Dans « Jacaranda », Faye met en scène Milan, un personnage qui, à l’instar de l’auteur, se confronte à l’histoire douloureuse du Rwanda.
Ce pays, décrit autrefois comme un paradis de lait et de miel, se révèle à lui à travers les récits de sa mère et la brutalité des images télévisées de 1994.
L’œuvre s’ouvre sur cette dualité entre la mémoire d’une terre natale idéalisée et la réalité d’un charnier à ciel ouvert, une nation en deuil.
Faye choisit de démarrer son récit par le prisme de l’enfance, période durant laquelle le Rwanda s’impose dans sa vie.
Ce choix narratif n’est pas anodin ; il reflète la pureté et l’innocence brisées par les horreurs du génocide.
Le roman se fait l’écho des silences pesants au sein des familles, où le non-dit règne en maître. « Dans « JAKARANDA, le silence est d’abord celui de celles et ceux qui ont survécu au génocide, » explique Faye, soulignant comment ces non-dits transmettent plus de traumatismes qu’ils n’en cachent.
Au cœur de « Jacaranda », Faye explore les identités fragmentées par l’histoire. Le Rwanda post-génocide est un lieu de cohabitation forcée entre victimes et bourreaux, un aspect du quotidien rwandais que Faye dépeint avec acuité.
Cette proximité forcée soulève des questions douloureuses sur le pardon et la coexistence, thèmes que l’auteur traite avec la profondeur et la sensibilité qui caractérisent son écriture.
Le roman ne se contente pas de raconter le génocide, mais il remonte à la colonisation, période durant laquelle les identités ethniques ont été cristallisées.
Faye revient sur la construction sociale des ethnies Tutsi et Hutu, imposée par les cartes d’identité coloniales.
Par le biais de ses personnages, l’auteur fait dialoguer les générations, connectant des récits familiaux éparpillés à travers le temps et l’espace.
« Jacaranda » n’est pas seulement une œuvre littéraire ; c’est un pont jeté entre les générations, entre les cultures, et entre les histoires personnelles et collectives.
En parlant de son processus d’écriture, Faye avoue que l’acte de mettre des mots sur le papier est pour lui une forme de thérapie personnelle et un acte de transmission. « J’ai écrit pour moi, pour dissiper les silences, mais je me rends compte que ce travail aide aussi les autres. »
À travers ce deuxième roman, Faye invite à une recherche nécessaire sur des sujets difficiles. Il met en défi le lecteur à ne pas se contenter de la surface des récits médiatisés, mais à chercher à comprendre les racines profondes des conflits et des souffrances.
En ce sens, son œuvre est une ode à l’empathie, à la compréhension mutuelle, et un appel à briser les cycles de violence et d’ignorance.
Jacaranda est plus qu’un roman ; « c’est une exploration de la capacité humaine à surmonter l’indicible et à trouver une résilience dans l’expression artistique ».
Gaël Faye, avec sa plume délicate et puissante, offre un testament à la complexité du Rwanda, dépeignant avec poésie et réalisme les défis de sa reconstruction.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
REGLES D'UTILISATIONS DU FORUM
Ne vous eloignez pas du sujet de discussion; Les insultes,difamations,publicité et ségregations de tous genres ne sont pas tolerées Si vous souhaitez suivre le cours des discussions en cours fournissez une addresse email valide.
Votre commentaire apparaitra apre`s moderation par l'équipe d' IGIHE.com En cas de non respect d'une ou plusieurs des regles d'utilisation si dessus, le commentaire sera supprimer. Merci!