouroir.

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