Quand l’arrogance militaire coûte des millions et la paix s’éloigne

Redigé par Tite Gatabazi
Le 12 novembre 2025 à 12:25

Coup pour coup, tel était l’avertissement sans ambiguïté lancé par Bertrand Bisimwa, coordonnateur adjoint en charge des affaires politiques et diplomatiques de l’AFC/M23 à l’endroit des autorités de Kinshasa et de leurs alliés.

L’abattage spectaculaire d’un drone CH-4 des FARDC dans le territoire de Masisi n’est pas un simple épisode militaire : il illustre, dans toute sa clarté, la faillite d’une stratégie de confrontation qui s’entête à substituer la guerre au dialogue, la surenchère à la raison.

Depuis plusieurs semaines, les Forces armées congolaises et leurs supplétifs étrangers ont intensifié leurs bombardements indistincts sur les localités densément peuplées du Sud-Kivu et du Nord-Kivu. Hôpitaux, marchés, convois humanitaires rien n’a semblé échapper à la fureur aveugle des frappes.

Cette brutalité, loin de rétablir quelque souveraineté que ce soit, n’a fait qu’enraciner la colère et la défiance au sein des populations civiles, premières victimes de cette spirale autodestructrice.

Dans cette atmosphère de démesure, l’incursion du drone CH-4 dans le ciel de Masisi a sonné comme un acte d’imprudence tragique. Bisimwa avait prévenu : les zones dites « libérées » ne sont plus un terrain d’expérimentation pour la flotte aérienne congolaise.

L’AFC/M23, forte de ses nouvelles batteries antiaériennes, s’était préparée à faire payer cher toute violation de son espace. Ce qui devait advenir advint : le drone, fleuron coûteux de la coopération militaire avec certains partenaires étrangers, s’est embrasé dans le ciel congolais avant de s’écraser, rappel brutal que la supériorité technologique ne compense jamais l’aveuglement politique.

L’événement revêt une portée symbolique redoutable : il traduit la mutation d’un rapport de forces et la sanction d’une obstination. Chaque drone abattu, chaque Sukhoï touché, chaque million de dollars volatilisé dans les airs est le prix d’une paix refusée, d’un dialogue différé, d’un orgueil entretenu.

A Kinshasa, on feint d’y voir un incident isolé ; sur le terrain, c’est l’expression d’une nouvelle réalité militaire et d’un désaveu cinglant des stratégies d’imposition par la force.
Car la guerre, en définitive, ne se gagne pas à coups de machines volantes, mais par la lucidité politique et la volonté de réconciliation. L’AFC/M23, en abattant ce drone, n’a pas seulement abattu un engin : elle a fait tomber le masque d’une diplomatie guerrière qui s’effondre sur elle-même.

La paix n’est plus un luxe ; elle est devenue une urgence. Reste à savoir combien d’autres engins il faudra voir exploser dans le ciel du Kivu avant que la raison ne prenne enfin le pas sur la vanité.

L’incursion du drone CH-4 dans le ciel de Masisi a sonné comme un acte d’imprudence tragique.

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