Si les confins glacés de l’Alaska paraissent, à première vue, à des milliers de lieues des cités industrielles de Donetsk et de Louhansk, c’est pourtant dans cet État américain que pourrait se sceller, à huis clos, le destin de ces terres ravagées.

Les échos qui filtrent des tractations en cours sont lourds de conséquences : selon des indiscrétions diplomatiques, le président russe envisagerait de proposer un cessez-le-feu à la condition expresse que Kiev abandonne, corps et âme, la totalité du Donbass. En contrepartie, Moscou se résignerait à geler les lignes actuelles sur les fronts méridionaux de Kherson et de Zaporijjia, deux régions dont le Kremlin revendique sans ambages la souveraineté.

Une telle perspective, si elle se concrétisait, frapperait de plein fouet le moral des forces ukrainiennes qui, depuis les premiers assauts de 2014, tiennent leurs positions au prix d’un sang versé sans relâche. La cession du Donbass véritable cœur industriel et symbolique de l’Ukraine orientale constituerait non seulement une amputation territoriale majeure, mais aussi une blessure identitaire profonde.

Si Louhansk est déjà presque entièrement passée sous contrôle russe, il demeure que Kiev conserve encore près d’un tiers de la région de Donetsk, la plus densément peuplée et la plus stratégique des deux.

Derrière les calculs géopolitiques et les formules diplomatiques, ce sont des millions de destins humains qui se trouvent suspendus à une poignée de mains. Dans les tranchées comme dans les foyers de l’Est, la résignation commence à s’insinuer, tel un poison discret, chez certains habitants qui redoutent de voir la paix achetée au prix d’un abandon.

Pour eux, ce sommet n’est pas seulement une rencontre entre deux chefs d’État : c’est peut-être le moment où la carte de leur pays sera redessinée sans qu’ils aient eu voix au chapitre.

Dans l’Est ukrainien, en proie à la guerre depuis près de dix ans, le sommet Trump-Poutine suscite une inquiétude palpable