Lors d’une rencontre littéraire centrée sur le livre "Les collines se souviennent : Les rescapés de Bisesero racontent leur résistance, deux décennies après le génocide des Tutsi" d’Oscar Gasana, des intervenants tels qu’Éric Nzabihimana, rescapé de Bisesero, et Stéphanie Gasana, fille de l’auteur, ont partagé leurs témoignages.
Ce livre documente comment les Tutsi de la région se sont organisés en un groupe solide et ont résisté à leur extermination par les miliciens Interahamwe, jusqu’à être finalement submergés par les forces génocidaires.
Éric Nzabihimana a raconté comment, lors des premières attaques, les habitants tutsi de Bisesero ont résisté et repoussé les envahisseurs avant que ces derniers ne reviennent avec une force accrue, soutenue par l’État.
Il a raconté "Le 13 mai 1994, après environ deux semaines, très tôt le matin, toutes les collines de Bisesero étaient assiégées par les tueurs. Ils sont venus de partout dans le pays. Il y avait des Interahamwe venus de Cyangugu, des gardes communaux, et des tueurs venus de Gisenyi."
"Pendant ces deux semaines, ils se préparaient. Même le ministère de l’Intérieur de l’époque avait demandé au commandant Anatole de Gisenyi et Kibuye d’organiser des renforts pour relever les soldats d’IFPR présents à Bisesero."
"Ce jour-là, lorsque nous nous sommes réveillés, partout il y avait des tueurs. Tous les bus de l’ONATRACOM avaient transporté les tueurs de partout. Nous nous sommes réveillés pour essayer de résister, mais c’était impossible", a-t-il ajouté.
D’avril à juin 1994, les Basesero se sont farouchement défendus contre l’armée gouvernementale et les miliciens Interahamwe lourdement armés.
Sur une communauté de 60 000 personnes, seules 800 ont survécu à trois mois de boucherie humaine.
Utilisant la théorisation ancrée comme approche de recherche auprès des rescapés, l’auteur analyse la résistance des rescapés de Bisesero sous l’angle de la sociologie de la résistance en tant qu’action collective, par laquelle les individus expriment collectivement leurs besoins fondamentaux et déploient une dynamique appropriée pour les satisfaire.
Bisesero comprend neuf collines qui ont constitué le champ de bataille en 1994, où les Tutsi ont courageusement tenté de se défendre contre les miliciens.
Stéphanie, fille de l’auteur, est revenue sur le titre du livre de son père en expliquant qu’il aurait pu l’intituler autrement, mais qu’avec ce titre "Les collines se souviennent", il voulait rendre hommage à ces habitants qui se sont unis pour combattre jusqu’à leur dernier souffle.
Quand Oscar Gasana est revenu en 1995, seules les collines demeuraient.
Elle a dit "Il avait plusieurs choix, il avait voulu l’appeler "Les collines qui jetaient les pierres" pour symboliser la résistance, mais finalement il a décidé de l’appeler "Les collines se souviennent" pour cette raison-là. "
Le livre montre que même dans des conditions aussi dangereuses que celles de Bisesero, la résistance reste une option incarnant des valeurs pour l’avenir.
L’auteur soutient qu’en affirmant leur dignité face aux tueurs et en construisant un sentiment de fierté et d’autodétermination face à l’adversité, les valeurs incarnées par les Tutsi de Bisesero peuvent encore servir de fondement pour la reconstruction morale et socio-politique d’un peuple.
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