Lors d’une conférence de presse tenue à l’ambassade du Soudan à Kigali, le diplomate a exhorté la communauté internationale à classer les RSF comme organisation terroriste, à imposer des embargos sur les armes, et à poursuivre les soutiens étrangers qu’il accuse d’alimenter une « agression étrangère contre le peuple soudanais ».
« Ce qui se passe au Soudan n’est pas une guerre civile ; ce n’est pas une guerre entre deux généraux. C’est une guerre déclenchée par les RSF, soutenues par des puissances étrangères », a-t-il martelé.
Selon lui, les combattants des RSF ont tué 3 000 personnes en une seule journée, parmi lesquelles des patients hospitalisés, avant de les enterrer vivants ou de mutiler les corps. « Ils ont utilisé le viol et la faim comme armes de guerre », a-t-il ajouté.
Les propos de l’ambassadeur interviennent dans un contexte où de nombreux rapports font état de tueries massives après la prise d’El-Fasher par les RSF, au terme d’un siège de 600 jours, dernier bastion des Forces armées soudanaises (SAF) au Darfour.
Le Humanitarian Research Lab de l’Université Yale a publié des images satellites montrant des amas de corps et des traces de sang, confirmant les témoignages de survivants évoquant des exécutions ciblées visant des groupes ethniques non arabes, notamment les Zaghawa et les Masalit.
Saluant le rôle du Rwanda dans les opérations de maintien de la paix au Darfour en 2003 et son modèle de réconciliation post-génocide, Dafalla a établi un parallèle direct avec le génocide contre les Tutsi de 1994 au Rwanda.
« Les mêmes symptômes se répètent aujourd’hui au Soudan », a-t-il averti.
« Un génocide a été commis au Darfour. Ce n’est pas seulement notre affirmation, il a été reconnu par l’administration américaine et d’autres comme des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et un nettoyage ethnique. »
Des vidéos projetées pendant la conférence, apparemment filmées par des combattants des RSF, montraient des exécutions dans des hôpitaux et des civils poussés dans des fosses communes, provoquant une vive émotion parmi les participants.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 460 personnes ont été tuées à l’hôpital saoudien d’El-Fasher, dont des patients, du personnel médical et des visiteurs. Des témoins réfugiés à Tawila ont fait état d’exécutions ciblées d’hommes, de viols systématiques et de rançons allant jusqu’à 10 000 dollars exigées des familles.
Issues des milices Janjawid, accusées d’avoir commis un génocide au Darfour au début des années 2000, les Forces de soutien rapide (RSF) rejettent toute accusation d’exactions systématiques. Leur chef, Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemedti, a assuré vouloir ouvrir des enquêtes sur ces « violations ».
Néanmoins, leur progression à El-Fasher a provoqué le déplacement de plus de 900 000 personnes en quelques semaines, portant à près de 14 millions le nombre total de déplacés internes au Soudan, soit l’équivalent de la population du Rwanda.
Le diplomate a également dénoncé les tactiques de terreur utilisées par les RSF : 102 massacres recensés à travers le pays, frappes de drones contre les barrages de Marawi et d’Addamazine, paralysant un tiers de la production d’électricité du Soudan, et contrôle illégal de mines d’or, représentant 50 % de la production nationale écoulée en contrebande.
« Ils tuent selon l’identité, croyant en une supériorité arabe, qualifiant les tribus africaines d’“esclaves”, falangai dans leur langue », a-t-il précisé.
Sur le plan diplomatique, Dafalla a salué les efforts américains dans le cadre du “Quad” (États-Unis, Arabie saoudite, Égypte et Émirats arabes unis), tout en contestant l’implication d’Abou Dhabi, jugée « non neutre ». Il a insisté sur le droit du Soudan à donner son plein consentement à toute initiative de cessez-le-feu.
Il a par ailleurs appelé l’Union africaine à lever la suspension du Soudan, afin que le pays puisse participer pleinement aux solutions africaines, et a invité le Rwanda à jouer un rôle actif pour fermer les couloirs de trafic d’armes dans la région.
« La justice ne se rend pas par des condamnations seulement. Les victimes se sentent trahies. Il faut tenir les RSF pour responsables, sinon le génocide continuera », a-t-il déclaré.
L’ambassadeur a salué la nomination du président Yoweri Museveni par l’Union africaine pour faciliter le dialogue, mais a critiqué le manque d’efficacité de cette médiation, estimant que le Rwanda dispose de la crédibilité et de l’expérience nécessaires pour mener un processus de paix concret.
« Le président Kagame a la crédibilité, la confiance du peuple soudanais, l’expérience et la sagesse nécessaires pour aborder ce conflit. Nous accueillerons favorablement toute initiative de sa part », a-t-il ajouté.
La crise soudanaise, aujourd’hui considérée comme la plus grave urgence humanitaire au monde, a déjà fait des dizaines de milliers de morts et fait craindre une partition du pays.
			
			
			
			
			
			
			
			
			
			
	
            									
            								
        										
				
														
															











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