Cette déclaration invite à revenir sur l’histoire politique du Rwanda, en comparant le paysage partisan d’avant le génocide contre les Tutsi à celui qui s’est progressivement structuré après 1994, illustrant les profondes transformations vécues par le pays.
Un paysage politique d’avant‑génocide marqué par l’extremisme
En effet, le Rwanda a longtemps connu des partis politiques semant divisions et haines entre Rwandais, comme ce fut le cas à une époque, tragiquement, qui a conduit le pays dans l’abîme en 1994.
Avant le génocide de 1994 contre les Tutsi, le système politique rwandais avait connu une longue période de monopartisme, puis une transition vers un soi-disant multipartisme, mais instable, au début des années 1990.
De 1975 à 1991, le Mouvement Révolutionnaire National pour le Développement (MRND) était le parti unique au Rwanda sous Juvénal Habyarimana, incarnant un régime autoritaire dominé par une idéologie extrémiste et opérant dans un contexte de restriction des libertés politiques ; en 1991, une soi-disant ouverture politique fut tardivement adoptée, mais l’influence de l’appareil du pouvoir demeurait forte.
Avec la légalisation des partis en 1991, plusieurs formations émergèrent :
Le Mouvement Démocratique Républicain (MDR), qui se voulait modéré mais fut divisé entre factions modérées et extrémistes influencées par l’idéologie extrémiste dite Hutu Power.
La Coalition pour la Défense de la République (CDR), un parti d’extrême droite explicitement lié à l’idéologie Hutu Power et fervent promoteur de la suprématie hutue. Ce parti, extrêmement radical et opposé à toute concession envers les Tutsi, a joué un rôle direct dans la diffusion d’une rhétorique de haine qui a alimenté les massacres de 1994.
D’autres partis comme le Parti Social Démocrate (PSD) et le Parti Libéral (PL) cherchaient une voie plus modérée, mais leurs dirigeants furent souvent victimes des purges et violences qui ont précédé le génocide perpétré contre les Tutsi : nombre d’entre eux, comme le premier président du PL, Landoald Ndasingwa, ont été assassinés tôt dans la crise de 1994.
Cette période fut également marquée par la montée du Hutu Power, un courant idéologique extrémiste qui prônait l’exclusion des Tutsi de toute vie politique, sociale ou économique, préparant ainsi le terrain idéologique qui culminera avec le génocide contre les Tutsi.
Le génocide contre les Tutsi et l’effondrement des vieux partis
L’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion du président Habyarimana déclencha un basculement tragique. Durant les trois mois qui suivirent, plus d’un million de personnes furent méthodiquement massacrées dans ce qui reste l’un des génocides les plus rapides et meurtriers du XXᵉ siècle.
À l’issue de l’arrêt du génocide contre les Tutsi par le FPR‑Inkotanyi, tous les partis associés à l’appareil de Habyarimana et à l’idéologie Hutu Power (notamment le MRND et la CDR) furent dissous ou bannis.
L’après‑génocide : un nouvel ordre politique
Depuis sa victoire militaire en juillet 1994, le Front Patriotique Rwandais (FPR‑Inkotanyi) s’est imposé par un leadership considéré comme parmi les plus performants d’Afrique, autour d’autres acteurs politiques contribuant au développement concret qu’affiche le Rwanda dans plusieurs secteurs de l’économie, allant du tourisme au commerce, en passant par la sécurité, entre autres.
Fondé à la fin des années 1980 par des Rwandais exilés, le FPR, à travers sa branche armée, APR, lança en 1990 la lutte pour la libération du Rwanda qui dura 4 ans, et ensuite mis fin au génocide commis contre les Tutsi, survenu d’avril à juillet 1994 ; il incarne depuis une politique nationale centrée sur l’unité et la reconstruction.
Sous l’égide du FPR, le Rwanda a adopté une nouvelle Constitution en 2003, prohibant l’ethnicisation de la vie politique et mettant l’accent sur l’égalité des citoyens, tout en maintenant une forte direction politique efficace.
Le paysage politique s’est ainsi recomposé autour d’un système multipartite encadré, dans lequel plusieurs partis participent au gouvernement ou à la vie parlementaire.
En outre, tous les partis opèrent aujourd’hui dans un contexte de respect strict des lois anti‑divisionistes : ce modèle garantit la stabilité et prévient le retour de discours qui pourraient raviver des haines passées.
Les partis politiques du Rwanda d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec ceux qui, dans les années 1990, contribuaient à polariser les identités ethniques. Le FPR a instauré une refondation de la vie politique autour du rejet du tribalisme et de la division ethnique.














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