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Rwanda : Désépaissir le mystère de l’attentat du 6 avril

Redigé par Tite Gatabazi
Le 11 janvier 2022 à 08:25

Dans son livre « Ainsi sonne le glas : les derniers jours du Maréchal Mobutu », Honoré Ngbanda, y relate les dernières années de règne du Maréchal Mobutu. Ancien conseiller spécial en matière de sécurité, après avoir été ministre de la défense nationale et patron des services de renseignements.

Il y explique comment le Président Rwandais Habyarimana avait sollicité l’aide du Maréchal Président pour sa protection.

Le Président Habyarimana craignait pour sa sécurité et s’était confié au Président Mobutu.

Selon Ngbanda, la frange extrémiste de « l’akazu de madame Agathe » constituait une véritable menace à la sécurité du Président Habyarimana.

En mars 1994, sur instruction de Mobutu, Ngbanda avait effectué une mission de prospection à Kigali. Il n’aura pas le temps de revenir fin avril.

Le 6 avril 1994, les Présidents Habyarimana du Rwanda et Ntaryamira du Burundi et leurs délégations respectives sont victimes d’un attentat contre l’avion présidentiel qui les ramenait d’Arusha en Tanzanie.

Le tir d’un missile contre le Falcon 50 présidentiel qui transportait les deux Présidents explose l’appareil à l’atterrissage et celui-ci s’écrase dans le jardin de la résidence du Président à Kanombe.

Le collège des experts conduit par le juge d’instruction Trevidic avait conclu, au-delà de tout doute raisonnable, que les missiles avaient été tirés, non pas depuis Masaka, mais depuis le camp militaire de Kanombe.

Un camp qui était le cantonnement d’unités d’élite et fief des officiers hutus extrémistes.

On se souvient que la tristement célèbre Radio Télévision de Mille Collines « RTLM » qui avait multiplié des clins d’œil prévenant ses auditeurs que le 4 ou le 5 avril il se passera quelque chose.

Prémonitoire ou simple coïncidence ?

Des zones d’ombres et des questionnements persistent et entourent à ce jour cet attentat !

Le 17 septembre 2015, le ministère français de la défense, à la demande du juge d’instruction Trevidic, avait déclassifié une note de la direction générale de la sécurité extérieure « DGSE » de septembre 1994.

Cette note désignait nommément les colonels Bagosora et Serubuga comme « les principaux commanditaires de l’attentat du 6 avril ».

Leur mise à la retraite en 1992 alors qu’ils espéraient obtenir le grade de général a été l’origine d’un lourd ressentiment.

Et occasionna un rapprochement ostensible avec l’akazu de Mme Agathe.

Aussitôt après le crash, les militaires de la mission des nations unies d’assistance pour le Rwanda « MINUAR » sont interdit d’accès aux débris de l’avion mais le commandant français Grégoire de Saint Quentin y déploie ses soldats.

Mais aussi, une chape de plomb pèse sur l’assassinat des deux gendarmes français et l’épouse de l’un d’eux.

Les gendarmes René Maier, Alain Didot et son épouse Gilda ont été assassiné dans les premières heures du génocide contre les tutsis.

Leurs corps sans vies avaient été retrouvés enfouis dans le jardin sous une couche mince de terre.

Alain Didot était adjudant-chef et spécialiste des transmissions radio.

« Au sein de la mission d’assistance militaire technique effectuée par la France, il est nommé instructeur est conseiller en matière de transmission auprès des forces armées rwandaises ».

Il installa et assura la maintenance des matériels du réseau YAESU utilisé par les forces armées rwandaises. Et la station directrice du réseau était à son domicile.

Il assurait également la sécurisation des communications de l’Ambassade de France.

Dans ce dispositif de communication et de transmission des messages militaires en temps ce guerre, l’adjudant-chef était la pièce maitresse.

Peut-être avait-il entendu les échanges radio du commando qui avait abattu l’avion et pourquoi pas le top départ des missiles.

Mais ça, le matériel et les pièces qui l’auraient attesté avait disparu en même temps que les gendarmes.

Et un épais brouillard entoure ces assassinats et les suites qui y ont été réservées.
D’abord, les demandes officielles du procureur et d’un député pour l’ouverture d’une enquête judiciaire sont restées lettres mortes.

En effet, le député Alain Marsaud, ancien magistrat antiterroriste estimait que « l’affaire exigeait l’ouverture d’une enquête judiciaire ».

Le procureur de la république de Paris, Bruno Cotte avait jugé le dossier « suffisamment important pour transmettre le 25 juillet 1994 un document au procureur général de la cour d’appel de paris », Jean François Burgelin.

Dans son rapport, le Pr Duclert indique : « si l’ouverture d’une enquête avait été rejetée, il aurait dû y avoir un retour motivant ce refus. Mais là, il n’y a aucune trace écrite.

Comme si l’alerte émise par le procureur n’avait pas été entendu ».

Il y a aussi les actes de décès qui seraient « des faux » car le Médecin légiste Michel Thomas en poste à Bangui à qui est attribuée la délivrance desdits certificats le dément formellement.

Bien plus, le fait que des hauts gradés militaires avaient contraint les parents de Didot de signer un document « de ne pas porter plainte ».

Il y a forte à parier que ces assassinats aient un lien de causalité avec l’attentat du 6 avril.

Pour les familles, il y a de la colère et de l’amertume à cause de cette chape de plomb posé sur ces assassinats.

Et avec le temps qui passe, les chances d’établir un jour la vérité s’amenuisent. Le rapport Duclert n’indiquait-t-il pas que : « le dossier Rwanda a été contaminé par le mensonge, la manipulation et la passion ».


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