Ce projet est perçu par une large majorité de la population, ainsi que par les figures de l’opposition et de la société civile, comme une tentative de maintenir un pouvoir déjà fragile et d’échapper aux contraintes imposées par les textes constitutionnels.
Un projet de révision controversé
La révision constitutionnelle prônée par Tshisekedi est perçue par ses détracteurs comme un coup de force politique, une stratégie visant à prolonger indéfiniment un pouvoir devenu de plus en plus impopulaire. L’argument avancé par le président, qui prétend que cette révision est indispensable pour la stabilité du pays, semble de plus en plus creux à mesure que la crise s’intensifie.
L’opposition politique s’élève contre ce projet avec force, et un front uni, incluant des figures comme Moïse Katumbi, Martin Fayulu et Delly Sesanga, Emmanuel Shadary dénoncent ce qu’ils appellent un "projet macabre", qui détourne l’attention des véritables enjeux du pays : l’insécurité chronique, les conditions de vie catastrophiques, la corruption endémique, et la mauvaise gestion des ressources nationales.
Ce climat de rejet se renforce avec le soutien actif de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), ainsi que des voix provenant même des églises évangéliques, qui étaient autrefois alliées du président Tshisekedi. Ces dernières, pourtant proches du pouvoir, prennent leurs distances face à un projet qui divise, qui suscite la défiance et qui semble surtout tourner autour de la préservation d’un pouvoir en place, incapable de répondre aux attentes urgentes de la population.
Les défaillances du régime et la rupture de l’Union sacrée
Si la révision constitutionnelle est le point focal de la crise, les fractures internes au sein même du pouvoir accentuent la fragilité du régime. L’Union sacrée, qui se voulait être une coalition solide pour soutenir Tshisekedi, est désormais une chimère qui vacille sous les tensions internes.
Le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, a publiquement dénoncé les manœuvres internes de l’UDPS, le parti présidentiel, qui semble chercher à faire adopter cette révision coûte que coûte. Des accusations de "manœuvres de censure" à l’encontre du gouvernement révèlent un climat de défiance qui gangrène l’exécutif. Les divisions au sein de la coalition présidentielle se multiplient, ce qui érode davantage la crédibilité de l’action gouvernementale.
Le plus inquiétant dans ce contexte, c’est la manière dont ces divisions internes sont gérées. L’absence de dialogue et de concertation sur les enjeux majeurs, comme la révision constitutionnelle, témoigne d’une gestion politique qui ne tient pas compte des réalités sociales du pays.
De plus, les scandales de corruption qui éclaboussent les membres du gouvernement, notamment dans le secteur des infrastructures et des finances publiques, renforcent l’impression d’une classe dirigeante déconnectée de la souffrance de la population.
La RDC, déjà classée comme le pays le plus corrompu d’Afrique selon Transparency International, semble sombrer chaque jour davantage dans une crise de gouvernance.
Une crise de légitimité et l’isolement du président
Le projet de révision constitutionnelle représente avant tout un échec de stratégie politique. L’incapacité du pouvoir à comprendre les évolutions sociales et politiques du pays fait preuve d’une cécité tragique. En dépit de l’opposition unanime de la société civile, des partis politiques et des organisations religieuses, le régime s’accroche obstinément à son projet. Cette attitude traduit non seulement un isolement croissant du président Tshisekedi, mais aussi une coupure avec les forces vives du pays, qui réclament depuis des années une gouvernance plus inclusive, plus juste, et plus transparente.
Les signaux de rejet de ce projet sont évidents, mais les autorités semblent incapables de les percevoir. Les critiques portent sur plusieurs aspects de la révision constitutionnelle, notamment l’argument de l’état de siège dans le Nord-Kivu et l’Ituri, qui, selon l’opposition, ne fait qu’aggraver la situation sécuritaire sans apporter de solutions concrètes.
L’argument de lever cet état de siège afin de contourner les contraintes juridiques de la Constitution, qui interdit toute révision en période de guerre ou d’état d’urgence, montre une gestion à courte vue, uniquement orientée vers la préservation du pouvoir, au détriment de la paix et de la sécurité nationales.
L’impasse politique et la dérive du régime
Cette obstination à maintenir un projet controversé malgré l’opposition de plus en plus forte semble indiquer une dérive politique qui pourrait s’avérer fatale pour le régime. Il est évident que le gouvernement actuel ne parvient pas à s’adapter aux nouvelles réalités du pays. La corruption, les scandales financiers, les divisions internes au sein de la coalition présidentielle et l’incapacité de résoudre les crises sociales et sécuritaires révèlent une gestion politique qui met en danger l’unité du pays.
L’exemple des révisions constitutionnelles passées, comme celles menées sous Mobutu et Joseph Kabila, démontre une tendance à verrouiller le pouvoir en place au détriment de la démocratie et des réformes nécessaires. Le peuple congolais, déjà las de décennies de gouvernance autoritaire et de promesses non tenues, semble de plus en plus déterminé à ne pas laisser cette nouvelle tentative de concentration du pouvoir se réaliser.
Un avenir incertain pour la RDC
Au final, la révision constitutionnelle proposée par Félix Tshisekedi pourrait bien marquer le début de la fin pour son régime. L’intransigeance face à une opposition généralisée et la gestion erronée de la crise actuelle laissent entrevoir un avenir incertain pour la RDC.
Le pays se trouve à un carrefour où, soit le pouvoir parvient à se réformer en profondeur pour répondre aux attentes de la population, soit il se dirige inévitablement vers une crise politique majeure dont les conséquences seront difficilement prévisibles.
Dans ce contexte de méfiance croissante, la persistance dans des stratégies de maintien au pouvoir pourrait, au contraire, accélérer la chute d’un régime déjà fragilisé par les divisions internes, la corruption et l’échec des politiques publiques.
L’histoire récente de la RDC montre que la stabilité ne se construit pas sur la répression ou sur des tentatives de verrouiller le pouvoir, mais sur l’écoute des aspirations populaires et sur la mise en place d’un cadre institutionnel respectueux de la démocratie et de la justice.
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