L’Europe en proie aux colères du ciel et aux atermoiements des États

Redigé par Tite Gatabazi
Le 28 juillet 2025 à 11:19

Ce dimanche, la Belgique a de nouveau été secouée par une salve d’intempéries qui, désormais, ne relèvent plus de l’exception mais s’inscrivent dans une inquiétante régularité. Pluies diluviennes, orages d’une rare intensité, inondations localisées : autant de manifestations d’un dérèglement climatique dont les signaux d’alarme, pourtant criants, peinent encore à susciter des réponses à la hauteur des enjeux.

A travers l’ensemble du territoire, l’Institut Royal Météorologique (IRM) a décrété une alerte jaune, activant par la même occasion le numéro d’urgence 1722 destiné aux interventions non vitales un rituel météorologique désormais bien rodé, presque routinisé, mais tristement symptomatique d’une normalisation du chaos climatique.

La moitié sud du pays, notamment les provinces de Liège, Namur, Luxembourg ainsi que les deux Brabants et la capitale Bruxelles, a été placée sous étroite surveillance. L’IRM évoque des averses "localement intenses et orageuses", susceptibles d’occasionner des perturbations majeures.

A Spa-Francorchamps, haut lieu du sport automobile, la pluie s’est invitée comme un acteur imprévu, retardant le départ de la course de plus d’une heure. À Louvain, la foudre a provoqué des dysfonctionnements au sein du réseau de signalisation routière, jetant une lumière crue sur la vulnérabilité croissante des infrastructures face aux caprices d’un climat déréglé.

Ces épisodes, devenus quasi quotidiens sur l’ensemble du continent européen, appellent moins des ajustements techniques que des révisions fondamentales des modèles de développement. Car le dérèglement climatique n’est plus un péril lointain à redouter, mais une réalité tangible, frappant au cœur même de sociétés dites développées, qu’on croyait jusqu’alors relativement protégées.

Pourtant, force est de constater que les réponses politiques demeurent timorées, souvent en deçà de la gravité de la situation. L’alerte jaune s’impose comme métaphore de l’inaction : un signal d’avertissement sans véritables mesures correctives, un indicateur sans stratégie durable.

Les États européens, englués dans des logiques de court terme et paralysés par des arbitrages électoralistes, hésitent à engager les transformations systémiques que commande pourtant l’urgence écologique. L’aménagement du territoire, l’urbanisation débridée, l’artificialisation des sols, la fragilité des réseaux de drainage ou encore la faible résilience des infrastructures publiques sont autant de chantiers laissés en suspens, sacrifiés sur l’autel d’un productivisme obsolète.

L’Europe, riche de ses capacités technologiques et de ses savoirs accumulés, pourrait être en première ligne dans la transition climatique. Pourtant, elle persiste à n’agir que dans l’après-coup, dans une logique réactive plutôt qu’anticipatrice. Pendant ce temps, les populations s’accoutument à vivre sous la menace permanente d’un ciel devenu imprévisible, oscillant entre l’accablement résigné et la colère sourde.

Il ne s’agit plus simplement de prévoir le temps qu’il fera demain, mais d’oser repenser la place que l’homme entend occuper dans un monde où les équilibres naturels se dérobent sous ses pas. Chaque averse qui inonde les rues de Louvain, chaque éclair qui paralyse les infrastructures de Spa, est un avertissement adressé aux consciences politiques. Le moment est venu de sortir de l’alerte jaune pour entrer dans une vigilance rouge celle de la responsabilité historique.

Ce dimanche, la Belgique a encore été frappée par des intempéries devenues alarmante routine

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