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Liban : Saad Hariri jette l’éponge

Redigé par Mutni
Le 2 février 2022 à 02:11

Le leader libanais Saad Hariri fait son entrée, ce 24 janvier après-midi, pour un bref discours qui fera date. « Je suspends ma participation à la vie politique et invite ma famille politique au sein du Courant du futur à suivre ma voie », déclare-t-il, la voix brisée par l’émotion.

Le retrait de l’ancien premier ministre, qui était installé depuis de longs mois aux Émirats arabes unis, était pressenti depuis plusieurs semaines, mais il marque un tournant pour le pays comme pour la communauté sunnite, désormais sans leadership. Et pourrait mettre en jeu le devenir des législatives du 15 mai.

À l’origine de la décision de Saad Hariri, sa conviction qu’« il n’y a pas de place pour une quelconque opportunité positive pour le Liban, à la lumière de l’influence iranienne, du désarroi international, de la division nationale, du sectarisme et de l’effondrement de l’État ».

« Il ne fait aucun doute que pour éviter une guerre civile, j’ai dû faire des compromis », a-t-il lâché, les larmes aux yeux.

Entré en politique à l’âge de 34 ans alors que rien ne l’y prédestinait, Saad Hariri en sort, dix-sept ans plus tard, accablé par une série de revers financiers et politiques, alors que le Liban demeure englué dans une profonde crise économique et financière.

Nommé trois fois premier ministre depuis 2005, le leader du Courant du futur aura connu quelques hauts et beaucoup de bas au cours de sa carrière politique.

Propulsé dans l’arène libanaise après le décès de son père Rafic Hariri, il prend la place de son frère aîné Baha, sur décision du clan Hariri et est adoubé par l’Arabie saoudite, où le cadet des Hariri a grandi et commencé dans les affaires.

D’abord timide mais proche des gens, il gagne rapidement les faveurs de la communauté sunnite au Liban, alors que le pays est dans la tourmente. Malgré son inexpérience, Saad Hariri devient député en 2005 et prend la tête d’un important bloc parlementaire hostile à Damas, alors que l’armée syrienne, présente dans le pays depuis vingt-neuf ans, quitte le Liban.

Ce n’est qu’en 2009, après une nouvelle victoire aux législatives, qu’il forme son premier gouvernement. Deux ans plus tard, son cabinet tombe, emporté par la démission de onze ministres du Hezbollah et de ses alliés, dans le cadre de tensions concernant le Tribunal spécial pour le Liban, chargé de l’enquête sur la mort de Rafic Hariri.

S’ensuit une première traversée du désert pour Saad Hariri qui passe son temps entre Paris et Riyad, laissant d’autres ténors politiques sunnites gérer le pays en proie à de nombreux bouleversements.

C’est en homme de compromis qu’il revient au Liban en 2016, après avoir scellé une entente avec le Courant patriotique libre, l’allié chrétien du Hezbollah, qui propulse Michel Aoun à la présidence de la République. Saad Hariri forme son deuxième gouvernement, mais l’aventure tourne court.

Le 4 novembre 2017, le premier ministre libanais apparaît le visage défait à la télévision pour y annoncer sa démission depuis Riyad où il s’était rendu sur une injonction de Mohammed Ben Salmane (MBS), le futur prince héritier du royaume saoudien.

L’Arabie saoudite, traditionnel parrain des sunnites et des Hariri, ne cache plus son mécontentement à l’égard de son poulain, le jugeant trop complaisant avec le Hezbollah chiite.

Au terme d’une mobilisation internationale, Saad Hariri rentre finalement à Beyrouth, mais rien n’y fait. Son étoile a pâli, sous l’effet des crispations saoudiennes. Alors que son bloc perd le tiers de ses sièges aux législatives de 2018, son troisième gouvernement se voit empêtré dans des querelles de clocher. Jusqu’à ce 29 octobre 2019, où il annonce sa démission, sans concertation avec ses partenaires du pouvoir, douze jours après le début de la contestation populaire au Liban.

En octobre 2020, alors que le Liban est plongé dans une crise économique inédite couplée à une impasse politique, Saad Hariri se voit de nouveau nommé premier ministre, malgré l’opposition de Michel Aoun, mais demeure incapable, dix mois durant, de former un gouvernement.


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