Ce nouvel épisode sanglant illustre de manière saisissante l’effritement accéléré de la coalition militaire placée sous la houlette du président Félix Tshisekedi.
Selon des sources sécuritaires concordantes, plusieurs éléments des FARDC ont été grièvement blessés par balles lors d’attaques coordonnées menées par les miliciens, désormais hostiles à l’autorité centrale. Ces derniers reprochent au pouvoir en place, et plus particulièrement au chef de l’État, une marginalisation persistante doublée d’un favoritisme jugé tribal dans la hiérarchie militaire.
Cette perception d’une ethnicisation du commandement a nourri une défiance croissante, débouchant sur une mutinerie de facto et sur la prise de contrôle de positions stratégiques clés dans et autour d’Uvira par les forces insoumises.
Les Wazalendo dénoncent également le désengagement politique progressif de Kinshasa à leur égard, notamment après l’annonce controversée d’un dialogue politique entre le président Tshisekedi et Corneille Nangaa, ex-président de la CENI aujourd’hui à la tête de l’AFC/M23. Cette initiative, perçue comme une trahison dans les rangs des milices pro-gouvernementales, a exacerbé les tensions et précipité la rupture.
Au-delà des lignes de front, ce soulèvement révèle un malaise structurel plus profond : celui d’un appareil militaire miné par l’absence de cohésion, par la politisation des grades, et par une gestion ethnocentrée des responsabilités opérationnelles.
Le silence des autorités sur les pertes humaines répétées et la banalisation des violences qui s’ensuivent nourrissent un ressentiment populaire croissant, que le pouvoir de Kinshasa peine à contenir ou à canaliser.
Dans une région où les loyautés sont labiles et les allégeances souvent circonstancielles, l’État congolais se trouve ainsi confronté à une crise d’autorité d’autant plus grave qu’elle émane désormais de ses propres soutiens militaires. La dissolution progressive de la chaîne de commandement, couplée à la résurgence d’une logique de milicianisation, fait planer la menace d’un effondrement sécuritaire aux conséquences incalculables.
Ce moment critique exige une introspection stratégique à la fois courageuse et lucide. La République démocratique du Congo ne saurait prétendre rétablir durablement son autorité sans engager une réforme profonde de ses institutions militaires, sans désamorcer les fractures identitaires, et sans restituer au commandement l’éthique de la République. Faute de quoi, les forces censées protéger la nation pourraient devenir les catalyseurs de sa désintégration.

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