Avec la chute de Goma et Bukavu, ainsi que la perte considerable de territoires, Kinshasa cherche à tirer parti de sa richesse minérale considérable pour obtenir un appui militaire et diplomatique de la part de puissances mondiales.
Dans le but de faire pression sur le Rwanda, qu’il accuse de soutenir les rebelles du M23, des émissaires congolais ont récemment été envoyés à Washington afin de négocier des accords accordant aux entreprises américaines un accès privilégié aux riches ressources minières de la RDC.
Des délégations de haut niveau, comprenant des responsables de Gécamines et d’autres entreprises minières d’État, ont engagé des discussions avec les autorités américaines, avec l’implication personnelle de Jacques Tshisekedi, le frère du président, dans les négociations.
La stratégie de Kinshasa, qui rappelle la dépendance de l’Ukraine au soutien occidental, vise à s’assurer que Washington place les intérêts sécuritaires de la RDC parmi ses priorités. Toutefois, l’accueil a été mitigé, certaines sphères américaines exprimant du scepticisme quant à la fiabilité et à la gouvernance de Kinshasa.
Face à l’incertitude du soutien américain, Tshisekedi s’est également tourné vers les Émirats arabes unis (EAU) pour obtenir une assistance militaire d’urgence. Lors de récentes discussions entre Kinshasa et des responsables émiratis, des concessions minières dans la province de Lualaba, riche en cobalt et en cuivre, ont été proposées en échange d’équipements militaires. Des rapports indiquent que la RDC aurait exigé un paiement initial d’au moins 250 millions de dollars dans le cadre de cet accord.
De même, Kinshasa a exploré un éventuel soutien de la Russie, malgré l’orientation historiquement pro-occidentale de Tshisekedi.
Un émissaire présidentiel s’est rendu à Moscou, mais la Russie, absorbée par sa guerre en Ukraine, a manifesté peu d’intérêt pour une intervention directe. La RDC a également tenté d’obtenir un appui militaire auprès de la junte au pouvoir au Mali et au Tchad, bien que ce dernier ait finalement rejeté l’envoi de troupes.
Sur le front africain, le Burundi demeure le seul pays à maintenir une présence militaire significative dans l’est de la RDC, avec environ 10 000 soldats engagés dans des opérations contre le M23. Toutefois, Kinshasa s’inquiète de plus en plus de l’engagement à long terme du Burundi, notamment après de récentes discussions sécuritaires entre des responsables rwandais et burundais.
Les craintes grandissent quant à un possible revirement du président Évariste Ndayishimiye, qui pourrait conclure un pacte de non-agression avec le Rwanda, ce qui modifierait l’équilibre des forces dans la région.
L’initiative de Tshisekedi visant à échanger des actifs miniers contre un soutien militaire et diplomatique illustre non seulement les difficultés du régime de Kinshasa, mais aussi la gravité de la situation sur le terrain.
La RDC abrite certaines des ressources minérales les plus précieuses au monde, notamment le cobalt, le cuivre, les diamants et l’or. Essentielles aux chaînes d’approvisionnement mondiales, ces richesses constituent un levier stratégique de négociation. Toutefois, l’expérience montre que les accords miniers ne garantissent pas nécessairement des bénéfices sécuritaires durables, et que les populations locales profitent rarement de l’immense fortune de leur pays.
Le Rwanda a toujours nié toute implication dans le soutien au M23, tandis que le groupe rebelle affirme que son combat repose sur des revendications politiques, en particulier la situation des communautés kinyarwandophones en RDC. Selon son porte-parole, Lawrence Kanyuka, les objectifs du M23 ne sont pas liés aux ressources minières, mais visent avant tout à défendre les droits des populations marginalisées.

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