Urgent

L’Europe en proie à la marée montante du narcotrafic

Redigé par Tite Gatabazi
Le 25 juillet 2025 à 02:48

A l’heure où les regards se tournent vers les conflits géopolitiques et les tensions migratoires, un autre fléau, plus insidieux mais tout aussi dévastateur, gangrène silencieusement le cœur du continent européen : celui du narcotrafic, devenu l’un des principaux vecteurs de corruption, de violence et de désagrégation sociale.

Les chiffres récemment dévoilés par les organes européens de lutte contre la criminalité organisée dressent un constat alarmant : jamais les saisies de stupéfiants n’avaient atteint de tels sommets, illustrant moins l’efficacité des dispositifs répressifs que l’ampleur inédite du phénomène.

Cocaïne, drogues de synthèse, cannabis, ces substances illicites affluent en quantités phénoménales par une pluralité de routes maritimes, terrestres et aériennes, qui convergent vers les grands ports d’entrée du continent, notamment Anvers, Rotterdam, Le Havre ou encore Barcelone.

L’essor vertigineux du marché illégal des stupéfiants, estimé à plusieurs dizaines de milliards d’euros à l’échelle de l’Union, en fait aujourd’hui la première économie criminelle transnationale en Europe.

En 2024, les saisies de cocaïne ont bondi de manière spectaculaire (+130 %), tout comme celles des drogues de synthèse (+123 %), tandis que le cannabis, bien que toujours massivement consommé, connaît un léger recul. Le revers de cette prolifération se manifeste dans l’effondrement progressif des prix de détail, le gramme de cocaïne, par exemple, atteint des seuils historiquement bas, rendant cette drogue de plus en plus accessible à une population jeune, souvent en situation de précarité ou de désœuvrement.

Mais au-delà des chiffres bruts, c’est l’écosystème pénal européen qui vacille sous la pression. La chaîne judiciaire, déjà éprouvée par une inflation contentieuse chronique, se trouve aujourd’hui au bord de la saturation. Les forces de police, exténuées, peinent à juguler l’expansion tentaculaire des réseaux, souvent liés aux grandes mafias transnationales, tandis que les magistrats, débordés, sont contraints à des arbitrages qui laissent des dossiers en suspens ou insuffisamment instruits.

Le narcotrafic ne tue pas seulement par overdose : il détruit les fondements mêmes de l’État de droit en gangrénant les institutions, en affaiblissant la confiance publique et en érigeant, dans certains quartiers, des zones de non-droit où la loi du plus fort supplante celle de la République. Il alimente une économie parallèle, corrompt les rouages administratifs, infiltre les milieux portuaires, douaniers et même politiques, au point de menacer l’intégrité de la gouvernance démocratique.

L’Europe, si prompte à édicter des directives et des politiques sectorielles, peine encore à bâtir une réponse cohérente, unifiée et structurellement offensive face à cette menace polymorphe. Il ne s’agit plus seulement de démanteler des réseaux, mais de tarir les sources de leur prospérité : flux financiers, complicités logistiques, marché de la demande.

Sans un sursaut stratégique à l’échelle continentale, la drogue ne sera pas seulement une plaie sanitaire ou un enjeu sécuritaire ; elle deviendra un facteur déterminant de la déstabilisation européenne. À ce rythme, l’Europe risque de glisser, non pas dans une guerre contre la drogue, mais dans une reddition sans conditions face à une économie criminelle en passe de devenir une puissance souterraine incontestée.

Tandis que l’attention se porte sur les crises géopolitiques, le narcotrafic ronge silencieusement l’Europe, alimentant corruption, violence et fracture sociale

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