PLO Lumumba préconise une confédération pour résoudre la crise du M23 en RDC

Redigé par IGIHE
Le 24 juin 2025 à 07:06

Le célèbre intellectuel africain et panafricaniste, le professeur PLO Lumumba, a suggéré à la République démocratique du Congo (RDC) d’adopter un modèle de confédération afin de résoudre la crise actuelle, notamment celle liée à la rébellion du M23 qui secoue l’est du pays.

Dans une interview exclusive accordée au Long Form Podcast animé par Sanny Ntayombya à Nairobi, Lumumba a proposé une restructuration radicale du système de gouvernance de la RDC afin de traiter les problèmes systémiques à l’origine du conflit, notamment la faiblesse des institutions étatiques, les frontières héritées de la colonisation et l’exclusion ethnique.

Lumumba a suggéré que l’administration de Kinshasa convoque une réunion de tous les Congolais, y compris tous les groupes rebelles, pour discuter d’un modèle de confédération inspiré de la Suisse.

« Une confédération avec un centre très lâche, un centre qui ne s’occupe que de la défense, des affaires étrangères, et de ce que j’appelle la coordination nationale », a-t-il expliqué.

Il a soutenu que l’octroi d’une autonomie aux régions dans les domaines de la police et de la formulation des politiques permettrait de « décharger le centre » et de répondre aux griefs à l’origine des rébellions comme celle du M23, qu’il a qualifiée de « symptôme » et de « réaction » face à l’exclusion.

Sans de telles mesures, Lumumba a averti que la RDC risque de devenir « de plus en plus ingouvernable », ce qui pourrait entraîner une division de fait malgré la reconnaissance internationale de l’autorité de Kinshasa.

En Suisse, le modèle de confédération fonctionne comme un État fédéral mettant fortement l’accent sur le principe de subsidiarité et la démocratie directe. C’est un système où le pouvoir est réparti sur trois niveaux : la Confédération, les cantons et les communes, chacun ayant ses propres compétences et responsabilités.

Le principe de subsidiarité stipule que les tâches doivent être assumées au niveau le plus bas possible du gouvernement, et les pouvoirs de la Confédération sont limités à ceux explicitement accordés par la Constitution fédérale.

Cette décentralisation robuste garantit que les cantons et les communes conservent une autonomie importante sur les questions locales telles que l’éducation et la police, tandis que les citoyens participent activement à la gouvernance par le biais de référendums et d’initiatives fréquents, favorisant une approche ascendante de la prise de décision qui exige à la fois une majorité nationale de votes et une majorité des cantons pour les décisions fédérales majeures.

Les cantons sont comparables à des États ou des provinces et constituent les principales divisions administratives dotées d’un haut degré de souveraineté. Les communes, également appelées municipalités, sont les plus petites unités politiques, analogues à des villes ou villages locaux.

Rébellion du M23

La rébellion du M23, qui lutte contre des décennies de marginalisation et de persécution des Tutsi congolais, a conquis plus tôt cette année de vastes territoires dans l’est de la RDC, notamment les villes de Goma et Bukavu.

Des efforts sont en cours pour résoudre le conflit, notamment par l’implication du Qatar dans la médiation et le processus dirigé par l’Union africaine, mais les défis restent nombreux. Les rebelles accusent l’administration de Kinshasa d’agir de mauvaise foi en refusant des pourparlers directs, en bloquant des mesures de confiance comme la libération de prisonniers, et en sapant délibérément les efforts de paix.

Lumumba a critiqué l’administration Tshisekedi pour sa réticence à engager un dialogue constructif et pour avoir expulsé les forces est-africaines déployées en 2023 pour séparer les belligérants.

Il a également exprimé son inquiétude concernant l’implication de mercenaires étrangers dans le conflit, notamment ceux liés à Blackwater d’Erik Prince, avertissant que des acteurs extérieurs exploitent l’instabilité de la RDC pour s’approprier ses ressources naturelles.

« Il existe des puissances et des principautés en dehors de la République démocratique du Congo… qui estiment qu’un Congo instable et désordonné est nécessaire à leur bien-être », a-t-il déclaré, en citant l’exploitation historique par des puissances coloniales telles que la Belgique.

Au-delà de la RDC, Lumumba a partagé ses réflexions sur d’autres enjeux majeurs en Afrique. Il a salué le capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso comme un symbole de résistance au néocolonialisme, en particulier à l’influence française, mais a mis en garde contre une simplification excessive de son rôle.

« Le verdict est encore en suspens quant à ses performances réelles », a souligné Lumumba, en appelant à ne pas réduire l’ascension de Traoré à de « simples slogans creux » ou à de la propagande russe.

Il a insisté sur la nécessité d’un mouvement plus large pour soutenir cette dynamique, avertissant que le leadership individuel risque d’être éliminé, citant des figures historiques telles que Thomas Sankara et Patrice Lumumba.

Concernant le Président Paul Kagame, Lumumba a salué sa gouvernance disciplinée après le génocide perpétré contre les Tutsi en 1994, lui attribuant la remarquable reconstruction du Rwanda « dans des circonstances très difficiles ».

Lumumba s’est également penché sur le conflit en cours au Soudan, le qualifiant de « guerre des ego » entre des dirigeants comme Abdel Fattah al-Burhan et Mohamed Hamdan « Hemedti » Dagalo. Il a déploré la destruction des infrastructures et de l’économie soudanaises, avertissant que la prolifération des mercenaires et des drones pourrait conduire à « une société dont la reconstruction prendra des générations ».

Il a appelé à une intervention renforcée de l’Union africaine pour résoudre ce type de conflits, critiquant la dépendance de cette organisation aux financements extérieurs.

En évoquant la perception mondiale du leadership africain, Lumumba a exprimé son désarroi face à la réprimande publique du président américain Donald Trump à l’encontre du président sud-africain Cyril Ramaphosa, à propos des accusations de « génocide blanc » lors de sa visite aux États-Unis en mai.

Il a décrit cet incident comme douloureux, mais a suggéré que la réponse calme de Ramaphosa avait peut-être atténué l’humiliation.

« Lorsque l’histoire sera écrite, [Trump] sera celui qui sera humilié », a-t-il déclaré, tout en s’interrogeant sur le moment choisi pour la visite de Ramaphosa aux États-Unis.

Le message principal de Lumumba était un appel à l’unité africaine pour faire face au néocolonialisme et aux dysfonctionnements internes, critiquant les élites africaines pour leur égoïsme et leur manque de patriotisme, ce qui, selon lui, perpétue une « culture de la rareté » et l’impunité.

Citant feu le président ghanéen Kwame Nkrumah, il a exhorté le continent à s’exprimer d’une seule voix, sur le plan diplomatique et économique, afin de résister à l’exploitation extérieure.

« Une Afrique unie nous immunisera contre les machinations diaboliques des autres », a-t-il affirmé. « Une Afrique divisée sera dévorée au petit-déjeuner, au déjeuner et au dîner. »

Le professeur PLO Lumumba a suggéré un modèle de confédération pour résoudre la crise en RDC, en particulier la rébellion du M23 dans l’est du pays

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