Alors que le chef de l’État, Félix Tshisekedi, s’était engagé à constituer une équipe resserrée, recentrée sur la compétence et élargie au-delà du périmètre de l’Union sacrée de la Nation, la composition dévoilée laisse entrevoir un exercice davantage tactique que véritablement réformateur. Cette recomposition, loin de refléter l’audace d’une ouverture inclusive, apparaît comme un dosage d’intérêts précaires , marqué par un recyclage des figures déjà éprouvées et par l’éviction de profils ayant pourtant démontré leur efficacité.
Des équilibres politiques fragilisés et des partenaires marginalisés
Loin de s’attirer de nouveaux alliés, le chef de l’État semble avoir érodé le socle même de sa coalition. Le poids politique de ses partenaires stratégiques, tels Vital Kamerhe et Bahati Lukwebo, a été sensiblement réduit, alimentant le sentiment d’un recentrage autoritaire.
Plusieurs ministres au bilan reconnu, notamment dans le domaine des affaires sociales, ont été écartés au profit de personnalités dont la principale qualité semble résider dans leur loyauté affichée plutôt que dans leurs compétences avérées. Cette logique a conduit à des nominations suscitant la controverse, comme celle du ministre chargé des Anciens combattants, devenue objet de railleries, ou encore celle de la ministre de la Jeunesse, entachée par la polémique sur ses diplômes.
Un pari risqué face à l’urgence politique et sécuritaire
Ce remaniement, en dépit des annonces solennelles qui l’ont précédé, trahit l’absence d’un projet véritablement structurant et inclusif. Loin de proposer une vision d’ensemble capable de fédérer les forces vives de la Nation, il s’inscrit dans une logique défensive, centrée sur la conservation d’un pouvoir déjà érodé par les crises successives. Plutôt que d’ouvrir la scène gouvernementale à des compétences avérées issues de divers horizons politiques et sociaux, le président Tshisekedi s’est enfermé dans un cercle restreint d’alliés fidèles, au risque de transformer l’action publique en un instrument de gratification clientéliste. Ce choix, dénué de souffle réformateur, révèle un exercice du pouvoir où la prudence tactique prime sur l’audace stratégique, et où la consolidation personnelle supplante l’intérêt général.
Dans un contexte où le pays est confronté à des défis sécuritaires, économiques et institutionnels d’une rare acuité, cette incapacité à formuler un projet mobilisateur sonne comme une occasion manquée. En excluant de fait les forces politiques et civiles susceptibles de contribuer à un redressement national, le chef de l’État renonce à bâtir le consensus dont il aurait pourtant un besoin vital.
Cette fermeture, doublée d’une absence de vision prospective, accentue l’impression d’un leadership en sursis, où chaque initiative vise davantage à repousser l’échéance qu’à transformer la réalité. Ainsi, au lieu d’incarner l’architecte d’une refondation démocratique et inclusive, le président Tshisekedi se cantonne au rôle de gestionnaire d’usure, condamné à subir l’érosion progressive de son autorité et de sa légitimité.
A un peu plus de trois ans des prochaines échéances électorales, il s’expose à voir s’amplifier la pression en faveur d’un dialogue national, déjà porté avec vigueur par l’opposition et les Églises. Si ce processus devait se concrétiser dans les mois à venir, il est à craindre que le chef de l’État, privé d’une majorité d’adhésions, s’y retrouve en position de faiblesse, affaibli par un remaniement qui, loin de consolider son assise, en révèle les fissures.

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