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La patate douce ; une possible solution à l’insécurité alimentaire en Afrique

Redigé par IGIHE
Le 12 juin 2019 à 12:02

Jan Low est un économiste agricole attaché au Centre International de la Pomme de terre au Keny. Il a plus de 25 ans d’expérience dans la recherche en Afrique subsaharienne.
Son intérêt de recherche porte sur la manière d’intégrer les préoccupations nutritionnelles dans la recherche et le dévéloppement agricoles, en mettant l’accent sur la patate douce à chair orange enrichie en micronutriments.

Alors qu’elle se trouvait à Kigali pour organiser la Conférence de l’Association Africaine de la Pomme de terre prévue pour août 2019, Sharon Kantengwa du Sunday Times a rencontré cette co-lauréate du Prix mondial de l’Alimentation et Chercheure principale du Centre International de la Pomme de terre pour discuter de l’efficacité de la patate douce à chair orange dans la résolution du problème de sécurité alimentaire et de malnutrition en Afrique.
Ci après des extraits de sopn interview :

The NewTimes (TNT) : Pourquoi avez-vous choisi la patate douce à chair orange comme centre de votre travail avec le Centre international de la pomme de terre (CIP), en particulier dans les pays d’Afrique subsaharienne, y compris le Rwanda ?

Jane Low (J.L.) : La patate douce est une culture diversifiée naturellement, avec une gamme de couleurs, à chair orange, à chair pourpre, jaune et blanche.
En travaillant avec l’Institut agricole du Kenya, nous avons mené une étude et nous avons découvert que la pomme de terre à chair orange n’était pas préférée, même si elle est riche en vitamine A car les gens veulent une texture farineuse associée à une matière sèche élevée. Pourtant, beaucoup de variétés de patates douces orange ont une faible teneur en matière sèche que les enfants préfèrent, car elles sont faciles à avaler.

Actuellement, 48% des enfants africains souffrent de carence en vitamine A. Il est donc évident que nous devons prendre la culture que les gens ont l’habitude de manger et la rendre plus nutritive pour résoudre un problème de santé publique.

TNT : Dans vos recherches récentes, vous mentionnez que les citadins ne consomment pas assez la patate douce. Que fait le Centre international de la pomme de terre pour s’attaquer à ce problème ?

J.L. : La patate douce est associée aux zones rurales car les citadins aiment la commodité. Il est plus facile de faire cuire du riz et d’acheter du pain que de passer 30 minutes à cuire la patate douce.
La pomme de terre à chair orange est un aliment sain pour tous, riche en fibres alimentaires. C’est pourquoi nous avons travaillé à l’intégration de la patate douce dans les collations, mais aussi au dévéloppement d’une purée de pomme de terre cuite à la vapeur.
Nous travaillons toujours sur l’emballage mais l’idée est que nous aimerions avoir de la purée, et tout ce que vous avez à faire est de la chauffer pour la consommer. C’est pratique pour les familles urbaines. Il s’agit de savoir qui sont vos consommateurs et de changer l’image du produit.
C’est également une solution alternative, car la plupart des pays africains, y compris le Rwanda, importent une grande majorité de la farine de blé, alors pourquoi ne pas substituer un pourcentage important de patate douce à la chair d’orange au pain et d’autres produits incorporant de la vitamine A ?

TNT : En 2009, vous avez piloté l’Initiative de la patate douce à but lucratif et pour la santé d’une durée de 10 ans. A la fin des travaux, que pouvez-vous dire de ses réalisations ?

J.L. : Nous nous sommes fixé un objectif, à savoir celui d’améliorer les variétés de patates douces pour le plus grand nombre possible de ménages. Nous avions ciblé six pays jusqu’en 2020.
Notre objectif était d’atteindre 10 millions de ménages. Nous avons encore du chemin à parcourir, mais des progrès significatifs ont été réalisés. Nous avons 12 organisations engagées dans cet objectif et nous encourageons les ménages à adopter la patate orange pour une meilleure santé.

La patate douce est l’une des cultures les plus productives au Rwanda, mais avec les changements climatiques qui affectent l’Afrique de l’Est, comment peut-on aider les agriculteurs à faire en sorte que la production de patates douces ne baisse pas ?
La patate douce est probablement l’une des cultures les mieux adaptées aux changements climatiques car ses temps de récolte et de plantation sont plus souples que ceux d’une culture comme le maïs.

Je pense que la patate peut faire face aux changements climatiques, bien qu’en général, il faut beaucoup plus d’investissements. Nous avons investi dans les systèmes de gestion de l’eau, car il est plus difficile pour les gens de prédire quand la pluie va tomber, ni combien de temps elle va durer.

TNT : Selon vous, quel est le principal défi de la lutte contre la malnutrition en Afrique subsaharienne ?

J.L. : J’aimerais que les gens considèrent la nutrition comme un droit humain fondamental. Je pense qu’aucun enfant ne devrait quitter l’école primaire sans une connaissance de base de bonnes pratiques en matière d’alimentation. Cela devrait être intégré dans le système scolaire.

Les femmes devraient avoir une bonne alimentation, en particulier pendant leur grossesse, et nous devrions commencer à travailler avec les filles adolescentes, pour faire de la nutrition une priorité.

Je suis impressionnée par les réalisations du Rwanda et de la Sierra Léone en matière de réduction de la malnutrition depuis 2000. Ils s’y sont engagés et cela devrait être poursuivi et intégré au système scolaire.

TNT : Qu’est-ce que les Rwandais devraient attendre de la Conférence de l’Association Africaine de la Pomme de terre et comment cela va-t-il profiter aux agriculteurs ruraux ?

J.L. : La conférence en question est une réunion organisée tous les trois ans dans la région et à laquelle participeront plus de 20 pays africains.

Nous aurons également des chercheurs et des scientifiques du monde entier qui viendront apprendre de l’Afrique sur les progrès réalisés dans la recherche sur la patate douce, les progrès en matière de diffusion et d’utilisation des variétés améliorées, ainsi que d’autres nouvelles technologies.

Il y aura un échange entre les agriculteurs et les décideurs politiques sur les types de systèmes qui fonctionnent mieux et qui sont susceptibles d’intégrer les agriculteurs.


Traduit du texte anglais du Newtimes et adapté en français par Alphonse Kalisa


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