Deux journaux s’affrontent sur la géographie du théâtre : Ouragan évoque le Kenya, Le Potentiel jure que ce sera le Sénégal. Qu’importe : pour les initiés, la destination n’est qu’un décor interchangeable, tant le scénario est connu par cœur.
À la tête de la distribution, Joseph Kabila Kabange, président honoraire et sénateur à vie, endossera à nouveau son rôle fétiche : celui du patriarche placide, arbitre tacite des joutes feutrées. C’est sous son égide que se réuniront, dit-on, une sélection minutieuse de partis politiques, de regroupements et d’acteurs de la société civile, triés sur le volet selon une logique qui relève plus du méticuleux marchandage que de l’alchimie patriotique.
Une répartition au cordeau et au gramme près
La liste ressemble à un inventaire de casting avant la première d’une pièce. Ensemble de Moïse Katumbi : six délégués. Envol de Delly Sesanga : trois. Alliance pour le Changement de Jean-Marc Kabund : trois également. Lamuka : six, fidèle à sa posture de vigie indignée.
Le Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila, star incontestée de la soirée, rafle neuf sièges, dont quatre pour le PPRD, son socle historique. Le Mouvement Lumumbiste Progressiste (MLP) de Franck Diongo enverra trois délégués, auxquels s’ajoutent dix personnalités politiques « indépendantes » comprenez : indépendantes de tout sauf des tractations souterraines.
La société civile, éternel accessoire scénique, héritera de douze sièges, avec, pour chaque groupe, le privilège d’aligner deux communicateurs destinés à occuper les micros entre deux huis clos.
L’opposition non armée mais lourdement équipée en discours
Le vocabulaire aussi se répète, comme un refrain : « opposition non armée », « dialogue inclusif », « conclave », « concertations nationales »… Ces termes, patinés par des décennies de réemploi, servent à annoncer des assises où l’on s’empoigne le jour pour mieux se réconcilier la nuit, autour de compromis aussi opaques que durables. Ce que certains appellent une « messe noire » pourrait tout aussi bien passer pour un théâtre d’ombres : chacun y joue son rôle avec emphase, tout en gardant un œil sur la distribution finale des rôles, c’est-à-dire des postes.
Le peuple, lui, regarde ce spectacle avec une lucidité mêlée de lassitude. Il sait que les dialogues à la congolaise ressemblent aux saisons d’une série interminable : les acteurs changent parfois de costume, mais jamais de texte.
Cette fois encore, les mêmes promesses de rupture, les mêmes envolées sur l’intérêt général, les mêmes embrassades finales précéderont la reprise ordinaire des affaires.
En attendant, rideau : la grande-messe peut commencer.

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