Loin de toute volonté de désescalade, le pouvoir congolais, dans une dérive militariste aux relents d’aveuglement stratégique, persiste à s’enliser dans une logique de guerre totale, sacrifiant sur l’autel de ses ambitions incertaines tant la crédibilité de l’État que la sécurité de ses populations.
Chaque nouvelle violation du cessez-le-feu, loin d’être un accident isolé, participe d’une architecture délibérée de l’obstruction, où la parole donnée n’est plus qu’un artifice diplomatique vidé de sa substance. Tandis que les accords de Doha et de Washington peinent à survivre aux réalités du terrain, l’État congolais s’enferme dans une posture martiale, substituant à la négociation le langage stérile des armes, et troquant la paix contre l’illusion d’une victoire militaire introuvable.
Il en résulte un double naufrage : celui de la diplomatie, discréditée par tant de reniements, et celui, plus grave encore, d’un État qui, en niant l’évidence des équilibres à reconstruire, semble condamné à récolter, selon le mot de Churchill, à la fois le déshonneur et la guerre.
Pas un jour ne passe sans que le gouvernement congolais ne foule aux pieds les engagements de cessez-le-feu qu’il a pourtant lui-même cautionnés devant la communauté internationale. Depuis le début des hostilités avec les rebelles de l’AFC/M23, les violations unilatérales du silence des armes sont devenues la norme, non l’exception.
La récente flambée de violence, qui secoue à nouveau les territoires de Masisi, Rutshuru et Walikale depuis plus de trois jours, atteste de manière tragique de cette obstination belliciste qui, loin de traduire une volonté stratégique, révèle un entêtement aveugle aux conséquences potentiellement irréversibles.
Dans un déni manifeste des signaux envoyés par les capitales diplomatiques de Doha et Washington, Kinshasa semble s’arc-bouter sur une logique de confrontation militaire totale, quelles qu’en soient les implications humaines, sociales et politiques.
Le président Tshisekedi, dont la rhétorique martiale ne connaît plus de frein, semble désormais guidé non par les exigences de la paix, mais par une volonté implacable de prolonger le conflit, au mépris des souffrances infligées aux populations civiles et des accords péniblement arrachés.
Les affrontements récents entre les rebelles de l’AFC/M23 et les milices Wazalendo du groupe Nduma pour la défense du Congo (NDC), illustrent avec une acuité particulière cette réalité tragique : sur les fronts simultanés de Masisi, Rutshuru et Walikale, la guerre s’installe de nouveau comme horizon indépassable. Partout, les tirs résonnent, les villages se vident, les civils périssent souvent sous les déflagrations d’engins explosifs ou dans le fracas des balles perdues.
Accord mort-né à Doha : quand la parole se dérobe devant la logique des armes
La signature d’un accord de principes à Doha, censée ouvrir un espace de désescalade dans l’Est congolais, apparaît désormais comme une parenthèse vaine, étouffée dans l’œuf par la réalité des combats. À peine l’encre de la déclaration de Doha avait-elle séché que les premières détonations venaient en anéantir l’esprit.
Dans les groupements de Nyamaboko Premier, Mufunyi Kibabi, Bukombo ou encore Kisimba, les forces en présence s’affrontent dans une intensité inédite, réduisant les textes signés au rang de fictions diplomatiques.
La récurrence des affrontements, l’absence de canaux de désescalade fonctionnels et l’échec des mécanismes de vérification illustrent un contexte dans lequel le langage des armes supplante celui de la parole. La communauté internationale, quant à elle, assiste à cette dérive avec un mélange d’impuissance et de lassitude, faute de leviers effectifs sur un pouvoir congolais désormais englué dans une logique de guerre totale.
De la parole trahie au naufrage moral : Kinshasa face à son miroir
Le pouvoir congolais, en refusant de donner corps aux engagements signés, opte pour une fuite en avant périlleuse. La maxime de Winston Churchill résonne ici avec une actualité glaçante : « Vous aviez le choix entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre. »
En renonçant à l’honneur de tenir parole pour éviter la guerre, Kinshasa récolte à la fois le discrédit international et l’embrasement généralisé de ses provinces orientales.
À cette obsession de la confrontation répond une surdité stratégique, un refus obstiné de considérer les dynamiques réelles du conflit, au profit d’un narratif manichéen où tout dialogue est assimilé à une trahison. Dans cette logique de repli autoritaire et de désignation obsessionnelle de l’ennemi extérieur, la guerre devient non plus un moyen de défense, mais un instrument d’unité factice, un refuge idéologique pour un pouvoir en perte de cap et d’adhésion populaire.
Alors que les morts s’accumulent, que les déplacés se comptent par milliers et que les villages se vident sous la menace croissante, l’Histoire retiendra que le gouvernement congolais aura persisté à préférer les illusions de la force à la vertu de l’engagement loyal. Et que dans ce choix tragique, la paix s’est éloignée plus encore, emportée par les vents amers d’un déshonneur non assumé.

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