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Génocide contre les Tutsi ; Servitude et Renaissance : une autobiographie de la jeune Kurawige dans From Bondage to Freedom

Redigé par Karirima Aimable
Le 3 février 2021 à 12:52

Kurawige Aline Umutoni, 32 ans, a vécu une vie tumultueuse. En 1994, elle a six ans. Elle assiste impuissante au meurtre de son père par les Interahamwe de sa région. Elle avait déjà perdu sa mère alors qu’elle avait 13 mois. Elle vient de publier un livre-témoignage saisissant From Bondage to Freedom qui la décrit dans un état déconcertant tiraillée entre la famille du père génocidé et celle de sa mère dont les parents proches ont été les bourreaux impitoyables et sauvages de son père au cours de ce déchirant génocide des Tutsi du Rwanda de 1994, à Ngoma-Butare actuellement en province du Sud.

Aline Kurawige, auteure de From Bondage to freedom

Depuis son très jeune âge, elle est hantée par les images de son père lynché par ses beaux frères, Un père qui, en cette sauvage période du génocide, est tailladé puis découpé en morceaux. Elle, Aline, rescapée, s’est lancée constamment dans une recherche permanente de son but, fuyant heureusement la famille de sa mère mais n’étant pas en sécurité parce qu’elle était confrontée à des événements traumatisants dont les abus sexuels qu’elle subissait ou dont elle a été témoin.

Sa rage de raconter son histoire la conduit à écrire et publier From Bondage to Freedom (De la Servitude à la Liberté) où il nous décrit le lourd et difficile chemin de croix qu’est le génocide. C’est le moment de dire que ce projet d’écriture qu’elle fait l’accompagne dans sa quête de la guérison de ces traumatismes causés par le vécu du génocide des Tutsi du Rwanda de 1994 qui ne la quittent pas.

Dans un entretien avec IGIHE, Aline a déclaré que son livre a été écrit pour témoigner des événements du génocide contre les Tutsis lorsque son père avait été tué par les Interahamwe.

« C’est un livre que j’ai écrit pour que ceux qui nient le génocide contre les Tutsi", a-t-elle confié. Son présent et poignant témoignage encourage davantage d’autres survivants à raconter par écrit les macabres événements qu’ils ont vécus.

" Après avoir assisté au film "La Traversée du Génocide », j’ai eu l’impression de retourner à mon lieu de calvaire pour offrir mon pardon et y faire un documentaire", a-t-elle dit entendant par là que son projet d’écriture donnera lieu à la conception d’un film y relatif. En effet, elle confie qu’elle est en train de signer un accord dans ce sens avec une société de production cinématographique aux États-Unis d’Amérique.

Le film de l’horreur
Umutoni raconte qu’à l’âge de cinq ans, lorsque les Interahamwe ont tué son père, le Dr Kurawige Jean Baptiste, il l’avait d’abord cachée sous un lit.
La fille, qui était encore une enfant, a regardé autour d’elle et a vu comment son père était découpé en morceaux. Elle a vu son sang couler. Mais dans son esprit, à son âge, elle croyait que son père reviendrait et la tirerait de l’endroit où elle se cachait. Mais cela ne s’est pas produit.

Umutoni dit qu’elle a plus tard retrouvé sa grand-mère maternelle qui a pu fuir en Ouganda dans un camp de réfugiés et partir pour le Burkina Faso le 3 novembre 1994.

Les années insouciantes du nourrisson Aline dans les bras de son père Dr Jean Baptiste Kurawige en 1988

Elle a ensuite déménagé en Afrique du Sud en 2011. De là, elle est retournée au Rwanda pour la première fois en 2012. Ce long itinéraire ne lui a pas été facile. Elle raconte des milliers de problèmes qu’elle a connus après le massacre de son père par les Interahamwe en 1994 jusqu’en l’an 2011.

Umutoni dit qu’elle a perdu connaissance quand elle a appris que les personnes qui ont massacré son père étaient membres de la famille de sa mère. Elle a été élevée par sa grand-mère maternelle qui est décédée plus tard en 1999. Après son décès, elle a dû apprendre à vivre dans un environnement qui n’était pas accueillant et était entourée de gens qui lui avaient menti et ne lui avaient jamais parlé de son père. À l’âge de 16 ans, Umutoni a été abusée sexuellement par son oncle pendant trois ans.

« Ma tante et son mari avaient perdu un enfant en 2004, alors ma tante voulait que j’aie un bébé avec son mari. Son mari me maltraitait sexuellement au moins cinq fois par semaine. L’homme était très influent dans le pays et connaissait de nombreuses personnes puissantes dont le président du Burkina à l’époque. Il me rappelait toujours que personne ne croirait mon histoire à cause de son influence.

Umutoni confie qu’à son arrivée au Burkina Faso en 1994, elle a vécu pendant trois ans avec un homme nommé Athanase qu’elle aimait et qu’elle considérait comme une figure paternelle. Cependant, elle a été consternée d’apprendre qu’Athanase était l’un des trois hommes qui ont assassiné son père pendant le génocide des Tutsi en 1994.

Le regretté Père Kurawige découpé en petits morceaux sous les yeux de sa fillette Aline de 6 ans

« J’ai vécu avec Athanase et je lui ai voué le respect dû à un oncle et une figure paternelle. Il m’accompagnait moi et mes cousins ​​à l’école, nous corrigeait en cas de besoin. Pour moi, c’était le père dont j’avais besoin en cette saison. Cependant, après trois ans de vie commune, un matin, il a annoncé son prochain voyage en Afrique du Sud. Cela a été dévastateur pour moi car je me suis sentie abandonnée parce que j’avais grandi pour le voir comme un modèle d’autorité dans ma vie. Le lendemain de son départ, Interpol (police internationale) est venu le chercher. Ils ont dit à ma famille qu’Athanase était l’une des personnes qui avaient assassiné mon père", témoigne Umutoni.

Après le décès de sa grand-mère, Umutoni a commencé à chercher un moyen de s’échapper, mais c’était difficile pour elle car elle en avait été empêchée.
« Lorsque ma grand-mère est décédée, j’ai eu l’impression qu’une partie de moi était morte avec elle. J’ai commencé à chercher un moyen de m’évader parce que je ne faisais pas confiance à ma famille et je me suis sentie trahie après avoir découvert le vrai Athanase criminel et génocidaire. J’ai décidé d’étudier et d’être la meilleure à l’école pour pouvoir obtenir une bourse et quitter ce foyer de l’oppression. Après avoir été abusée sexuellement pendant trois ans, j’ai essayé de quitter la maison mais j’ai rencontré de nombreuses difficultés. Cela ne m’a pas empêché de croire qu’un jour je serais libre. Enfin, le jour est arrivé où, en 2011, j’ai finalement quitté le Burkina Faso pour me rendre en Afrique du Sud où j’ai commencé mon parcours de guérison", raconte Umutoni dans son livre poignant.

La suite fut un passage de sa vie couronné de succès. Aline Umutoni Kurawige a étudié la géologie à l’Université de Pretoria. En 2016, elle a effectué un stage au Département des mines géologiques du Rwanda (GMD) pendant 6 mois avant de déménager aux États-Unis d’Amérique plus tard dans l’année. Ce n’était pas sa première visite au Rwanda après le génocide puisqu’elle y est retournée pour la première fois en 2012. Lors de sa première visite, elle est allée en prison pour rendre visite à l’homme qui a envoyé les tueurs assassiner son père.
Aline Umutoni vit actuellement à Dallas au Texas. Elle est née à Ngoma dans le district de Huye dans la province du Sud en 1988. Elle est l’une des directrices d’une importante société américaine.


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