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Dr Ndayambaje ; êtes-vous sûr que les enseignants non qualifiés sont la cause de la piètre qualité de l’enseignement ?

Redigé par Jovin Ndayishimiye
Le 4 octobre 2018 à 10:02

Le niveau bas de la qualité de l’enseignement est un débat actuel sans fin au Rwanda. Les hautes autorités éducatives en sont venues à apprécier la triste réalité. Pourtant, elles escamotent les solutions rationnelles qui viendraient de l’exploitation judicieuses des infrastructures socio économiques mises en place. On a beau avoir des enseignants bien qualifiés qui ne rendraient pas des prestations attendues du fait qu’ils ne vivent pas dans des conditions matérielles favorables à la transmission de connaissances.

« La qualité essentielle de l’enseignement est en grande partie due au professionnalisme du personnel enseignant. Jamais un enseignant ne peut transmettre de la matière qu’il n’a pas acquise. Le fait que nous avons des enseignants non qualifiés ou ceux qui sont incapables, cela peut influer sur la qualité de l’enseignement au Rwanda », a confié à IGIHE Dr René Ndayambaje, DG de Rwanda Educational Board.

Cette haute personnalité de la politique de l’enseignement au Rwanda vient de décider avec les ministres concernés qu’à partir de 2019, ce pays va chasser de l’enseignement public (et le privé de suivre) tout personnel enseignant non qualifié afin de voir dans quelle mesure la qualité de l’enseignement peut monter d’un cran.
Selon lui, au sortir du génocide des Tutsi de 1994, plus de la moitié du personnel enseignant d’alors n’était pas qualifié. « Certains enseignants professionnels avaient été tués, d’autres avaient fui le pays pour avoir participé dans ce génocide », a-t-il tenté d’expliquer la cause lointaine de la piètre qualité de l’enseignement.

Pourtant cet expert semble escamoter le côté pécuniaire très difficile de l’enseignant et le fait que les valeurs sociales actuelles sont plus orientées vers une éducation plurielle et variée entraînant une volonté publique d’intéresser toute la jeunesse sans exception aux études et à s’approprier d’une quelconque qualification. Partant, l’élitisme d’antan étant dépassé au profit d’une promotion massive à l’éducation, il va de soi que le pays aura besoin de personnel qualifié de plus en plus nombreux en si peu de temps, encore que ce métier n’attire plus les grandes qualifications surtout qu’il est devenu ingrat en termes de revenus.

Sont-ce les qualifications qui comptent dans l’amélioration de la qualité de l’enseignement ?

Oui et non ! « Au fur du temps, le pays a reconstruit ses infrastructures socio économiques y compris celles de l’éducation. A ce jour, le personnel enseignant de l’école primaire et secondaire se chiffre à 63.000. 98% de ce personnel est qualifié », a confié Dr Ndayambaje.

Monsieur le Docteur, que faut-il alors comprendre ? Sont-ce les 2% d’enseignants non qualifiés qui sont dans vos rangs qui empêchent cette qualité de l’enseignement de se matérialiser ? Ne faudrait-il pas prendre un autre angle d’analyse de la question ?
Vous dites que les enseignants qualifiés ne veulent pas souvent des postes dans le rural, qu’ils sollicitent nombreux des postes dans des écoles situées dans des zones urbaines. Vous êtes-vous posé la question de savoir le pourquoi cette situation ? N’est-ce pas pour qu’ils puissent compléter le salaire de misère qu’ils perçoivent en faisant le préceptorat et l’encadrement payant de leurs écoliers et élèves après heures réglementaires ?

Quelles solutions proposez-vous, Docteur ? N’oubliez pas l’importance du Welfare de votre personnel !
Vous avez décidé de chasser ce personnel non qualifié alors qu’il a acquis sa qualification sur le tas avec ses 5, dix ans et plus de métier régulier. Il fait actuellement montre de prestations meilleures que celles de votre personnel qualifié nouvellement recruté.

Par contre, quand vous avez suggéré la construction de logements pour enseignants dans tous les établissements d’enseignement public du Rwanda, voilà une heureuse décision qui, sans contredit, jouera dans l’évolution de la qualité de l’enseignement. Pourvu que ces logements soient gratuits pour diminuer les dépenses parfois insoutenables des enseignants.

De deux, faites en sorte que la Coopérative de Solidarité des Travailleurs de l’Enseignement UMWALIMU SACCO n’ait pas la hantise d’être performante en terme de dégagement de gros profits mais plutôt pour rendre agréables les conditions de vie de l’enseignants.

Se confiant à IGIHE, la DG de MWALIMU SACCO s’est fait fort de déclarer très satisfaite d’elle-même que MWALIMU SACCO a dégager des profits avant impôt de 3.5 milliards de francs pour l’exercice 2017-18. Cette coopérative a-t-elle une mission commerciale avant toute chose ? Est-ce la mission que le Chef de l’Etat Paul Kagame lui a confié en décrétant deux milliards de francs chaque année jusqu’en 2022 à verser dans ses caisses ?

Non Monsieur le DG ! Et vous êtes le premier concerné par l’élévation des conditions de vie de l’enseignant et partant de la qualité de ses prestations scolaires.
Comment intéresser chaque enseignant à son métier et à sa tâche principale d’encadrer sérieusement l’enfant du moment que le salaire ne montera pas sensiblement ? La seule piste de solution est une mission bien taillée au profil souhaité de l’enseignant, sa bonne gestion et une réduction drastique de ses dépenses.

Dans ce cadre, veut-on un enseignant stable et entièrement commis à l’encadrement de l’écolier et de l’élève rwandais ? Donnez-lui un crédit construction suivi de celui d’équipement de long terme (20 ans) assorti d’un taux d’intérêt très réduit , disons 8%. Incitez-le à devenir un modèle de développement dans son entourage en initiant des projets de type nouveau, essentiellement intellectuels : des cybercafé, des maisons de projection de films et de documentaires mais aussi de petits fermes d’élevage et agricoles modèles et des pépinières de nouvelles espèces végétales… Financez en conséquence tous ces projets à des taux d’intérêt compétitifs tout en sachant qu’ils ne généreront pas assez de profits, qu’ils ont un caractère avant tout social et éducatif.

Du coup, Mr le DG, votre enseignant s’épanouira dans la société. Et ceci influera sur ses prestations scolaires à la grande satisfaction des politiques éducatives officielles et hop ! la qualité de l’enseignement tant chantée va poindre et atteindre son zénith.


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