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RDC : Tshisekedi et les sauts d’obstacles

Redigé par Tite GATABAZI
Le 19 janvier 2022 à 01:59

Apres les élections qui ont tenues le pays en haleine, le 30 décembre 2018, la Commission électorale indépendante de la République Démocratique du Congo proclamait Tshisekedi vainqueur de la présidentielle.

Le 24 janvier 2019 avait lieu la cérémonie d’investiture ou il recevait les insignes du pouvoir des mains de son prédécesseur Kabila.

Ce dernier capitalisera et exploitera sans modération « la première alternance pacifique » de l’histoire post indépendance, reléguant la gestion calamiteuse du pays pendant dix-huit ans.

Mais Tshisekedi va diriger le pays avec les deux tiers des ministres (45 sur 65) dévolu au Front Commun pour le Congo « FCC » de Kabila.

Lequel FCC détenait également une majorité confortable à l’assemblée nationale (338 députés sur 500) et au Sénat ainsi que dans les assemblées provinciales.
L’UDPS de Tshisekedi n’ayant que 47 députés et un gouvernorat, celui du Kasaï Oriental.

Non seulement l’accession de Tshisekedi à la présidence de la république ne fait pas l’unanimité, mais il hérite d’un pays délabré avec des multiples défis.

Pour ce faire, les deux coalitions FCC de Kabila et Cap pour le Changement « CACH » de Tshisekedi et Kamerhe vont signer un « accord de gouvernement ».

Déjà des voix et non des moindres dans le pays s’interrogent. Avec qui et avec quelles ressources va-t-il gouverner le pays ?

On craint la continuité du « système Kabila » qui incarne la prédation.

Kabila détient l’effectivité du pouvoir avec les majorités dans toutes les institutions et les services de sécurité.

Son ombre plane sur le nouveau pouvoir. Tous les observateurs le considèrent comme le maitre du jeu et Tshisekedi comme « un faire-valoir ».

Et il va en baver. Par le biais de ses hommes placés çà et là, Kabila va lui faire avalé des couleuvres jusqu’au calice.

Tout acte doit faire l’objet de consultation. Et donner l’occasion d’invectives et de tensions et de blocages.

Tshisekedi a conscience de l’impatience de la population.

De la lutte contre la corruption à la meilleure traçabilité des recettes de l’Etat en passant par la restauration de la sécurité à l’est du pays. La bataille du contrôle des institutions fait rage. Le parcours est semé d’embûches.

On assiste à des consultations en trompe l’œil.

Et Tshisekedi va être trainé dans la boue. Avec des propos qui frisent le mépris. On se souvient des phrases assassines de Jeanine Mabunda, Présidente de l’assemblée nationale et de Tambwe Mwamba du Sénat pour ne citer que ceux-là.

Des ministres qui prennent des initiatives hors conseil des ministres.

Des blocages à la commission nationale électorale, des juges de la cour constitutionnelle nommés à la cour de cassation qui refusent de rejoindre leurs postes.

Le premier ministre, le président du sénat et la présidente de l’assemblée nationale qui boycottent la prestation de serment des nouveaux magistrats nommés par le Chef de l’Etat.

Mais le 21 octobre 2020, le Chef de l’Etat recevra le serment des trois juges de la cour constitutionnelle.

Cette nomination avait fait l’objet d’un véritable bras de fer, finalement remporté par le Chef de l’Etat. Une institution clé dans la perspective électorale de 2023.

C’est elle qui valide les candidatures et connait du contentieux électoral.

Des sorties controversées des ministres et des raccourcis fallacieux, des attaques inacceptables contre le Chef de l’Etat par les caciques du FCC suscitent stupeur et colère.

Tshisekedi va subir des avanies sans pouvoir contre attaquer. A peine ses partisans s’en indigneront.

Il va souffrir dans sa chaire et rester digne. On se souvient des décès inexpliqués à la présidence et de l’attentat contre l’avion qui devait l’amener à Goma.

Seulement, trop c’est trop et Tshisekedi va prendre le taureau par les cornes et défaire le FCC.

Du 2 au 25 novembre 2020, il va lancer des consultations avec les forces vives de la nation afin de dégager une nouvelle majorité.

Pour ce faire, il va s’appuyer sur l’alliance des forces démocratiques du Congo « AFDCA » de Bahati Lukwebo qui n’avait reçu ni la primature ni la présidence du sénat.

Mais aussi sur Moise Katumbi et Jean Pierre Bemba.

Dans une allocution solennelle du 6 décembre 2020, Tshisekedi met un terme au pacte avec Kabila et lance la confection d’une nouvelle majorité « union sacrée ».

« Malgré les efforts que j’ai déployés, les sacrifices que j’ai consentis et les humiliations que j’ai tolérés, cela n’a pas suffi à faire fonctionner harmonieusement cette coalition » déclare-t-il.

Le 10 décembre 2020, le bureau de l’assemblée nationale est destitué et inaugure l’effet domino des chefs d’institutions du FCC, des députés et des gouverneurs.

Le 29 janvier 2021, le premier ministre Ilukamba remet sa démission au Chef de l’Etat et déclare avoir tiré les conséquences de l’évolution de la situation politique du pays.

Alexis Tambwe Mwamba au Sénat remettra sa démission quelques jours plus tard plutôt que de faire face à une motion de destitution.

Les recours judiciaires pour faire obstruction ne seront d’aucun secours.
L’opinion jubile pendant qu’au FCC c’est hémorragie. Les questions fusent et on reconnait que la bataille est perdue. Les règlements de compte commencent.

La gestion de crise n’est pas leur point fort. Les ambitions des uns et les frustrations des autres feront le reste. Tellement fragile sur ses fondations qu’il s’écroule comme un château des cartes.

Kabila s’envole vers le Katanga pour décompresser.

Le FCC est réduit à une poignée d’individus autour de Kabila. Certains des plus proches prennent même le chemin de l’exil dont l’emblématique conseiller diplomatique Kikaya Bin Karubi.

Le FCC sans stratégie politique, dont l’enrichissement personnel constituait le programme paye sa cécité.

La reconfiguration des alliances fait des victimes collatéraux et Kabila assiste impuissant à l’implosion de sa coalition.

L’issue conforte la consolidation du pouvoir de Tshisekedi.

Mais il aura perdu un allié en cour de route. La chute de Vital Kamerhe, home orchestre de Kabila, passé par l’opposition puis allié de Tshisekedi, il se présentait comme « faiseur des rois ».

Directeur de cabinet du Chef de l’Etat face à un gouvernement démissionnaire, il supervisera les travaux d’urgence de cent jours et y laissera les plumes.

La justice lui reproche le détournement de cinquante millions de dollars alloués à la construction des logements sociaux.

Sa condamnation à vingt ans le met « hors-jeu ».

Mais la politique a ses aléas.

Le 14 janvier 2022, Jean Marc Kabund annonce sa démission du poste stratégique de premier vice-président de l’assemblée nationale.

Outre l’assemblée nationale, il est président ad intérim de l’union pour la démocratie et le progrès social « UDPS » du Président Tshisekedi et coordonnateur de la nouvelle majorité « union sacrée ». C’est dire combien il est le pilier dans le dispositif présidentiel.

Mais ce mercredi 19 janvier 2022, son directeur de cabinet, Me Emmanauel Kahaya annonce qu’il aurait renoncé à sa démission.

En politique il n’y a pas d’amis, il n’y a que des intérêts.

On réalise tous les jours et partout combien la politique est infidèle, imprévisible et cruelle.

Il n'y a pas d'amis en politique. Il n'y a que des intérêts

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