Monsieur Senyanzobe sait exprimer son opinion en poésie sur l’étendue des horreurs occasionnées par le cercle restreint tissé autour de l’ancienne Première Dame Agathe Habyarimana. Il est assez expressif et demande à la France sans la nommer de permettre à cette dame qui a renié sa foi catholique à faire face à la justice rwandaise. Pour l’auteur, est-ce une façon de permettre à cette femme qui a voulu être impératrice d’un petit pays en écartant son époux avec l’aide de...?

Note de l’édition

Agathe KANZIGA
Illustre, incontournable
Sainte Agathe
Peine comme réfugiée
Sur la terre d’accueil
Vingt ans s’en vont

Elle peine, souffre
Ni aidée, ni soutenue
Par sa conscience de femme croyante qu’elle a trahie
Par les siens
Architecte de la sacrée Akazu
Planificatrice de la disparition brutale
De son époux
Avec la complicité indispensable
De son alter ego BAGOSORA
Ils avaient décidé de concert
De prendre ainsi le pouvoir
Ce pouvoir qu’ils détenaient déjà
Mais de fait seulement
En éliminant son époux gênant
Tout devait leur être désormais permis
Et elle règnerait donc en impératrice
Avec les pleins et incontestables pouvoirs
Sur le pays des mille collines

Ce que par contre elle ignorait superbement
C’est que le plan satanique
Prévoyait également sa propre disparition

Elle et les siens devaient être sacrifiés
Par son satanique et traître complice
L’avion devait en fait s’abattre
Sur sa villa, sur elle et les siens
N’eusse été une erreur de calcul
De calcul balistique.

Avertie de la terrible bévue et de la traîtrise
Elle dut son salut à sa fuite
Et elle déguerpit au plus tôt
En se réfugiant où elle fut accueillie
Avec roses et importants moyens de subsistance

Osons croire et supputer
Que d’autres plus aguerris prendront sous peu
La décision saine, juste, incontournable
De l’extrader au pays des mille collines
Afin qu’ainsi elle puisse affronter la déesse Justice
Assumer le rôle funeste accompli
Il y a vingt ans

Son rôle incontestable dans le déclenchement
Du génocide des Tutsi
Son rôle qu’elle paiera donc enfin
Devant son peuple, devant son pays
Celui des mille collines.